Contre la publicité envahissante

Saint-Paul : un panneau publicitaire découpé, une action coup de poing d'Extinction Rebellion

  • Publié le 19 novembre 2023 à 17:50
  • Actualisé le 19 novembre 2023 à 18:17

Action coup de poing d'Extinction Rebellion Réunion ce dimanche 19 novembre 2023 à Saint-Paul. Un panneau publicitaire grand format a été découpé sur le secteur de l'Eperon afin "d'interpeller les élus de Saint-Paul sur le projet de Règlement Local de Publicité qui est porté par la commune". Nous publions leur communiqué ci-dessous.

Ce dimanche, Extinction Rebellion Réunion a découpé un panneau publicitaire grand format de l'entreprise SAMSAG, sur le secteur de l'Eperon, afin d'interpeller les élus de Saint-Paul sur le projet de Règlement Local de Publicité qui est porté par la commune.

En effet, le dossier qui a été rendu public en septembre prévoit 2 zones urbaines traitées de manière très inégalitaire. À savoir, la zone balnéaire allant de Trou d’eau jusqu’au centre-ville de Saint Paul, qui sera très préservée de la publicité dans la mesure où les dispositifs scellés au sol seront interdits, et une zone englobant tous les bourgs des hauts en passant par St-Gilles-les hauts – La Saline les hauts – L’Éperon – Le Bernica - Fleurimont - Plateau Caillou - Bois Rouge - Bellemène - Crève-cœur - La Plaine Saint-Paul, dans laquelle il est prévu de maintenir une forte présence publicitaire avec des dispositifs scellés au sol autorisés jusqu’à 10,5 m² par terrain

Si nous accueillons très favorablement l’interdiction de publicité scellée au sol sur la zone balnéaire, cette différence de traitement entre ces 2 secteurs donne l’impression que la commune privilégie les habitats des bas, plutôt aisés et très touristiques, au détriment des habitats des hauts qui sont pourtant à proximité d’espaces naturels remarquables (Savane – Forêts des hauts) qu’il faudrait davantage protéger.

Nous demandons donc à tous les élus et au maire la même considération pour les habitants des hauts que pour les habitants des bas.

Nous constatons actuellement une défiguration galopante des secteurs des hauts par une publicité grand format, alors qu’il y a très peu d’activités économiques dans ces zones. Nous avons par exemple recensé 99 panneaux grand format entre le rond-point de l’Eperon et celui de Fleurimont sur une distance de seulement 3,6 km, soit 1 surface publicitaire tous les 36m ! Du côté de la Plaine Saint-Paul, ce ne sont pas moins de 44 publicités géantes qui ont été relevées sur 4,4 km, soit 1 dispositif tous les 77m !

Au total, on estime à environ 200 le nombre de dispositifs publicitaires grand format présents dans les hauts de la commune.

La publicité grand format étant de plus à 80% le fait des multinationales ou des grandes surfaces locales, maintenir une telle présence publicitaire participe à attirer les consommateurs des hauts vers les bas où sont implantés les annonceurs au détriment des petits commerces de proximité.

De plus, nous avons constaté que le projet de RLP prévoit d’autoriser l’éclairage nocturne des dispositifs publicitaires jusqu’à 22h. Or c’est en tout début de nuit (de 19h00 à 22h00) que l’impact de la pollution lumineuse sur la biodiversité est maximal : c’est notamment le cas des Pétrels et Puffins qui sont des milliers à s’échouer chaque année sur l’île du fait de nos éclairages, et ce dans les premières heures suivant le coucher du soleil. Une extinction à 22h est ainsi beaucoup trop tardive pour limiter l’impact sur la biodiversité : pour être efficace cette extinction devrait intervenir dès 19h30. Cela serait d’autant plus pertinent étant donné que l’éclairage nocturne des dispositifs publicitaires constitue également un gaspillage énergétique incompréhensible alors qu’on appelle la population à une plus grande sobriété énergétique.

Enfin, le RLP prévoit d’autoriser la publicité numérique jusqu’à 4m² dans les zones d’activité de Savannah et de Cambaie, un type de dispositif fortement consommateur d’énergie et qui génère une perturbation encore plus importante, dans la mesure où il diffuse des vidéos et autres images animées qui distraient l’attention. Des études récentes aux USA et en Suède ont mis en évidence une sur-accidentalité de 30% à proximité de secteurs équipés de tels dispositifs. Ceux-ci sont d’autant plus à proscrire qu’ils émettent une très forte pollution lumineuse, leur lumière n’étant pas dirigée vers le sol comme pour les lampadaires mais au contraire diffusée en grand partie vers le ciel. Connaissant l’impact de la pollution lumineuse sur la biodiversité à la Réunion, notamment avec l’échouage de milliers de Pétrels et Puffins chaque année, la publicité numérique est ainsi à proscrire. Sans oublier les effets désastreux de toute lumière artificielle sur les insectes (deuxième cause d'extinction des insectes après les pesticides), sur les amphibiens, les chauves-souris. Sachant les efforts qui sont réalisés en parallèle sur l’éclairage public pour réduire la pollution lumineuse, il serait d’autant plus contradictoire de laisser de tels dispositifs se développer.

Nous sollicitons donc l'équipe municipale afin de corriger certains aspects du projet de RLP, en intégrant les 5 propositions ci-dessous qui permettront à la commune de mettre en place un des règlements les plus ambitieux de France :

  • Avoir un traitement identique entre les zones résidentielles des bas et des hauts et donc une zone 2 dans laquelle la publicité scellée au sol est interdite. Si elle devait être autorisée, la limiter à 1 dispositif mural de 2m² par unité foncière.

  • Augmenter la plage d’extinction nocturne des publicités de 19h30 à 7h, pour préserver la nuit noire et la biodiversité de la commune.

  • Interdire la publicité numérique dans les zones d'activité de Savannah et de Cambaie. Elle n'est pas nécessaire, elle constitue une source de pollution lumineuse, visuelle et énergétique. Ce type de dispositif n’étant actuellement pas présent sur le territoire, il serait très dommageable de le laisser s’y développer.

  • Interdiction de tout éclairage nocturne lors des périodes d'envol des Pétrels et Puffins

  • (Avril - début mai pour les pétrels juvéniles, et 1 à 2 semaines autour des nouvelles lunes de Novembre à Mars, pour les puffins et pétrels adultes en période de nourrissage).

  • Interdire toute possibilité d’apposer du mobilier urbain publicitaire aux abords de monuments historiques présents sur le périmètre communal, ce qui serait à la fois une insulte à notre patrimoine historique, et une défiguration supplémentaire de notre ville.

En intégrant ces 5 propositions, la ville de Saint-Paul serait exemplaire et sa sanctuarisation contre la pollution visuelle en ferait un atout majeur au niveau local, national et international pour sa vocation touristique. Vous avez par un geste fort, su repousser l’implantation de deux nouveaux fast-food sur la commune, cette décision face à la publicité confirmerait une politique volontariste allant dans le sens de l’intérêt général face aux profits des grandes firmes, et de la consommation superflue et souvent contraire à la santé publique qui représente la quasi-totalité du marché des afficheurs.

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4 Commentaires
Gaston
Gaston
2 semaines

Bravo pour cette action. Faut que la mairie de Saint-Paul redescende sur terre, et traite à égalité les populations des hauts et des bas. Les hauts ont autant d’importance que les plages et le centre-ville. C’est quoi ces vilaines manières dignes d’élus de droite ? Vous avez déjà oublié comment vous êtes arrivés au pouvoir les élus de Saint-Paul ?

Arthur
Arthur
2 semaines

Il suffit d’envoyer un e-mail sur lareunion@extinctionrebellion.fr

Grondin
Grondin
2 semaines

Merci de sauvegarder les hauts de notre île. Comment faire pour vous aider ?

Payet
Payet
2 semaines

Bravo ! Enlevez tous les panneaux de pub qui nous polluent la vue et l'esprit !
Merci