De nos salles de bain aux usines de valorisation dans l'Hexagone, en passant par les pharmacies de La Réunion, les médicaments non utilisés suivent un parcours discret mais vital pour l’environnement et la santé publique. Entre efforts de sensibilisation et moyens logistiques, la filière réunionnaise du recyclage des médicaments s'organise pour éviter les pollutions, prévenir les risques sanitaires et donner une seconde vie énergétique à ces déchets particuliers. (Photo sly/www.imazpress.com)
"Il faut le rappeler sans cesse : un médicament périmé ne doit jamais finir à la poubelle ou dans l’évier. Cela pollue l’eau, les sols, et représente un risque d’intoxication", martèle Philippe-Alexandre Rebboah, président du Syndicat de l’Importation et du Commerce de La Réunion (SICR).
Chaque année, des tonnes de médicaments non utilisés (MNU) sont rapportées par les particuliers, dans les pharmacies de l’île. Le réflexe est devenu de plus en plus courant, depuis la mise en place, en 2002, du dispositif Cyclamed à La Réunion. Cet éco-organisme, agréé par les pouvoirs publics, pilote le dispositif national de collecte et de valorisation des MNU à usage humain. Il est représenté localement par le SICR depuis 2019.
Lire aussi - Cyclamed, le dispositif qui recycle 90 tonnes de médicaments par an
L'année dernière, 72 tonnes de médicaments ont été collectées par la filière Cyclamed. En 2023, c'étaient 69 tonnes qui étaient collectées. C'est un peu moins qu'en 2022, quand 85 tonnes avaient été récupérées. Des volumes élevés qui contrastent avec une consommation de médicaments en légère baisse depuis vingt ans. "Depuis environ 20 ans, la vente de médicaments baisse de 1 % par an, ce qui est paradoxal puisque la population vieillit", note Philippe-Alexandre Rebboah.
- Une organisation au quotidien pour recycler les médicaments -
Chaque jour, les grossistes répartiteurs sillonnent l’île. Profitant de leurs tournées de livraison, ils récupèrent dans les officines les bacs remplis de médicaments rapportés par les usagers. "Toutes les pharmacies ont l’obligation de reprendre les médicaments non utilisés ou périmés", rappelle le président du SICR.
Les boîtes en carton et notices, elles, doivent être déposées dans le bac jaune : "On ramène même une boîte déjà ouverte, mais les emballages partent au tri. Les gens ont encore ce réflexe de tout jeter ensemble, il faut continuer à les informer", assure Philippe-Alexandre Rebboah.
Une fois collectés, les MNU sont stockés chez les grossistes. C’est là qu’intervient Suez Réunion, prestataire chargé de l’intégralité de la logistique concernant l'export : vérification de l'empotage des médicaments déjà conditionnés, constitution du dossier d’export (déclaration, annexe VII…), réservation du container, chargement et transport maritime et traçabilité complète jusqu’en métropole.
"Un container part environ toutes les deux à trois mois", précise Suez Réunion. Une fois arrivés en Hexagone, les MNU sont incinérés avec valorisation énergétique : la chaleur produite sert notamment à chauffer l’équivalent d’une petite ville de 7.000 habitants.
- Impossible de traiter les médicaments en local -
À La Réunion, l’idée d’un traitement sur place revient régulièrement. Mais elle se heurte à la réalité du terrain. "Le développement d’une filière locale semble difficilement envisageable au regard du volume annuel à traiter", indique Suez Réunion. D'après le président du SICR, les solutions locales sont encore difficiles à envisager : "On a réfléchi à une valorisation via les CSR, mais la technologie ne le permet pas encore ici. L’objectif, à terme, serait de traiter sur place pour créer de la valeur et de l’emploi", confie Philippe-Alexandre Rebboah
- Un enjeu sanitaire et environnemental majeur -
Le récent rapport de la Chambre régionale des comptes, publié le 26 août 2025, rappelle pourtant l’urgence : la résorption des déchets, notamment dangereux, est "une priorité absolue" et doit être mieux planifiée dans la politique environnementale de l’île. Il rappelle aussi que la loi AGEC impose la reprise en pharmacie des médicaments et l’obligation de trier emballages et notices.
Lire aussi - 90% des pharmacies de La Réunion ferment un jour "afin de rester ouvertes toujours"
Au-delà du simple tri, la filière joue un rôle essentiel dans la protection de l’environnement. Dans un territoire insulaire particulièrement vulnérable, éviter que des molécules actives se retrouvent dans les sols ou les nappes phréatiques constitue un impératif de santé publique. "L’objectif, c’est d’éviter d’abîmer l’environnement, d’éviter le gaspillage et d’éviter les accidents domestiques", insiste Claude Marodon, président de l’Ordre des pharmaciens.
- Une filière qui fonctionne, mais qui doit être soutenue -
Du côté des pharmaciens, l’engagement est constant, comme l’explique Claude Marodon : "Nous récupérons les médicaments et orientons les usagers pour le tri. Notre rôle est aussi de prévenir les risques : un médicament jeté à la poubelle ou dans l’eau, c’est un danger pour l’environnement et pour la santé".
Il rappelle également qu’il faut bien différencier les Dasri (déchets d’activités de soins perforants), qui doivent être déposés dans les bacs à couvercle vert et ne sont pas gérés par Cyclamed.
Lire aussi - L'ARS met en garde contre les risques infectieux des objets perforants
Malgré son efficacité, la filière Cyclamed reste fragile. Si les Réunionnais jouent de plus en plus le jeu du tri de médicaments, les professionnels appellent à renforcer la sensibilisation et à anticiper les défis logistiques et environnementaux.
vg / www.imazpress.com / [email protected]



15 jours de traitement - 15 cachets !!!
Visiblement cela ne s’applique pas à toutes les pharmacies de l’Ile, je suis allée dans 2 pharmacies une dans le Nord et l’autre dans l’Est, les 2 m’ont dit ne pas pratiquer le recyclage, que je devais trouver une association pour récupérer les médicaments à faire recycler sans pour autant me donner les associations en question… encore un truc menteur
Si on pouvait recycler les élus voleurs. Aujourd'hui on aura eu le tram train. On n'aurait pas eu d'affaires judiciaires.
On n'aurait pas eu de maire qui reste 40 ans en place.
On aurait pas eu de maire qui veulent place leurs fils
Recyclons nos médicaments