Musique

Eyo’nlé, la fanfare béninoise, de retour à La Réunion

  • Publié le 19 mai 2023 à 11:06
  • Actualisé le 19 mai 2023 à 11:09
Eyo’nlé de retour à La Réunion

Ce week-end et la semaine prochaine, nous avons de quoi nous réjouir… en musique. La fanfare béninoise Eyo’nlé emmenée par les frères Ahouandjinou est de retour dans l’île où elle ne s’était plus produite depuis 2014. Entre tradition et modernité, Eyo’nlé ça chante, ça bouge, ça danse… Bref, ça vit ! (Photo vw/www.imazpress.com)

En langue Yoruba (que le Bénin partage avec le Nigéria, leTogo, le Brésil, Cuba…), Eyo’nlé signifie "Réjouissons-nous". Voilà qui pose l’ambiance. Et voilà l’invitation de la fanfare béninoise menée par les frères Ahouandjinou : des réjouissances, une célébration de la vie, un joyeux melting-pot où se mêlent les musiques traditionnelles du Bénin, la samba, la salsa, le jazz, le R&B, le blues ou encore la chanson française…

Mathieu Ahouandjinou (chant et trompette), Jean Ahouandjinou (chant et trombone), "Coco" Brian Elga  (chant et piano), Roch Ahouandjinou (soubassophone), David Akotegnon (trombone et percussion) et Etienne Kpamenou (batterie et chant)… La joyeuse troupe arrivée en début de semaine sur invitation du Kabardock, est très heureuse de retrouver notre petit caillou de l’océan Indien… et même les arbres du parc de l’Oasis du Port ! « Des arbres en ville c’est magnifique ! Chez nous au Bénin, le béton a tout envahi alors qu’il y avait plein de végétation et d’arbres quand nous étions enfants », regrette Mathieu Ahouandjinou.

Ses frères et lui sont d’autant plus heureux d’être ici parce qu’ils ont un point commun avec La Réunion qui n’est autre que la Creuse où ils vivent désormais. Il est bien loin le temps des débuts dans les années 90 où ils ont fait leurs premières armes au sein d'un Big Band amateur à Cotonou. À la suite de son premier album, "Du son et des racines" (2003), la fanfare s'exporte dans les pays voisins (Burkina Faso, Togo, Nigeria) et débarque pour la première fois en France en 2005.

Les huit musiciens rencontrent pour la première fois les Ogres de Barback à Port-Sainte Marie, les débuts d'une longue histoire d'amitié et de plus d’une centaine de concerts en commun. En parallèle, Eyo’nlé c’est aussi plus de 2 000 concerts à travers le monde depuis 2005, avec une bande de musiciens qui ont su allier ingénieusement l'héritage des musiques festives béninoises que l'on retrouve dans les percussions, et la musique jazzy des fanfares de rue, présente dans les arrangements des cuivres. Alors que les percussions rythment les cuivres, les chants, eux, se collent l'actualité : démocratie, sida, chômage des jeunes. Les chants célèbrent également les divertissements traditionnels, les cérémonies du culte vaudou (exit la poupée qu’on crible d’aiguilles surtout !), les funérailles rituelles et les rites initiatiques.

Ils revisitent leurs sonorités dans un joyeux métissage musical chaloupé et festif, rendant au passage hommage à Brassens, Barbara, Nougaro, Renaud, Gainsbourg, Pierre Perret ou encore l’Afrobeat de Féla… Les pieds dans la tradition, la tête dans le modernisme, ça chante, ça bouge, ça danse, bref, ça vit. "Nous avons prouvé aux Béninois qu'on pouvait participer à un spectacle de création avec un groupe étranger à l'esthétique différente... Ce qu'apprécie le public français d’ailleurs. Mais il nous a fallu évoluer. Au début, on se basait sur la tradition mais on s’est rendus compte que les jeunes générations n’accrochaient pas, préférant des musiques de leur époque plus modernes… On a cherché en toute modestie, à leur transmettre autre chose pour contribuer à leur évolution", se réjouit Mathieu Ahouandjinou.

S'ils passent désormais le plus clair de leur temps dans l'Hexagone, les membres d'Eyo’nlé n’en restent pas moins attachés à leur pays. Ils ont lancé en février 2015 le premier Festival des fanfares de Porto-Novo « Festival Musicaravane », qui a réuni des fanfares et groupes traditionnels de la région. Un rôle fédérateur qui tient à cœur à ces ambassadeurs de la fanfare béninoise qui regroupent quelque 6000 musiciens à travers le Bénin.

En 2019, les frangins emmènent les Ogres de Barback, l’association la Naut'Active et leurs copains chez eux au Bénin et place désormais Musicaravane sous le signe de la rencontre.

Leur dernier séjour dans notre île remontant à 2014 à l’occasion du festival Opus Pocus, les amateurs auront tout le loisir de les (re)découvrir dès ce soir. En attendant, les plus heureux ont été sûrement les enfants du centre social Cœur Saignant du Port qui ont eu la primeur de les côtoyer de très près cette semaine…

vw/www.imazpress.com/[email protected]

• Où voir Eyo’nlé ?

Ce vendredi au Kerveguen à 21h, dimanche au Leu Tempo de Saint-Leu au parc du 20 Décembre (gratuit), puis la semaine prochaine entre Salazie et l’Ecole de  musique de Saint-Jo où le groupe organise un rassemblement de fanfares avec grand concert pour terminer leur séjour… en fanfare !

• Une invitation à la fête africaine

La musique béninoise est une tradition familiale, pratiquée et transmise par voie orale, qui rythme les moments importants de la vie (naissance, fête religieuse, enterrement, mariage, fête populaire, sport...) Tout comme la musique brésilienne a évolué avec l'arrivée des esclaves africains, elle a subi une première évolution avec la colonisation et l'arrivée des missionnaires. Les soldats de l'armée moderne et leurs fanfares de cuivres et de tambours ont apporté de nouvelles touches à l'apprentissage ainsi qu'à la pratique musicale.

Déjà très diversifiée, la musique béninoise s'est alors inspirée de la musique militaire mais aussi des chants polyphoniques des églises chrétiennes pour donner vie à un style unique. Eyo'nlé est le fruit de tous ces mélanges et ces traditions perpétuées, leur musique une invitation à la fête africaine. Fidèle à cette tradition de mélange le groupe a commencé Porto-Novo son aventure en se tournant vers le monde et la musique qui l'entoure avec pour objectif de croiser leur musique avec d'autres styles tels que la samba, la salsa, le jazz, R&B, ou le blues et de les marier à al chanson française. De là est né le projet « Une valse à Cotonou ».

guest
0 Commentaires