Danse contemporaine

Festival Souffle : les territoires du Sud s'étendent sur Lalanbik

  • Publié le 26 octobre 2022 à 08:00
  • Actualisé le 26 octobre 2022 à 12:51

Le festival Souffle o.I#3 qui se déroule jusqu’au 10 novembre du côté de Pierrefonds, est avant tout un espace de rencontre et d’expérimentation autour de l’art chorégraphique. Le point avec sa directrice Valérie Lafont, également directrice de Lalanbik, l’unique centre de développement chorégraphique de l’océan Indien (Photos DR).

Avec 17 propositions dont 5 créations, le festival de danse contemporaine Souffle o.I#3 met l’accent sur la création, l’émergence et la diversité, tel un catalyseur de rencontres à la fois pour les professionnels des pays de l’océan Indien (Mozambique, Madagascar, Afrique du Sud, Comores, Kenya), de Maurice, La Réunion, Mayotte et de France métropolitaine, et les populations au cœur de la mixité créole, si singulière à notre île. L’idée est de créer un espace de rencontre et d’expérimentation autour de l’art chorégraphique dans l’océan Indien, axé sur deux volets : le traditionnel avec nombre de spectacles et un second plus spécifique réservé aux artistes sollicités pour organiser des rencontres, des ateliers dans les écoles et des conférences jusqu’au 6 novembre. Un festival orchestré de main de maître par Valérie Lafont, également directrice de Lalanbik, l’unique centre de développement chorégraphique de l’océan Indien.

La danse dans le souffle, c’est l’air que l’on respire et qui nous anime, une inspiration à prendre ou à reprendre, le frémissement du vent, le jet d’expiration puissant de la baleine, le souffle du vivant… À l’image de l’air que l’on respire et qu’on expire, la danse c’est la vie ?

C’est la vie de plusieurs façons : la vie qui anime ce corps qui bouge et qui s’exprime, ce petit quelque chose de presque terre à terre et animal qui nous relie aux autres espèces. C’est aussi repenser notre place sur cette planète, notre rapport à tout ce vivant sur terre, dans l’océan, les nuages, la végétation, le volcan… Plus artistiquement, il y a la notion d’énergie, la danse étant un art qui investit le corps comme le souffle traverse le corps.

Les artistes invités à créer et à rêver le monde à venir, sont-ils selon vous des sentinelles du temps présent ? 

Je n’adhère pas trop à ce mot sentinelle. Les artistes sont des gens extrêmement lucides qui ont une sensibilité très forte et une vision traversée par l’énergie du monde et la mémoire. Effectivement, par le biais de leurs créations, les artistes ouvrent et déplacent les frontières de l’imaginaire. Ce sont des êtres extra-lucides dans le bon sens du terme, car ils s’intéressent à la vie, font preuve d’une générosité à la limite de la philanthropie grâce à cette envie de partager avec les autres et le public. Les artistes aiment le monde et ceux que l’on invite sont tout à fait dans cette dynamique animés de joie et de désir…

Ce souffle vital sonne en écho généreux aux recherches artistiques et sociales des scènes européennes qui voudraient faire le mur de la modernité nécrosée dans le carbone, l’acier et le béton. Voilà qui sonne comme une envie de changer d’air, non ?

Oui totalement ! Mais la question est : comment y parvenir ?… On va transformer cette préoccupation majeure en désir qu’il faut absolument partager, au risque dans le cas contraire d’être envahi par un sentiment d’angoisse. Bouger et travailler sur la respiration permet justement d’évacuer, notamment à l’heure où on parle de plus en plus d’éco-anxiété. Nous sommes dans un rapport au monde préoccupé du vivant, de la finitude des ressources et surtout de notre responsabilité ! Et je dois dire La Réunion est un île riche par rapport à ses voisins et en même temps isolée, or au-delà du vivre-ensemble qui la caractérise, la solidarité qui relie les artistes à la population est source de création et procure une joie immense. Une autre vie est donc possible. 

Maurice, Mayotte, Mozambique, Madagascar, Afrique du Sud, Comores, Kenya, Réunion, France… Le souffle de la diversité des territoires du Sud balayés par les alizés ?

J’estime que la diversité est quelque chose de très singulier. Toutes ces respirations différentes en synergie, sont sources de force et d’énergie. Or, si chacun reste dans son coin, il n’y a pas d’échange. Donc oui, cette diversité devient l’élan et LE souffle à l’image de la puissance des alizés qui s’imposent et se font sentir. On peut donc le voir comme une relation équitable d’échanges et d’intérêts réciproques avec le Nord mais avec un ancrage dans le Sud qui lui, apporte un air neuf. 

Souffle o.I#3, jusqu’au 10 novembre à Lalanbik, Pierrefonds

Lalanbik développe le patrimoine chorégraphique

Centre de ressources pour le développement chorégraphique océan lndien, Lalanbik est d’abord une association loi 1901, qui œuvre auprès des artistes chorégraphiques, lieux de diffusion et populations, à la valorisation du patrimoine chorégraphique vivant à La Réunion et dans la zone océan Indien. Elle a vocation à constituer une plateforme pour renforcer l’art chorégraphique, sa circulation et son partage, tant au niveau national qu’international. Ses interventions, ses propositions et son travail la placent comme pôle de référence pour les institutions du réseau culturel et économique de la France dans le monde.

vw/www.ipreunion.com/redac@ipreunion.com

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