Ce jeudi 30 novembre 2023, plusieurs textes sont discutés à l'Assemblée nationale lors de la niche parlementaire du groupe LFI-Nupes. Parmi ces textes, une proposition de résolution tendant à la création d'une commission d'enquête sur la gestion par l'État des risques naturels majeurs dans les DROM. Une proposition adoptée à la majorité. Une décision qui ravit les députés Jean-Hugues Ratenon et perceval Gaillard (Photo : AFP)
"La proposition a été adoptée à une très large majorité par 160 voix sur 207 exprimés. Un vote qui intervient 22 ans après que le regretté Président et sénateur Paul Verges ait fait voter à l’unanimité à l’assemblée nationale et au sénat la création de l’observatoire national sur les effets du réchauffement climatique", souligne le député.
"Je me félicite que la grande majorité des députés ait compris l’urgence d’agir face aux phénomènes naturels dangereux dans nos différents territoires : cyclone, inondations, volcan, tremblement de terre, tsunami…"
"La question des changements climatiques et celle des risques naturels liés est la question du siècle. C’est la question qui conditionne toutes autres. Tous les territoires seront, à plus ou moins long terme, concernés. Mais c’est dans nos territoires transocéaniques de France, dits d’Outre-mer, que ces changements sont d’ores et déjà visibles et malheureusement irréversibles", ajoute Perceval Gaillard.
"Ces phénomènes se développent sur un terrain déjà bien fragilisé par les risques majeurs : cyclones, secousses sismiques, orages, sécheresses ou inondations, glissements de terrains. Le tout, dans un contexte économique et social difficile et un sous-investissement structurel historique de la part de l’État."
"Depuis des décennies, les élus de nos territoires alertent les gouvernements successifs sur cette situation", ajoute-t-il.
Voici le communiqué du député. "Sans réponse réelle comme souvent. Nous avons donc fait par nous-mêmes et commencé à faire bouger les lignes sur cette thématique. En cela, comme en tant d’autres choses, nous sommes des précurseurs.
Comment ne pas citer ici la création de l’ONERC (observatoire national sur les effets des changements climatiques), par le sénateur communiste réunionnais, Paul VERGES.
L’ONERC a publié de très nombreux rapports, traitant des conséquences de ces changements climatiques, sur la biodiversité, sur la santé, sur l’agriculture, sur l’humain, en fonction la démographie, avec une ouverture sur le monde.
Ces rapports soulignaient également les interconnexions entre tous ces phénomènes. Paul VERGES expliquait que les Outre-mer constituaient des cadres de réflexion de choix car ils nous imposaient, à nous « les ultramarins » d’anticiper le monde de demain, encore plus que dans tout autre territoire.
Aujourd’hui, nous n’avons plus le choix : la hausse du niveau de la mer nous oblige, nous contraint à nous adapter.
Cela aurait été plus simple, dès 2001 d’anticiper, en prenant en compte, par exemple, l’élévation inéluctable du niveau de la mer dans les infrastructures littorales.
Mais il n’y a pas eu d’anticipation, il y a même eu soumission aux intérêts économiques des dominants que maintenant nous subissons.
L’urgence, nous la voyons, nous la vivons aujourd’hui, à Saint-Pierre et Miquelon où la situation est telle qu’au nord de l’archipel menacé par la montée des eaux, le déplacement du village entier de Miquelon est envisagé.
L’urgence, nous la voyons, nous la vivons aujourd’hui dans la commune du Prêcheur en Martinique, si chère à notre camarade Marcelin Nadeau, dans le quartier de la Charmeuse où la mer a grignoté 60m de plage entre 1947 et 2010 ou à Anse-Belleville où le trait de côte a reculé de 130m en 60 ans.
L’urgence nous la voyons, nous la vivons dans ma circonscription à Saint-Louis dans le quartier de l’Étang au Gol où les habitant se sont organisés en collectif, le Kolektif Sovgard Zarlor Kartyé Létan, pour sauver leurs maisons de la montée des eaux, sauver les gens des épisodes de houle cyclonique, sauver le patrimoine du quartier, sauver leur histoire, leur vie. Je salue ici le combat citoyen mené par ces habitants qui refusent de devenir les premiers réfugiés climatiques de La Réunion.
Tôt ou tard les nappes phréatiques à La Réunion seront salinisées, la mer inondant ces nappes. Que ferons-nous alors ? Il est de bon ton, en haut lieu, de se vanter de l’incroyable richesse que constitue la biodiversité ultramarine qui représente 80% de la biodiversité française.
Mais cela reste un affichage. La prise de conscience dans les sphères de décisions, tant à Paris qu’à Bruxelles, ne se fait pas.
Nous, les peuples d’Outre-mer, nous sommes des pionniers, nous sommes les sentinelles du climat et des changements climatiques.
Nous avons besoin de la solidarité nationale comme la Nation a besoin de notre expertise et expérience. Ce que nous vivons, vous le vivrez ou le vivez déjà.
"Chaque génération doit, dans une relative opacité, affronter sa mission : la remplir ou la trahir " nous disait Frantz Fanon. Notre mission nous la voyons clairement et nous l’accomplirons car nous n’avons pas le choix. Il nous reste moins d’un siècle pour nous adapter."
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