Dans une interview publiée le mardi 20 septembre 2022 dans le quotidien national 20 Minutes, le ministre de la Santé, François Braun a annoncé la prise en charge de la « contraception d’urgence », dite pilule du lendemain pour les femmes « à tout âge », sans ordonnance. Cette mesure s’inscrit dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2023. L’annonce a été plutôt bien accueillie par le public. Les professionnels de santé estiment que la mesure et positive mais qu’il faut l'accompagner par de la prévention et du conseil. (Photo : rb/www.imazpress.com)
Jusqu’à présent, seules les mineures, donc les jeunes femmes âgées de moins de 18 ans, pouvaient bénéficier de la prise en charge sans ordonnance, cette contraception d’urgence, dite pilule du lendemain. Elle se présentait en pharmacie et les professionnels envoyaient la facture à la sécurité sociale après avoir donné la pilule à la jeune fille. Pour celles âgées de 18 à 26 ans, la pilule était également prise en charge mais sur ordonnance. Les autres femmes devaient payer pour pouvoir en bénéficier.
Le ministre de la Santé, François Braun, a précisé que la mesure a été prise pour aider les femmes à « lutter contre les difficultés d’accès à la contraception d’urgence, car on sait que son efficacité est maxime dans les 24 heures qui suivent le rapport à risque de grossesse ». L’objectif est de renforcer « de la protection des femmes ».
L’annonce a été plutôt bien accueillie par les principales concernées. Elles s’accordent à dire que c’est une bonne nouvelle pour éviter une grossesse non désirée. Mais aussi une nouvelle positive pour le porte-monnaie car cette pilule peut valoir entre six et une vingtaine d'euros.
« Tout le monde n’a pas l’opportunité ou les moyens de s’en procurer. Donc c’est une bonne chose », affirme une jeune femme dans la rue piétonne de Saint-Denis. Pour son amie, « c’est une preuve d’évolution, et de ne pas se retrouver en difficulté avec un problème de ressources. Ca permet à la femme d’être libre ; c’est libérateur pour elle ». Les hommes eux sont du même avis. « Ils auraient dû faire ça depuis le début ; il y a des femmes qui ne peuvent pas en acheter. C’est important pour la santé », lance l’un deux. « Ça nous permet aussi en retour d’avoir moins de problèmes avec la famille si elle n'est pas d’accord avec le fait qu’elle tombe enceinte », ajoute un autre jeune homme interrogé. Pour un autre étudiant conscient de la problématique d’accessibilité que rencontraient les femmes jusqu’à présent, c’est un grand pas pour la société. « Là ça va devenir gratuit, c’est cool pour l’égalité, je suis d’accord avec le ministre de la Santé », dit-il.
- Des prises occasionnelles recommandées –
Pour rappel, comme le précise le site de l’Assurance Maladie, il existe deux types de pilules du lendemain, ou contraception hormonale d’urgence vendues en pharmacie. A savoir celle contenant la molécule de levonorgestrel – à prendre au plus tard dans les trois jours après un rapport - et celle avec de l’ulipristal – à prendre au plus tard dans les cinq jours qui suit un rapport sexuel. « La contraception hormonale d’urgence doit être prise le plus tôt possible après le rapport sexuel sans contraception ou mal protégé » et « toute femme, quel que soit son âge, peut utiliser la contraception d’urgence hormonale ou « pilule du lendemain » en cas de rapport sexuel à risque de grossesse », précise sur sa page l’Assurance Maladie. Au-delà du délai préconisé, l’efficacité de la pilule diminue.
Pour Claude Marodon, pharmacien et président de l’ordre des pharmaciens de La Réunion, cette mesure est une bonne chose mais" cette forme de contraception d’urgence ne doit pas remplacer les autres moyens de contraception" sur la durée, comme la pilule contraceptive, le préservatif ou encore le stérilet par exemple. « C’est l’occasion aussi de faire passer plusieurs messages déjà au niveau de la prévention autour des maladies sexuellement transmissibles et lorsque l’on délivre cette pilule à la pharmacie, cela doit être aussi un moment d’échange avec la personne », explique le pharmacien.
"Cela pourra faciliter l’accueil et le conseil dans les officines, ajoute Claude Marodon. « Il faut continuer de sensibiliser et responsabiliser à la contraception pour que la personne puisse maîtriser sa sexualité », averti tout de même le professionnel. « Ce n’est pas un problème si la personne en prend plusieurs fois ; il y a peu d’effets secondaires. Il faut voir la pilule du lendemain comme « une roue de secours » », rappelle le pharmacien. Les effets secondaires, indésirables que peuvent provoquer la pilule du lendemain sont les suivants : nausées, maux de tête, maux de ventre, petits saignements. Les règles peuvent être avancées ou retardées. « La contraception d’urgence hormonale n’augmente pas pour l’avenir, le risque d’infertilité, de fausse-couche spontanée ou de grossesse extra-utérine », indique l’Assurance Maladie.
Christine Kowalczyk, membre de l'ordre des médecins, est tout à fait pour la mesure mais il faut pouvoir "l’encadrer au mieux" et renforcer la prévention. « Si la femme en prend une tous les quatre jours, cela peut avoir des conséquences. Ce sont tout de même des perturbateurs endocriniens ces pilules ; cela peut entraîner des dérives sur le métabolisme féminin, sur le dérèglement hormonale ou encore créer de l’obésité par exemple », alerte le médecin, qui estime que la pratique peut glisser vers de l’automédication si cette mesure n’est pas encadrée. « Si c’est une prise occasionnelle ça va c’est bon ; mais si ça prend la forme d’un moyen contraceptif classique, il faut proposer aux femmes des dépistages et d’autre moyen de se protéger. Il faut de la consultation ou encore des actions de préventions ».
Au-delà de la gratuité de la pilule pour toutes les femmes, Christine Kowalczyk estime que cette mesure soulève la problématique sur la sexualité des jeunes. « Il faut se poser la question maintenant : qu’est ce qu’il y a derrière cette contraception d’urgence, qu’est ce qu’il s’est passé pour qu’elles en prennent ? ».
« On parle toujours des IST (infections sexuellement transmissible) et des MST, mais il faut aussi les responsabiliser et les sensibiliser sur la sexualité plaisir, la sexualité responsabilité. Maintenant, les jeunes se forment sur les sites pornographiques, ou d’autres qui envoient des « Nudes » ; c’est une vraie catastrophe. Il n’y a plus de discussion sur le consentement lors des cours sur la sexualité aussi. Ce sont ces jeunes qui vont se diriger vers la pilule du lendemain », regrette-t-elle.
Elle recommande par ailleurs que la prise de la pilule d’urgence doit se faire une fois par mois mais pas tous les mois. Si la femme en prend de manière rapprochée, tout le temps, « cela peut aussi mener à terme une ovulation ou encore avoir des phénomènes « yoyo hormonale ». Tous les organismes ne sont pas pareils aussi », conclut-elle.
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Je n'ai jamais envisagé tout ce qui est contraception car je souffre du problème d'infertilité et je n'ai jamais pu concevoir. Ma fille est finalement née grâce à la mère porteuse de la clniique Feskov. Quand je l'ai vue, j'ai réalisé que c'était le plus cadeau que la vie m'avait donné.