Selon nos informations, tout aurait commencé à l’intérieur même du Tao Club, à Saint-Gilles-les-Bains. Une première altercation oppose Rayan F. à l’un des fils du principal mis en cause, Fabrice P., 48 ans. Les raisons de ce différend initial restent à éclaircir mais seraient, à ce stade de l’enquête, qualifiées de futiles. Les deux jeunes hommes sont séparés, la tension retombe temporairement, et la soirée semble reprendre son cours.
Mais le calme est de courte durée. À la sortie de l’établissement, sur le parking, les protagonistes se retrouvent à proximité de leurs véhicules respectifs. La situation s’envenime de nouveau. Rayan F. se retrouve alors face à Fabrice P., venu défendre son fils. Le quadragénaire est accompagné de ses trois enfants — Noah A., 23 ans, Kevin A., 27 ans, né d’un premier lit, et Raphaël, 18 ans — ainsi que d’un ami de la fratrie, Jonathan C., 40 ans.
Devant témoins, des coups sont échangés. Une scène de violence collective dans un contexte où l’alcool était probablement présent, selon les premiers éléments de l’enquête. Tous remontent ensuite en voiture. L’une des voitures aurait poursuivi l’autre, dans le périmètre des établissements de nuit de Saint-Gilles. La course se termine à proximité, dans des circonstances encore à déterminer.
- Des zones d'ombre à éclaircir -
C’est là, selon les éléments actuellement connus, que de nouveaux coups sont portés. Cette fois-ci, ils sont mortels. Reste à identifier précisément l’auteur du ou des coups ayant entraîné la mort de Rayan F., qui fêtait ce soir-là son 18e anniversaire.
Un autre point interroge les enquêteurs : le corps sans vie du jeune homme n’a pas été retrouvé sur la chaussée, alors même que les violences mortelles auraient été commises à proximité immédiate des véhicules. Il a été découvert plus loin, dans un chemin. Les raisons de ce déplacement, et les responsabilités éventuelles qui en découlent, font partie des axes majeurs de l’instruction.
Dans les heures et les jours qui ont suivi le drame, plusieurs suspects, âgés de 18 à 48 ans, sont placés en garde à vue dans les locaux de la section de recherches, certains se sont présentés d’eux-mêmes aux forces de l’ordre, tandis que les enquêteurs exploitaient les images de vidéosurveillance afin de reconstituer le déroulé exact des faits.
- Rayan F. inhumé en début de semaine -
Ce mardi 23 décembre, Fabrice P. et ses trois fils, ainsi que Jonathan C., ont été déférés devant le parquet de Saint-Denis. Le procureur de la République a décidé d’ouvrir une information judiciaire, confiée à un juge d’instruction.
Les cinq hommes ont été mis en examen pour meurtre. Jonathan C. a en outre été mis en examen pour violences volontaires en réunion sur trois personnes accompagnant la victime. Conformément aux réquisitions du parquet et à la décision du juge d’instruction, il a été placé en détention provisoire. Kevin A. est également poursuivi pour des violences volontaires en réunion sur quatre individus, avec des incapacités temporaires de travail pouvant aller jusqu’à 21 jours. Il a également écopé d'un mandat de dépot criminel tout comme son père Fabrice P.
Parallèlement, le parquet pourrait ouvrir une information judiciaire contre X pour non-assistance à personne en danger, afin d’explorer les comportements adoptés après les violences et les circonstances exactes dans lesquelles Rayan F. a été laissé sans secours.
Dans l’Ouest de l’île, l’émotion demeure vive. Rayan F. a été inhumé en début de semaine, entouré des siens. Depuis le drame, les hommages se multiplient sur les réseaux sociaux. Pour la justice, les prochains mois seront déterminants afin d’établir précisément la chaîne des responsabilités dans une affaire où une succession de tensions, parties d’un différend qualifié pour l'heure d'anodin, a basculé dans l’irréparable.
Tous les débats devant la juge des libertés et de la détention se sont déroulés à huis clos, le parquet ayant soulevé "préserver le secret de l'enquête et préserver la sécurité des mis en examen".
Pour l'heure aucune communication officielle concernant cette tragédie n'a été faite par la procurreure de la République de Saint-Denis.
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