En mars 2023, je m’étais élevé contre les propos du Président de la Ladom qui avait déclaré : "demain nous allons travailler sur la mobilité à 2 sens c’est-à-dire permettre à des français de s’installer en outre-mer et des ultramarins de retourner dans leur territoire pour que leurs compétences soient mises en service". (Photo photo Sly/www.imazpress.com)
J’avais alerté que vouloir financer l’installation de métropolitains chez nous est un non sens (voir communiqué de presse du 15 mars). Comme il n’y a pas eu de rejet unanime de cette idée, le gouvernement s’engouffre dans la proposition.
Un proverbe créole dit : "pèse su la queue pou voir si la tête i bouge".
En effet, dans le PLF 2024 mission Outre-Mer, à son article 55, le gouvernement confirme et prévoit l’extension du champ de continuité territoriale en outre-mer.Ainsi un alinéa à l’article L1803-6-1 stipule:
"L’aide (continuité territoriale) est attribuée à leur demande aux personnes résidant en France métropolitaine justifiant d’un projet d’installation professionnelle durable dans l’une des collectivités mentionnées à l’article L.1803-2"
Je le redis avec fermeté : cela est inacceptable.
Ce dispositif doit rester une aide pour les originaires des outre-mer soit pour un retour au pays soit pour suivre une formation, se faire soigner dans l’hexagone ou revoir la famille dans les 2 sens.Il ne peut être question que des hexagonaux profitent de cette aide pour venir sur nos territoires concurrencer encore plus les demandeurs d’emploi et les formations dans nos territoires qui sont confrontés à un chômage de masse. Et non seulement le gouvernement veut payer le billet d’avion mais veut aussi verser une allocation d’installation !!!
De qui se moque-t-on ?
Je m’oppose catégoriquement à cette proposition et j’agirai en conséquence. Lors de l’examen de la Mission Outre-Mer en commission des finances, j’ai soutenu ( pas le seul) l’amendement de notre collègue député polynésien Tematai Le Gayic et qui a été adopté grâce notamment aux voix de la France Insoumise.Mais nous savons tous qu’un énième 49.3 sur la deuxième partie de la loi de finances risque fortement de remettre en cause nos amendements.
J’appelle le gouvernement à revoir cette disposition et au contraire à développer une politique de préférence locale sur l’ensemble des territoires ultramarins.
J’invite l’ensemble des forces vives à se mobiliser en interpellant le ministère des Outre-Mer.
A compétence suffisante et compte tenu du taux de chômage, les emplois à La Réunion et dans les autres territoires doivent être occupés prioritairement par les locaux.
Jean Hugues Ratenon
Député de La Réunion