Taxe sur les alcools forts : la Région condamne les "propos inacceptables" du Dr Mété dans un communiqué

  • Publié le 21 décembre 2025 à 17:36
  • Actualisé le 21 décembre 2025 à 17:47
Huguette Bello, présidente du conseil régional

Suite au communiqué de David Mété intitulé "Une Présidente de Région en service commandé des Barons du rhum", publié sur le site de Zinfos974 ce vendredi 19 décembre 2025, la Région tient à faire part de son indignation face à son intitulé et à sa tonalité. Nous publions le communiqué de la Région : (Photo photo Sly/www.imazpress.com)

En effet, s’il n’appartient pas à la Région de remettre en question l’engagement d’un praticien sur ces questions sensibles et importantes, elle ne saurait, néanmoins accepter le ton excessivement polémique et les insinuations que laissent entendre le titre et les termes du communiqué.

À une époque où les théories du complot font florès, que sous-entend David Mété ? Qu’il existerait des "Barons du rhum" comme il existe des "barons de la drogue" ?

Dans l’espace public, chaque mot compte, chaque élément de cette formule à son importance. Cette expression renvoie à un imaginaire puissant dans l’opinion publique associé à celui des barons de la drogue mexicains ou colombiens tirant les ficelles d’un pouvoir corrompu et d’une économie en voie de cartellisation, digne d’une série Netflix à succès. Est-ce bien ce à quoi David Meté fait allusion dans le cas réunionnais ? Il est clair que quand le débat se déplace des questions de santé et d’économie vers le terrain de la polémique, les choses prennent alors une autre dimension. Quand un professionnel de santé se fait si ouvertement polémiste, on est amené à s’interroger sur ses véritables intentions.

Aucune cause, aussi louable soit elle, ne peut justifier que l’on bascule dans l’injure publique et des propos haineux.

La Région met en garde contre des propos outranciers qui dépassent manifestement le cadre de la controverse, pour basculer dans la haine et semer le trouble au sein de la population réunionnaise en laissant planer l’idée d’un pouvoir inféodé à des intérêts organisés. Ces allusions sont à tel point choquantes que la direction du CHU a préféré se désolidariser immédiatement de ces propos douteux, renvoyant son auteur à ses propres responsabilités.

Car, pour en revenir au débat de fond, en plus de s’attaquer ad hominem à la Présidente de la Région, ces propos jettent le discrédit sur une filière qui emploie des familles réunionnaises aujourd’hui menacées par un amendement qui, de facto, fera la part belle à l’importation et aux rhumiers antillais, qui par l’intermédiaire du sénateur Victorin Lurel, ont préféré immédiatement s’opposer au texte porté par le sénateur Fouassin. A La Réunion, la Région a choisi, de façon transparente et responsable, de porter les termes du débat devant les Réunionnaises et les Réunionnais.

La Région ne nie pas, et ne relativise en aucune façon, les problématiques graves induites par l’alcoolisme qui provoque des conséquences dramatiques au sein des foyers réunionnais. C’est un fait et cette situation nous interpelle tous. La fiscalité sur les alcools, dont la Région est partie prenante, est un moyen important, parmi d’autres, dans la lutte contre l’alcoolisme. L’application différenciée de cette fiscalité entre les alcools importés et la production locale ou entre les alcools forts et les autres alcools, peut nourrir des débats légitimes.

Par exemple, chacun sait que la consommation de whisky écossais vendus par les Mauriciens mais aussi de bières et de vins importés, dépasse de manière significative la consommation de rhums locaux. C’est aussi cela qui pose question en matière de santé publique. Si la filière locale doit effectivement prendre sa part de responsabilité dans ce combat, celle-ci ne saurait être tenue pour seule responsable de ce fléau qui nous préoccupe toutes et tous.

Le sénateur Fouassin a-t-il pris la mesure des conséquences de son amendement ? A-t-il réalisé qu’en taxant le rhum réunionnais à ce niveau, il donne un avantage décisif aux rhumiers antillais sur les marchés à l’export ? Qu’il ralentira, de ce fait, la compétitivité de notre industrie locale ? Et en matière de santé publique, le risque d’un report de la consommation sur les alcools importés ne doit pas être sous-estimé.

Sous couvert de santé publique, l’objectif inavoué de cet amendement est en réalité d’aider budgétairement le Département. Il faut savoir que le produit attendu de cette taxe affectée au Département est de l’ordre de 30 millions d’euros.

De manière paradoxale, à travers cette disposition fiscale, le Département, bien que compétent en matière agricole, joue la carte de l’affaiblissement de la filière canne de la Réunion.

Pour revenir aux propos polémiques de David Mété, ceux-ci sont, d’autant plus incompréhensibles que, d’une part, ils interviennent dans un contexte de campagne sucrière très difficile et que d’autre part, la Présidente de Région et l’actuelle majorité régionale sont pleinement engagés sur les questions de santé. En effet, qu’il s’agisse de la modernisation des hôpitaux réunionnais, du financement des programmes de recherche des professionnels de santé, de l’augmentation du nombre de Professeurs des Universités-Praticiens Hospitaliers (PU-PH) ou de la mise en place d’un cycle complet de médecine générale, la Région, allant au-delà de ses compétences, est de tous les combats en matière de santé publique et n’a pas hésité un seul instant à mobiliser un niveau de crédits européens et régionaux substantiel sur ces questions cruciales pour les Réunionnaises et les Réunionnais, depuis le début de la mandature.

Mais c’est aussi le rôle de la collectivité régionale de défendre l’économie réunionnaise et la production locale, tout en prenant en compte les préoccupations de santé publique.

Tout procès d’intention et tout propos excessif ne servent pas efficacement la cause que l’on prétend défendre légitimement.

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