Les accompagnants d'élèves en situation de handicap (AESH) sont en grève ce mardi 13 juin 2023. À l'appel de l'intersyndicale, près de 300 personnes se sont rassemblées devant le rectorat pour dénoncer le lancement d'une concertation visant à modifier le statut des AESH, et ce sans consulter les personnels concernés. Les personnels dénoncent par ailleurs des conditions de travail dégradées, des rémunérations trop faibles et des recrutements insuffisants. (Photo photo Sly/www.imazpress.com)
"Le gouvernement a pour projet de fusionner les statuts d'AESH et d'assistant d'éducation (AED), mais les personnels ne sont pas conviés aux concertations" s'agace Jonathan Selambarom, secrétaire général adjoint du Syndicat général de l'Éducation nationale-CFDT. "La méthode est la même que pour la réforme des retraites : on décide d'un cap et on s'y tient, sans demander l'avis des premiers concernés" ajoute-t-il.
L'intersyndicale dénonce un manque de visibilité et d'informations sur les modalités de cette fusion, qui créerait le statut d’accompagnant à la réussite éducative (ARE).
"Est-ce que cela signifie qu'il faudra faire le travail d'accompagnant et d'assistant d'éducation à la fois ?" s'interroge Jill, AESH dans un établissement de Saint-André.
"Depuis le début de notre mandat, nous dénonçons le manque de considération du gouvernement pour le métier et la situation des AESH" relève le député Fréderic Maillot, venu apporter son soutien aux manifestants.
"L'Etat veut maintenant fusionner les AESH et les AED (asssitants d'éducation - ndlr). Donc la pou di anou, lo moun i fé béton i fé osi la plomberi !" s'insurge le député. "Ce sont deux métiers différents ajoute-t-il. Regardez
"C'est une chose pour nous de prendre des responsabilités de la vie scolaire, mais comment un AED en poste en tant que surveillant va pouvoir s'occuper d'un enfant handicapé ?"
"Ce qui pose problème ce n'est pas la réforme du métier, mais le fait qu'on ne connait pas le niveau de rémunération, ni les missions qui seront confiées aux ARE. Il y a un flou général sur ce que prévoit le gouvernement, et on a finalement l'impression que c'est surtout une réforme budgétaire, qui va rendre l'agent polyvalent afin de faire des économies, ce qui va forcément créer une surcharge de travail" estime Jonathan Selambarom.
Lire aussi : Pas ou mal scolarisés, trop d'élèves porteurs de handicaps oubliés de l’école inclusive
- De nombreuses revendications -
Au-delà de cette refonte du métier, les AESH dénoncent depuis plusieurs années maintenant la précarité et les conditions de travail dégradées du métier.
"Suite aux fortes mobilisations de ces dernières années et aux difficultés de recrutement, le ministère a consenti à la CDIsation au 1er septembre des AESH qui cumulent trois ans d’ancienneté. Néanmoins cette mesure reste très insuffisante au regard des conditions salariales, d’emploi et de travail des AESH" rappelle l'intersyndicale.
"La grille salariale des AESH est devenue totalement obsolète en moins d’un an, et ce n’est pas faute d’avoir alerté sur ce risque. Les trois premiers échelons (9 ans de services) correspondent à une rémunération au SMIC. Nous avons alerté le Ministre Pap Ndiaye sur la situation de grande pauvreté dans laquelle sont plongé·es des milliers d’AESH dans le contexte d’une forte inflation. Ce tassement de la grille supprime l’évolution et la reconnaissance de l’expérience professionnelle pour les AESH" ajoute-t-elle.
"Cette concertation, c'est leur façon de répondre à nos demandes sauf qu'ils veulent fusionner deux métiers qui n'ont rien à voir" dénonce Jill.
"Ces salariés sont les plus mal payés de l'Education nationale" dénonce Jean-Paul Paquiry, secrétaire académique pour le syndicat FO. "Nous revendiquons que leurs salaires soient alignés sur ceux des fonctionnaires de catégorie B" dit-il encore. Regardez
"Cela fait un moment qu'on dit qu'il y a un problème au niveau de la formation, on n'a que 60 heures de formation obligatoire, ce qui n'est pas assez, on demande plus d'heures" cite-t-elle en exemple.
Une AESH rencontrée devant le Rectorat renchérit : "je travaille depuis 2011, je suis enn CDI mais ni notre salaire, ni notre situation n'évoluent". Regardez
L'intersyndicale réclame donc la création d'un véritable statut de la fonction publique, une augmentation des rémunérations, la garantie de pouvoir travailler à temps complet, l'abandon des Pôles inclusifs d'accompagnement localisés (qui coordonne les prises de poste des AESH), le recrutement d'AESH, et "la garantie d'accès à des formations à la hauteur des missions" souligne Fabrice Grosset, secrétaire général adjoint du SGEN CFDT. Regardez
Lire aussi : Rencontre avec des jeunes : "je vais faire un effort pour créer des postes d’AESH à La Réunion" assure Pap Ndiaye
as/www.imazpress.com / [email protected]

