Ils étaient récemment sur scène à la Cité des arts à l’occasion de la nuit du maloya pour présenter "N’yabou", leur nouveau projet solo. Les membres du groupe Madiakanou, porté par Jean Frédéric Madia, nous offrent une expérience musicale unique et envoûtante à travers une fusion habile et singulière des rythmiques de l’océan Indien et des racines ancestrales africaines (photo DR).
Entre évocation du marronnage, énergie du maloya de l’est de La Réunion, blues de l’océan Indien et groove mandingue en provenance d’Afrique de l’Ouest (Mali, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Mauritanie)… Madiakanou c’est tout simplement la célébration de la joie de vivre qu’on retrouve dans "N’Yabou", le premier album solo du groupe sorti le vendredi 15 septembre dernier sur le label Nomad Roots Records. Les plus chanceux ont pu le découvrir lors de leur prestation mémorable à la Cité des Arts le 15 septembre à l’occasion de la Nuit du maloya, en marge des Journées Européennes du Patrimoine.
Jean-Frédéric Madia, le fondateur du groupe, n’est pas un novice, on pourrait même dire qu’il est tombé dans la marmite du maloya étant mamaille. Car si on vous dit Madia Philéas ? Eh oui, il est en réalité le neveu de nout’ zarboutan Gramoun Lélé, et descend donc d’une longue et belle lignée de musiciens. Dès ses 11 ans, il a officié dans le groupe de son oncle, puis a poursuivi ensuite sa formation au Conservatoire à Rayonnement Régional (CRR) de La Réunion, avant que ses explorations dans l’Hexagone ne lui permettent de découvrir l'instrument mandingue, le kamélé n'goni.
Multi-instrumentiste du groupe Lindigo, il enchaîne ensuite les tournées internationales, les rencontres et les collaborations avec notamment Matthieu Chedid, Yarol Poupaud, ou encore Winston McAnuff & Fixi.
Mais son envie de proposer une musique au carrefour du maloya réunionnais et des musiques mandingues, prend rapidement le dessus, l’amenant à développer Madiakanou. En intégrant aux côtés des instruments du maloya, une variété d'instruments traditionnels tels que le balafon et le kamélé n'goni, il présente aujourd’hui ses propres compositions en offrant une expérience musicale unique et envoûtante.
"N’Yabou" qui regroupe 11 titres, a nécessité un an de travail et a été enregistré en début d’année. Pour Jean Frédéric Madia, qui n’est pas insensible aux événements survenus récemment au Niger et au Gabon, il s’agit davantage d’un retour aux sources.
"Quand on a mélangé les deux traditions, ça a marché de suite. À travers notre musique, on veut démontrer qu’il n’y a pas de frontières et que nous partageons un héritage commun qui nous vient de l’histoire et des esclaves. Une histoire douloureuse certes, mais empreinte de joie malgré tout et qu’on souhaite partager".
Et ce n’est pas Olivier Araste, leader de Lindigo en grand adepte de maloya-partage, qui dira le contraire : "Nou la fé un bon cary ensemb’ ! Jean Frédéric est un très bon percussionniste, un grand passionné qui aime ce qu’il fait. J’ai essayé de le pousser en lui donnant sa chance et d’ailleurs, il a chanté sur mon dernier album".
Même son de cloche du côté de la fille de Gramoun Lélé, Marie-Claude Philéas : "Pour moi, il était évident qu’un jour, Jean-Frédéric monte son groupe et prenne son envol. En 2024, on commémorera les 20 ans de la disparition de papa et ce sera important de lui rendre hommage. Lindigo et Madiakanou seront présents au même titre que d’autres groupes".
Côté projets, après les Francofolies, la Nuit du maloya et la rondavelle Tiroule de Saint-Leu, Madiakanou tournera un peu partout dans l’île pour présenter "N’Yabou", notamment en prélude aux festivités du 20-Décembre.
vw/www.ipreunion.com/redac@ipreunion.com