La mannequin réunionnaise Naomis Joseph représentera en octobre 2025 La Réunion lors du concours Queen Trans World. Une fierté pour cette jeune femme transgenre, qui a quitté son île natale en 2019 mais qui la porte toujours près de son cœur. Un événement important alors que le climat politique se fait toujours plus menaçant (Photo DR)
Après l'artiste Louïz en 2020, Naomis Joseph représentera fièrement les couleurs de La Réunion lors de l'édition 2025 du concours Queen Trans World.
"C'est un concours de beauté, mais pas que : l'engagement est essentiel", explique la jeune mannequin de 24 ans. "Ce concours travaille sur la visibilisation des personnes transgenres, plus particulièrement les femmes, qui sont la cible de nombreuses attaques", rappelle-t-elle.
Si "le concours reste concentré sur des standards de beauté, notre existence reste politique, et ce concours l'est donc aussi. Les vies des personnes trans, ce sont des parcours marqués par la marginalisation et les violences", dit-elle.
- Quitter La Réunion pour mieux se découvrir -
C'est en 2019 que Naomis quitte La Réunion, à une période où elle n'a pas encore transitionné. "J'étais déjà consciente d'être une femme transgenre, mais je n'avais mis les mots dessus", confie-t-elle. "Je ne savais pas non plus comme amené ça à ma famille, je n'avais pas les mots, tout ce que je savais c'est que je ne pouvais pas rester à La Réunion."
"J'étais déjà présente dans le monde associatif tout au long de ma vie scolaire. Avant de quitter l'île, je touchais du doigt mon rêve d'être sportive professionnelle, mais je savais que la transidentité allait me freiner, c'était trop tabou encore, mon parcours devait m'emmener ailleurs", se rappelle Naomis.
C'est à Lyon que la mannequin s'établit, et se découvre. Très active sur les réseaux sociaux, elle est régulièrement la cible de cyberharcèlement, qu'elle n'hésite pas à dénoncer. "Ma seule existence est politique, je savais qu'en m'exposant sur les réseaux, je m'exposais au risque d'être harcelée", rapporte-t-elle.
"A travers ma présence, mes prises de parole, mon parcours de vie qui est commun à pleins d'autres personnes transgenres, je porte une voix commune", estime la jeune femme.
Pour elle, il existe cependant "des clés pour se préserver". "La première chose à faire pour guérir des maux, c'est de ne pas s'isoler. Etant LGBT, cela peut être compliqué de se confier à ses proches, c'est pour cela que j'estime que dans notre communauté, même si nous ne sommes pas de la même famille, on doit rassemble", avance-t-elle.
"Je ne suis pas seule, je sais que ma famille est là, de sang mais aussi choisie. Nous ne sommes pas seuls, et nous ne l'avons jamais été. Libérer la parole est un moyen de contourner tout ça."
Depuis son départ en 2019, Naomis Joseph a "la fierté de voir l'évolution faite à La Réunion". "Ca avance, on est visibilisé, on sort de la marginalisation. En voyant les images de la première marche des fiertés, j'ai pleuré", se rappelle-t-elle. "C'est important pour la communauté queer, pour les jeunes. C'est un combat de longue haleine et le combat d'une vie", avance Naomis.
Pour elle, "c'est un bon départ, mais il faut pouvoir mettre La Réunion sur le toit du monde. La communauté réunionnaise se bat au niveau local, national, et international", dit-elle. D'où son engagement dans le concours.
- Hystérisation du débat -
Mais au-delà des réseaux sociaux, les personnes transgenres sont la cible de nombreuses attaques, notamment politiciennes. "Il y a une véritable hystérisation du débat, on se retrouve désemparés de voir à quel point la haine peut mettre à mal une communauté minoritaire. En tant que personne queer racisée réunionnaise, je le prends comme une attaque personnelle", dénonce Naomis.
"C'est le moment de mettre les bouchées doubles, on n'est pas des erreurs, nos vies méritent amour, respect et liberté, même si certains préfèrent projeter leurs insécurités et leur haine. Comment des dirigeants peuvent faire autant de mal ?", s'interroge-t-elle.
Malgré tout, "je pense que la force de notre engagement et tout ce qui est créé à La Réunion apportera de bonnes choses. On ne peut pas changer le monde en un claquement de doigt, mais un jour on arrivera à faire respecter notre existence. Je ne suis pas une victime, mais une victoire", conclut-elle.
Naomis Joseph représentera La Réunion à Malaga le 18 octobre prochain.
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