Depuis sa mise en ligne le 30 novembre 2022, Chat GPT, logiciel d’OpenAI impressionne le monde entier pour ses capacités rédactionnelles, autant qu’il inquiète. Cet outil conversationnel établi à partir d’une intelligence artificielle (IA) est capable d’échanger sous forme de messages. Il répond à vos questions, mais génère également du contenu écrit en réponse à une commande écrite de texte précis. Pour savoir un peu comment cela fonctionne, nous avons décidé de tester la plateforme. (Photo ChatGPT photo RB imazpress)
Forcément, nos questions portent essentiellement sur La Réunion. Première question : est-ce qu’il sait où se trouve notre île. Eh bien la réponse est oui… à la différence de certaines personnes voire même des élus qui se le demandent encore.
Côté cuisine, Chat GPT peut aussi nous proposer la recette du rougail saucisse. Mis à part le concentré de tomate, l’intelligence artificielle (IA) nous étonne encore. Pas de frites, pas de knacki ou encore pas de cocktail absurde comme certains aiment le faire en détournant la recette de nos ancêtres.
Suivons notre conversations sur la Fèt Kaf. Malgré les trois questions posées (dont une avec erreur) Chat GPT répond totalement à côté. Si la Fèt Kaf est bien une fête à La Réunion, ce n’est absolument pas pour célébrer la récolte de café mais bel et bien comme on le sait tous ici, pour fêter l’abolition de l’esclavage. Chat GPT a encore des petits progrès à faire sur ce point et notamment sur le créole.
Sur le point historique de notre île, nous lui avons demandé de nous citer trois grandes personnalités. Si pour Paul Vergès et Victor Schœlcher la réponse est juste, Aimé Césaire lui, n’est pas du tout Réunionnais mais Martiniquais.
Toutefois, cela n’enlève en rien à la capacité de Chat GPT à répondre à nos questions, malgré les quelques approximations. De quoi faire peur…
- Le phénomène secoue l’enseignement supérieur -
Chat GPT, bien connu désormais du monde entier, est un outil conversationnel qui permet de générer automatiquement des réponses à partir de simples questions posées. Nourri par des millions de textes, le robot s’avère capable de répondre aux interrogations les plus ardues, grâce à des modèles statistiques complexes qui sélectionnent la suite de mots la plus probable.
Si cette intelligence artificielle chamboule notre rapport à l’information, elle inquiète, tant par sa connaissance que par l’utilisation que peuvent en faire les internautes.
« C’est dangereux pour la réflexion, l’expression et l’apprentissage », clame Joël de Palmas de CGTR Éduc’Action.
Dangereux car certains élèves l’utilisent, non pas pour obtenir des informations, mais pour rédiger des passages entiers de dissertations. « Nous avons été interpellés par un "fait-divers" concernant un enseignant en handicapologie de l'Université de Lyon qui avait constaté de curieuses similitudes en corrigeant les copies de ses étudiants en Master, pour au final comprendre que la moitié d'entre eux avait utilisé le fameux ChatGPT de Microsoft pour rédiger leur copie », nous explique Jonathan Antier, responsable informatique du Saiper.
« De fait, à un niveau supérieur, autre qu'à l'école primaire pour le moment, cet outil peut "faciliter" la scolarité de ces élèves dans certaines situations », ajoute-t-il.
Le ministère de l’Éducation suit d’ailleurs de très près cette question et les potentielles utilisations de cette innovation dans les écoles, collèges et lycées. « Il est évident que des élèves pourraient être tentés d’utiliser ChatGPT comme un outil d’aide à la rédaction de leurs devoirs, tout comme ils vont aujourd’hui sur le web, notamment au lycée », indique le ministère de l’Éducation nationale.
« Ce n’est cependant pertinent, ni pour faire ses devoirs, ni pour progresser. D’abord parce que, même si la réponse est censée être « originale », elle est en grande partie stéréotypée ; ensuite, parce que ce qui est demandé aux élèves, c’est une réflexion personnelle et argumentée ; or une intelligence artificielle peut traiter de données factuelles, mais pas produire une analyse personnelle et argumentée ; enfin, parce que toute intelligence artificielle comporte des biais, qu’un élève ne sera pas en mesure de distinguer, contrairement à ses professeurs », précise le ministère.
« Par ailleurs, le « style » sémantique d’une intelligence artificielle n’est pas celui de l’élève : les professeurs connaissent leurs élèves, leur style, leur niveau. Le décalage, éventuellement flagrant, entre la « réponse » de ChatGPT et celle d’un élève, apparaîtra rapidement, et ne jouera pas en faveur de l’élève. »
« Enfin, il est important de rappeler que l’enjeu pour un élève n’est pas de disposer de réponses toutes faites, mais de progresser, ce qui suppose de revenir à l’information factuelle, et non pas sélectionnée, et d’être capable de l’analyser", conclut le ministère de l'Éducation nationale.
Cette dangerosité a d’ailleurs poussé Sciences Po Paris à interdire l’usage de cette intelligence artificielle. Dans un courrier, relayé par la presse, à l’attention des enseignants de l’établissement supérieur, le directeur de la formation et de la recherche de l’Institut d’études politiques Sergeï Guriev a annoncé que l’usage de ChatGPT était désormais interdit dans le cadre de la production de travaux. En cas d’emploi avéré de l’IA par les étudiantes et étudiants, ces derniers risquent des "sanctions qui peuvent aller jusqu’à l’exclusion de l’établissement, voire de l’enseignement supérieur", indique le courrier.
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- Une IA qui peut servir d'aide -
Fort heureusement, ce logiciel n’est pas seulement utilisé à de mauvaises fins. « Les intelligences artificielles, comme Chat GPT, sont de plus en plus utilisées dans l'enseignement pour aider les enseignants à personnaliser les parcours d'apprentissage des élèves », indique le Saiper. « En utilisant des données sur les compétences et les lacunes des élèves, les intelligences artificielles comme Chat GPT peuvent aider les enseignants à adapter leur enseignement pour répondre aux besoins individuels de chaque élève. »
Cette personnalisation des parcours d'apprentissage est un formidable atout pour l'inclusion des élèves ayant des besoins éducatifs particuliers. Elles peuvent également être utilisées pour évaluer les compétences des élèves, pour identifier les lacunes dans leur compréhension, et pour leur fournir des exercices ciblés pour les aider à combler celles-ci », ajoute Stéphane Checkouri pour le syndicat.
Cependant, il est important de se rappeler que Chat GPT ne peut pas remplacer le rôle des enseignants. Ces derniers restent les mieux placés pour comprendre les besoins individuels des élèves, pour les motiver, pour les guider et pour les soutenir. Chat GPT peut être utilisé pour aider les enseignants dans ces tâches, mais ils demeurent responsables de la mise en place des parcours d'apprentissage et de l'évaluation des compétences des élèves.
ChatGPT est impressionnant et peut fournir un nombre stupéfiant d’informations. Mais ne nous trompons pas, une machine reste une machine.
ma.m/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com
Changez cette police d'écriture ça fait mal aux yeux (et on dit "...pour vous chat gpt" pas "...le chat gpt"
On peut quand même souligner que certains cerveaux humains sont largement beaucoup plus dangereux que ces machines. Internet, les IA, ne sont qu'une suite logique à l'accès à l'information, à utiliser avec un regard toujours critique.