Aux premiers jours de novembre, les Réunionnais affluent vers les cimetières pour rendre hommage aux défunts. Si le temps est au recueillement et aux souvenirs, c'est aussi le mois des superstitions et de la malchance. La cause : novembre serait le mois où les défunts règneraient. De nombreuses âmes erreraient et plusieurs phénomènes surnaturels se produiraient. "Sort pa le soir, zéspri lé déor", "rente aven 6h", "marse en arrière avant rent dans la kaz", "marié pa mois novamb i porte malér"… S'il s'agit de simples croyances pour certains, d'autres y croient dur comme fer (Photo d'illustration rb/www.imazpress.com)
"Au mois de novembre, j'évite de sortir le soir. J'essaie toujours de rentrer avant qu'il fasse trop noir, un peu avant 18h", indique Marie-Rose, 55 ans et mère de famille de deux enfants. Elle ne se dit pas "particulièrement" superstitieuse mais elle part du principe que "si banngramoun la dit a ou sa, té pou in bone rézon". "On ne sait pas ce que l'on peut croiser sur la route après cette heure", ajoute-t-elle.
"Je n'ai jamais rien vu", assure la mère de famille. "Mais les histoires que j'ai entendues m'ont suffi pour ne pas braver la chose", confie-t-elle. "Na in pé i di a ou la kroiz in serkey dovan zot, sinonsa la vi in form blan si bor shoin", détaille Marie-Rose. "Ben ma fye, vo myé mi rant mon kaz", ajoute-t-elle en riant. Si par obligation, elle doit sortir la nuit et rentrer à minuit, elle passe le pas de sa porte "en marche arrière". Oui oui, en marche arrière. "Kom sa, si zamé na bébéte la suive amoin, li rant pa dann la kaz", explique-t-elle. "Monmon i té fé sa et moin la touzour fé anka ou", fait-elle savoir. "Parey, si mi lé invité in plas, mi ramèn pa barket manzé paske lo bann mové zam i risk kap suiv aou si zot osi la fin".
Avec un air toujours aussi sérieux, Marie-Rose note qu'en novembre, "il y a plus de malheurs comme des accidents ou des faits-divers dramatiques".
Antoinette 67 ans entendait durant son enfance "qu'il fallait éviter aller devant l'église après 6h du soir". "Mémé té di défoi ou té antann domoun pou shanté dann légliz fermé", poursuit-elle. "Moin bien sir mi respek mais moin la zamé antandi ryen" indique la gramoune en rigolant.
Pour Armand, 34 ans, "ses histoires, je n'y croyais pas". Jusqu'à ce qu'il en fasse l'expérience. "J'étais sorti en boîte un 31 octobre, la veille de la Toussaint", raconte le jeune homme. "En rentrant, je roulais tranquillement quand d'un coup, les feux de ma voiture se sont éteints, le moteur a bafouillé et ma musique s'est coupée", poursuit-il. "Pa bezoin si azot -kap kap la monte si moin", reprend-il. "Ça a duré un court instant mais ça m'a suffi pour ne plus renouveler l'expérience", assure ce dernier.
Noémie, 28 ans, évoque le mois de novembre comme un mois de malchance. "A cette période de l'année, il ne m'arrive que des galères", dit-elle consternée. "Il y a deux ans, j'ai cumulé un pare-brise fêlé, deux pneus crevés sur la route et un dégât des eaux dans mon appartement", détaille celle-ci. "C'est un mois que j'appréhende tous les ans", souligne Noémie.
Si pour certains, novembre rime avec malchances et phénomènes surnaturels, Abel, 23 ans estime qu' "il ne faut pas se mettre tout ça en tête" sinon on ne fait plus rien. Néanmoins, il garde à l'esprit "que ça pourrait arriver et que dans tous les cas, il ne faut pas braver".
Alors, simples coïncidences, superstitions ou faits réels ? A vous de nous dire.
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