Ce lundi 6 octobre 2025, l’Agence Régionale de Santé de La Réunion et l’Assurance Maladie, ainsi que leurs partenaires institutionnels et associatifs, ont lancé officiellement la campagne Octobre Rose. Un mois dédié à la prévention et à la lutte contre le cancer du sein. L’objectif, cette année encore, est de fluidifier les prises en charge et inciter plus de femmes à se faire dépister (Photo d'illustration rb/www.imazpress.com)
À la Réunion, en 2024, sur les 30.000 dépistages effectués, 519 cas positifs de cancer du sein ont été recensés. Dans 80 % des cas, les femmes touchées ont plus de 50 ans. Sur notre île, 2.900 femmes sont suivies en surveillances et 1.700 femmes sont actuellement dans un parcours de soin actif pour un cancer du sein. "Dépistez-vous et vous aurez la chance d’avoir un examen simple, pris en charge à 100% et qui peut vos sauver la vie", insiste le Dr Florence Lacroix, Directrice du service médical à la CGSS.
- Sylvie Morel : le militantisme d'une patiente engagée -
Dans la salle de conférence de presse de l’assurance maladie ce lundi matin, Sylvie Morel écoute attentivement les différents médecins qui se succèdent. Le parcours de soin, elle le connait très bien. En 2020, alors âgée de 42 ans, elle apprend être atteinte d’un cancer du sein métastasé. Ce jour là, son mari s’écroule: c’est toute une vie à re-penser. Cinq ans plus tard, malgré les séances de chimiothérapies et son propre combat, elle s’est transformée en militante infatigable.
Aujourd’hui, elle est patiente-partenaire, formée à l’éducation thérapeutique du patient, l'ETP. "Ma fonction première c’est de faire le relais entre le médical et le patient", nous explique-t-elle. "Si moi, patiente, je suis passée par là, je sais. J’ai mes propres mots, [...] ce que je vais dire va être peut-etre plus percutant parce que je sais de quoi de parle".
Attentive, et souriante, Sylvie s’est donnée pour mission d’inciter les femmes à franchir le cap du dépistage. Vous la verrez sur différentes manifestations pendant ce mois d’octobre rose à La Réunion. Elle insiste : "Regard seke ou na a regardé! Ot kor lé aou, ou koné! Donk kan ou wa kekshoj i sanz, ke ou lé dan la trans 50 an ou pa, ou consult!"
Elle ajoute : "le message c’est pas de trouver pour trouver, c’est être en accord avec soi même, de dire, je suis bien, j’ai fait ma photo, c’est la mammographie, on me dit que tout va bien dessous et je continue à vivre ce que j’ai a vivre. Et si jamais je fais partie des femmes touchées, j’ai pris les devants, je n’ai pas laissé la maladie s’installer."
- Entre peurs et tabous : ce qui freine le dépistage du cancer du sein -
Le défi pour les professionnels de santé à La Réunion, c’est de réussir à mobiliser la population. Selon Cap Onco Réunion, l’association issue de la fusion entre le Centre régional de coordination des dépistages des cancers, le CRCDC Réunion et Oncorun, plusieurs éléments semblent empêcher le passage à la prise de rendez-vous et à la consultation.
Parmi eux, selon le Dr Johan Encaoua, Président de Cap Onco Réunion: "les difficultés d’accès à la mammographie, même si les délais sont courts: quand on a envie de faire sa mammographie on se dit c’est demain, pas après-demain, ça peut-être un premier frein. Parfois, c’est la peur aussi de la mammographie, ces freins là sont levés en discutant avec des personnes qui ont déjà réalisé des dépistages".
Johann Encaou, décrit un autre frein, qui consiste a dire que la mammographie va créer le cancer, il répond: "C’est faux. Le dépistage permets de détecter des cancers tôt et qui dit détection tôt, dit chance de guérison beaucoup plus importantes".
L’association s’assure des relectures des clichés des mammographies, mais elle veille aussi à ce que les femmes qui viennent d’apprendre un diagnostic positif aient bien une prise en charge et ne se retrouve pas seule face à la maladie.
Le dépistage organisé du cancer du sein s’inscrit dans le cadre d’un programme national. Il est recommandé aux femmes de 50 à 74 ans, sans facteur de risque personnel ni familial. Dans ce cas, la mammographie est prise en charge à 100%, sans avance de frais.
Les clichés sont ensuite lus en deux temps, par deux radiologues différents afin de limiter le risque d'erreur. Tout d’abord, par le radiologue qui a mené le premier examen, puis à la Réunion, par Cap Onco Réunion. Si le diagnostic est positif, Cap Onco Réunion s’assure que la patiente entre bien dans un parcours de soin, elle est suivie, et accompagnée.
Si vous ne faites pas partie de cette tranche d’âge, mais remarquez une grosseur dans votre poitrine, il faut aussi consulter.
- À la Réunion, les établissements de santé se mobilisent et innovent pour mieux accueillir les patientes-
Le CHU Sud ouvre un hôpital de jour et s’assure d’une prise en charge quasi immédiate. Le docteur Johanna Lemaître, chirurgienne gynécologique-sénologique nous explique: "une patiente qui est adressée avec un diagnostic de cancer du sein ou une forte suspicion de diagnostic, va rencontrer le même jour: un chirurgien gynécologue, un radiologue, elle va aussi rencontrer une infirmière d’annonce, et une psychologue si elle le souhaite et tout ça, sur la même journée", une prise en charge globale pour rassurer, soignée et accompagnée les femmes.
De son côté, dans l’ouest, le CHOR modernise sa prise en charge avec de nouveaux outils: un mammograme de dernière génération et le recrutement de radiologues spécialisés dans la prise en charge des cancers du sein. L'objectif ici, selon Édouard Chanal et Nguyen Finet, médecins au CHOR, est de mettre en place un parcours plus fluide, plus rapide et de décharger les patientes de certaines prises de rendez-vous.
- Détecté tôt, le cancer du sein guérit dans 9 cas sur 10 -
Cette édition d’octobre Rose vient rappeler que le dépistage et l’écoute sont les premières armes contre la maladie.
Cette année encore, la prévention est au coeur de la campagne, afin d’encourager les femmes de 50 à 74 ans à franchir le cap du dépistage. Chaque année, l’assurance maladie envoie des invitations au dépistage à ces femmes, seule 44 % d’entre elles y répondent favorablement. L’assurance maladie vise les 70 % de recours à cette consultation gratuite, dans les années à venir.
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