Ce jeudi 8 décembre 2022, Jean-François Carenco, ministre délégué aux Outre-mer, présente les conclusions de la démarche « Oudinot du pouvoir d’achat ». À La Réunion, et de par notre expérience face aux politiques, nous avons appris à ne plus attendre grand-chose des annonces du élus, notamment du gouvernement. Et si ce jeudi, le ministre chargé des Outre-mer promet des annonces fracassantes, nos élus Réunionnais restent sceptiques. (Photo Jean-François Carenco photo RB imazpress )
« Jean-François Carenco a dit qu’il allait dévoiler quelque chose mais il ne nous a jamais concerté dessus. Il a entendu nos plaidoyers et questions au gouvernement seulement », déclare Frédéric Maillot, député.
Le député nous explique même les premières questions qu’il avait mises sur la table lors de sa prise de fonction à l’Assemblée nationale. « Je l’avais interpellé sur le prix des effets scolaires, sur les communications qui coûtent entre 15 et 20% plus chers à La Réunion. » « Ce que l’on veut également c’est de la transparence voire la suppression des taxes des colis », ajoute le député.
Frédéric Maillot se demande « est-ce que demain la montagne i sa pas accouché d’une souris », en reprenant l’expression de Jean-Hugues Ratenon. « On attend beaucoup, mais en même temps on n’est pas dupe. On ne veut plus pâtir du fait de notre insularité », dit-il. « Jean-François Carenco ne nous la fera pas à l’envers avec des mesurettes, on attend des mesures concrètes »
Selon lui, « il faut s’attaquer à la racine du problème, les grandes surfaces, les duopoles et les monopoles, à ceux qui taxent les Réunionnais et leur porte-monnaie ».
Des réactions à l’image de Jean-Hugues Ratenon. Notre député a interpellé cette semaine le ministre. Plusieurs sujets ont été évoqués : les prix des billets d’avion, la téléphonie, les colis, les médicaments, les loyers, les produits alimentaires et les revenus. Regardez :
- Des paroles et encore des paroles… -
Alors que les conclusions du Oudinot sont attendues ce jeudi en fin d’après-midi, Jean-François Carenco s’est d’ores et déjà vanté de dévoiler de « bonnes surprises ». Des mots prononcés lors d’une audience au Sénat du 1er décembre 2022 à l’occasion du projet de loi de finances 2023.
« C'est fait, c'est fort. Je ne veux pas le dire avant, mais moi je pense que nous aurons tous une bonne surprise. On va mettre ensemble tout ce qui se fait et je pense que nous aurons une bonne surprise », a-t-il dit.
Le ministre a également évoqué des annonces concernant « le coût de l’aérien » ou encore « les abonnements divers et variés ». Mais aussi sur le fret ou l’augmentation des aides à la mobilité. Sur les colis, le ministre délégué en charge des Outre-mer a évoqué une mesure pour faire baisser les frais de douanes.
"Pour la première partie du PLF quand on a passé à la Poste l'importation des paquets des douanes, ça avait fait un bruit gigantesque, tout simplement parce qu'ils ont appliqué la loi qui n'était pas appliquée avant. Ils n'ont pas fait des choses imbéciles, ils ont appliqué la loi. Ça a fait bondir les prix. J'ai donc obtenu, je pense, l'augmentation à 400 € de la franchise de taxation pour les envois de colis non commerciaux qui étaient auparavant à 205€. C'est fort comme mesure."
Mais en attendant, les Outre-mer et La Réunion souffrent et subissent de plein fouets la hausse du coût de la vie. Inflation, fret, pouvoir d’achat en berne… tout y passe.
- Nos attentes sont longues -
Si Jean-François Carenco annonce des surprises, nous espérons qu'il a pris le temps d'étudier l'ensemble des problèmes qui impactent le pouvoir d'achat des Réunionnais.
À commencer par le Bouclier Qualité Prix. Si le ministre promet des annonces, notamment sur le BQP, à La Réunion, nous savons d'ores et déjà que les prix resteront stables jusqu'en février 2023. Une bonne nouvelle dirons-nous. Seul point où le bât blesse, c'est la liste de ces produits de la vie quotidienne qui n'a pas été élargie, faute à l'inflation.
L'inflation mais également au coût du fret. À La Réunion, que cela soit pour les entreprises ou les particuliers, le coût du fret maritime a explosé et multiplié par deux. Une véritable difficulté dans une île où près de 95% des marchandises importées arrivent par bateau. Supermarchés, chantiers... tous sont impactés par ces coûts et les retards d'approvisionnement.
Et alors que nous sommes à la veille de Noël et des fêtes en famille, les Réunionnais doivent se serrer la ceinture. Car au coût des marchandises et produits alimentaires en hausse, s'ajoute celui des billets d'avion. Au départ de La Réunion, c'est +5,4% en moyenne pour l'ensemble des compagnies selon les chiffres de l’aviation civile. Certains demandent même un bouclier tarifaire à l'image de celui mis en place en Corse.
En cette période de fête, c'est également le moment où les Réunionnais envoient des colis à leurs proches. Mais là encore, on doit taxer. Depuis le 1er juin 2022, les services de La Poste sont devenus encore plus onéreux qu'ils ne l'étaient déjà, avec l'aggravation - par décret - des conditions de dédouanement et de taxation des envois postaux.
- La Réunion comme exemple -
Pour expliquer les bases, c’est lors de sa venue à La Réunion avec Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, que Jean-François Carenco a évoqué pour la première fois l’Oudinot contre la vie chère (du nom de la rue où se trouve le ministère des Outre-mer).
C’est en découvrant le Bouclier Qualité Prix instauré que le tandem a décidé vouloir l’étendre à tous les départements et régions d’outre-mer. "Il réunira, au niveau de chaque territoire, sous l’autorité du préfet, l’ensemble des acteurs de la chaîne de valeur, commerçants, transporteurs, fournisseurs, producteurs, mais aussi collectivités locales pour trouver les voies et moyens de faire baisser, de manière volontaire, les prix sur un certain nombre de produits essentiels", avait déclaré Jean-François Carenco lors de son discours du 12 juillet 2022.
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