Jeu, set et match

Sexisme dans le sport : joueuse de tennis professionnelle, la Réunionnaise Pauline Payet met un revers aux préjugés

  • Publié le 29 juin 2025 à 02:59
  • Actualisé le 29 juin 2025 à 19:02
Pauline Payet

"Les hommes battront toujours les femmes", "une fille c'est plus faible"… voilà des phrases sexistes que de nombreuses femmes ont entendu au moins une fois dans leur vie. La Réunionnaise Pauline Payet, joueuse professionnelle de tennis (45ème française et ex 577ème mondiale), met un revers aux préjugés. Grâce à un défi lancé sur ses réseaux, elle affronte des hommes sur les cours. Elle a déjà remporté de nombreux sets et surtout une victoire : faire taire les machos et pas seulement dans le tennis (Photos : Pauline Payet)

Lancée sur les réseaux sociaux en novembre 2024, c'est en entendant les remarques sexistes des gens autour d'elle que lui vient l'idée de lancer le défi "Pauline VS Men" sur son YouTube.

"J'ai eu cette idée parce que beaucoup de tennismans lambda disent pouvoir battre n'importe quelle joueuse", confie-t-elle à Imaz Press.

Le principe ? En partant de la troisième série au classement, le niveau intermédiaire, elle affronte en indoor (non soumise aux aléas de la météo) un joueur masculin qui se porte candidat, dans un match en deux sets gagnants. À chaque étape, elle grimpe dans le classement.

Dimanche 19 mai 2025, le match contre Sari, classé 1/6, soit un niveau élevé dans le milieu professionnel s'est révélé plus difficile que les autres. Après un premier set remporté, elle finit par s'incliner en trois sets.

- Le tennis, bien plus qu'une simple question d'hommes ou de femmes -

Si Pauline Payet a quelques regrets, elle n'oublie pas l'engouement que son défi a suscité.

Par ce challenge, la joueuse réunionnaise a, "à travers mon humble niveau", "essayé de donner envie aux filles et aux femmes de commencer à jouer, de rester".

Le tennis, "ce n'est pas de la musculation, c'est un ensemble de paramètres qui repose sur une vision stratégique et tactique" et même si on joue plusieurs fois contre le même adversaire, chaque match est différent".

Même "Loïs Boisson par sa performance, a fait beaucoup de bien au tennis féminin français et on avait besoin de cela car tout le monde parlait des hommes et elle a créé la surprise".

À l'avenir, c'est un défi plus grand que Pauline aimerait réaliser. Celui de jouer des matchs contre des joueurs masculins de niveau international.

- Les femmes toujours sous représentées dans le sport -

Pour la Réunionnaise, "quand on regarde Roland-Garros, on voit qu'avant il y avait des sessions de nuit – plus rentables – avec des féminines – mais cette année il n'y a pas eu un match féminin", dit-elle.

En 2024, bien que la pratique sportive des femmes progresse, elles restent sous-représentées dans les disciplines fédérales et de haut niveau. Si les femmes constituent 46 % des bénévoles, elles ne représentent que 34 % des dirigeant.e.s de structures sportives et 33 % des encadrant.e.s, un chiffre en baisse selon le Haut conseil à l'égalité (HCE).

Au sein des formations STAPS, les femmes représentent seulement 32% des étudiant.es, un déséquilibre accentué dans des filières comme l’entrainement sportif, où elles ne constituent que 20 % des étudiant.es.

"Le contrôle du corps féminin, la valorisation d’un idéal de virilité et le manque de modèles féminins dans les rôles de leadership sont des causes profondes de ces inégalités persistantes", précise le HCE.

- Les recommandations du Haut conseil à. l'égalité -

Pour agir le HCE formule 40 recommandations, dont :

- l’instauration des co-présidences mixtes des fédérations sportives nationales agréées, y compris dans les commissions de travail, mais aussi dans les ligues professionnelles et rendre invalides les décisions prises dans une commission/fédération nationale ne respectant pas l’obligation de mixité.

- l’objectif d’augmenter la part des femmes dans le monde du sport, avec la création d’un programme dédié à l’accompagnement des jeunes filles vers le management et l’encadrement sportif, à l’image de "Tech pour toutes", mais aussi à l’accompagnement des femmes déjà engagées dans le mouvement sportif vers l’encadrement sportif.

- le conditionnement de l’obtention de subventions publiques à des critères et objectifs de féminisation de l’encadrement et des postes de direction, en appliquant un système de bonus/malus en cas de respect ou non de ces exigences.

- le conditionnement du renouvellement quinquennal de la carte professionnelle des éducatrices et éducateurs sportifs à la validation d’un module de formation en ligne portant sur la lutte contre les discriminations et les violences sexistes et sexuelles.

"En 2025, seulement 3 femmes président l’une des 39 fédérations sportives olympiques et paralympiques. Ce chiffre est le symbole d’un monde du sport qui ne laisse pas de place aux femmes. Ces 40 recommandations doivent permettre au gouvernement et aux élu.es de changer le quotidien et l’avenir des femmes dans le sport", lance Bérangère Couillard, présidente du Haut Conseil à l’Egalité.

ma.m/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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2 Commentaires
Heinrich Koffee
Heinrich Koffee
3 mois

Bravo Pauline !! Et au passage, félicitations à Oriane pour son titre mondial 👏

Geneviève
Geneviève
3 mois

On l’as déjà vu partout