Prix élevés des protections périodiques

En France 4 millions de femmes sont frappées par la précarité menstruelle

  • Publié le 28 mai 2023 à 12:50
  • Actualisé le 28 mai 2023 à 13:02
protection hygiénique

Ce dimanche 28 mai 2023 marque la journée mondiale de l'hygiène menstruelle, un sujet encore très tabou en France. Cet évènement est l'occasion de rappeler l'inégalité croissante que représente la précarité menstruelle pour des millions de femmes qui n'arrivent pas à se fournir en protections périodiques.

En France, près de 4 millions de femmes sont victimes de précarité menstruelle, un chiffre qui a doublé en trois ans selon une enquête de l'association Règles Élémentaires avec Opinion Way.

Au cours de leur vie, les femmes dépensent plusieurs milliers d'euros pour l'achat de serviettes, tampons et antidouleurs.

- Les jeunes en difficulté -

Avec l'inflation, la précarité menstruelle continuer à gagner du terrain, une situation inquiétante qui toucherait particulièrement les plus jeunes selon Patricia Ducret, vice-présidente en charge de l'égalité Femme-Homme au sein de l'Université de La Réunion.

"13% des étudiantes déclarent devoir choisir entre des protections hygiéniques et un autre produit de nécessité. 33% estiment avoir besoin d’une aide financière pour se procurer des protections hygiéniques " affirme-t-elle.

En moyenne, 46% d'entre elles déboursent 5 à 10 euros par mois pour des protections sans compter les dépenses liées à l’achat d’antidouleurs.

"À La Réunion, cette situation est encore plus difficile pour les étudiantes quand on sait le surcoût moyen sur les produits liés à la santé s'élève à 13% dans les Outre-mer" indique Patricia Ducret. De plus, 68% des étudiants de l'Université de La Réunion sont boursiers, soit deux fois plus qu'en hexagone.

Une "urgence" contre laquelle l'Université tente de lutter.

- Une prise de conscience -

Depuis le 8 mars, 48 distributeurs de protections menstruelles gratuites ont été installés au sein des six sites universitaires de La Réunion dans des points stratégiques tels que près du Crous où se tiennent les déjeuners, près du service médical, de l'épicerie solidaire et des chambres.

"Dans ces distributeurs, les étudiantes peuvent se fournir en serviettes et tampons de grande qualité et bio" développe la vice-présidente en charge de l'égalité qui en quelques semaines a déjà constaté la forte demande.

"La mise en place remonte seulement à deux mois mais les personnels qui gèrent la logistique nous signalent déjà qu’ils sont constamment en train de remettre des protections dans les distributeurs ce qui laisse penser que l'initiative est la bienvenue" poursuit-elle.

Près de 200.000 euros ont été mobilisés pour cette opération.

Parallèlement, une campagne de sensibilisation sur les solutions de protections alternatives et durables avec les serviettes réutilisables, culottes menstruelles et cup est proposée deux fois par an.

"Nous avons également une campagne de lutte contre les risques d’une mauvaise utilisation des protections hygiéniques qui peuvent générer des affections" conclut la représentante de l'université.

Du côté des lycées, le conseil régional a aussi lancé en mars un projet de distributeurs de protections gratuites dans le cadre de son dispositif de lutte contre la précarité menstruelle. Huguette Bello a confirmé leurs mises en place dans tous les lycées de l'île.

Pour la prochaine année scolaire, la Région souhaite, en plus de poursuivre le financement des distributeurs, favoriser l'accès à des protections alternatives durables.

À lire aussi : La Région inaugure les distributeurs de protections hygiéniques gratuites dans les lycées

En ce qui concerne le Département, aucun dispositif spécifique n'est mis en place mais le chèque d'accompagnement personnalisé alimentaire et hygiène instauré en 2020 au profit des publics les plus précaires permet d'acheter des protections hygiéniques.

Au niveau national, Élisabeth Borne a annoncé début mars que le gouvernement allait mettre en place un "remboursement par la sécurité sociale des protections périodiques réutilisables" dès 2024 pour "toutes les femmes de moins de 25 ans". Pour être remboursées, les protections devront être achetées en pharmacie.

À lire aussi : Précarité menstruelle : Borne annonce le remboursement des "protections périodiques" pour les moins de 25 ans

- Des efforts insuffisants –

Les initiatives sont là mais restent insuffisantes. En 2022, sur 90 universités françaises, seulement six proposaient le service de distributeurs de protections gratuites. Sans compter que le projet de l'Université à La Réunion reste très récent tout comme ceux de la Région et du Département, preuve que le tabou commence à peine à s'essouffler.

Concernant les femmes qui ont dépassé les 25 ans, très peu d'aides sont encore accessibles même si les associations font de leur mieux pour prendre le relais.

En 2023, encore beaucoup trop de femmes sont contraintes de trouver leurs propres solutions en utilisant parfois leur protections de façon prolongée, ce qui comporte des risques pour leur santé.

À noter que les produits contenus dans les serviettes et tampons sont souvent pointés du doigt. En 2018, l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail publiait un rapport dressant la liste des composés chimiques "préoccupants" identifiés dans les protections périodiques. En plus d'être cher, certaines se composeraint de perturbateurs endocriniens et de substances toxiques.

ks/www.imazpress.com/[email protected]

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1 Commentaires
Nono
Nono
2 ans

avant les tampons et les serviettes comment les femmes faisaient elles??