Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur et des Outre-mer, persiste et signe. Ce mardi 7 février 2023 à l'Assemblée nationale, il a de nouveau clamé le fait que "c’est la République française qui a aboli l’esclavage". Une déclaration qui intervient après les propos polémiques du 2 février 2023 à l’occasion du colloque Les Outre-mer aux avant-postes organisé par Le Point. Il avait alors déclaré : « c’est la République française qui a aboli l’esclavage (…) on demande donc (aux territoires ultramarins) d’aimer la République ». Des propos qui ont déclenché la colère des élus ultramarins. qui demandent des excuses.
Dans un contexte social et économique fragile, les propos de Gérald Darmanin font preuve une nouvelle fois du ministre de l’Intérieur et des Outre-mer.
Méprisants car Gérald Darmanin occulte une partie de l’histoire des Outre-mer, à savoir celle du combat pour la liberté mené par les esclaves.
Méprisants car, encore une fois, la République et surtout le gouvernement se met en avant, passant le rôle des Outre-mer au second rôle… et même encore plus loin.
- Un ministre plein de mépris -
Gérald Darmanin clame haut et fort que “c’est la République française qui a mis fin à l’esclavage”.
Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur et des Outre-mer a d’ailleurs répondu à Karine Lebon et Perceval Gaillard, alors interpellé par les élus ultramarins à l'Assemblée nationale. “Je pensais que nous pourrions, tous ensemble être d’accord pour être honorés d’être dans la République française et qui par deux fois a aboli l’esclavage.” “Attention Madame la députée à ne pas faire de révisionnisme à l’envers, de ne pas constater que c’est la République française que défend votre famille politique qui a mis fin à l’esclavage dans ce qui étaient jadis les colonies.” Je suis fier que ce soit le régime que j’aime, que ce soit la République française qui a mis fin à ce crime contre l’humanité”, ajoute-t-il.
C’est d’ailleurs avec tout autant de mépris que Gérald Darmanin demande aux élus de réviser leurs livres d’histoire. « Les autres ont bien compris l’histoire. Par deux fois la République a aboli l’esclavage. »
Monsieur le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, par cette réaction, faite de nouveau preuve du grand mépris de l’exécutif face aux Outre-mer.
- Les élus ultramarins veulent des excuses -
Karine Lebon, député de La Réunion est montée au créneau dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale. “Non la République seule n’a pas aboli l’esclavage par pure volonté émancipatrice, ce sont bien les esclaves eux-mêmes qui, par leurs combats, ont rendu leur
libération inévitable.”, clame-t-elle dans cette vidéo.
“Vous avez ensuite la bienveillance d’affirmer que les élus locaux d’outre-mer ne veulent pas toujours appliquer les compétences qu’on leur a données et qu’il faut avoir la franchise de le dire aux ultra-marins. Sachez qu’ils ont parfaitement entendu vos accusations. Il aurait été difficile d’aller plus loin dans l’offense et l’indécence.”
“Monsieur le Ministre, ne tombez pas dans la facilité du révisionnisme historique. Oserais-je vous rappeler qu’à l’abolition, des dédommagements ont été octroyés aux colons, et non aux femmes et aux hommes qui ont été humiliés et déshumanisés pendant des générations entières. Nous, citoyens Français d’outre-mer, aimons la République. Mais que fait le pouvoir de cet amour ? La vie la plus chère de France, des taux de pauvreté et de chômage records.”
"Sachez que chaque citoyen français, d’où qu’il vienne, mérite d’être entendu”, poursuit Karine Lebon. “Ce n’est pas à vous de faire le tri sélectif de nos opinions."
Perceval Gaillard, également député de La Réunion a interpellé le ministre. “La République ce sont nos reines et rois marrones, nos résistantes et nos résistants. La République c’est Cimendef, Eli ou Héva : ce n’est pas vous ! La République c’est l’esclave Romain en Martinique ou le marron Pèdre en Guadeloupe : ce n’est pas vous ! La République c’est le marron Boni en Guyane ou l’engagé Bakar Kassou à Mayotte, ce n’est pas vous !” « Le mépris est une seconde nature chez vous », ajoute Perceval Gaillard.
« Le mépris est une seconde nature chez vous », conclut Perceval Gaillard.
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