Les soldes ont commencé depuis le 4 février à La Réunion. Le 3 mars prochain, cette période se terminera . A une semaine de la clôture et après trois semaines de produits à prix cassés, l’heure est au pré-bilan pour les commerçants. Entre satisfaction et dépit, ils disent avoir dû composer entre l’inflation, les problèmes d’importations et un porte-monnaie moins garni chez les consommateurs (Photo rb/www.imazpress.com)
« Cette période est plus différente que les années précédentes », lance Farhanah Badat, secrétaire de l’Union des commerçants dionysiens (UCD). Également responsable de magasin dans le domaine du prêt-à-porter, elle constate que « les clientes étaient au rendez-vous mais pas avec le budget habituel ». Selon Farhanah Badat, les clientes ont fait attention à leurs achats et les budgets étaient plus restreints cette année .
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A qui la faute ? A l’inflation en premier lieu. Quand on sait que La Réunion a connu une augmentation des prix de 3,9 % en un an, cela se répercute alors sur le comportement des consommateurs réunionnais.
« Les gens en ont peur aujourd’hui. Il y a l’augmentation de l’électricité par exemple. Toutes ces annonces je pense ont freiné l’achat impulsif », exprime la secrétaire de l’UCD.
Comme l’ajoute à son tour Younous Vally, anciennement élu à la CCI Réunion durant 23 ans et ancien président de la commission commerce, « en début de mois, les Réunionnais ont plus de pouvoir d’achat et au bout de 10 jours, il y a moins de produits qui leur paraissent nécessaires à l’achat ».
- La fréquentation était là mais… –
Farhanah Badat relativise malgré tout. « Ca a été un bon mois de soldes pour les commerçants, au niveau des chiffres », assure la secrétaire de l’UCD. « On s’attendait à voir plus de vente pour essayer de rattraper les chiffres du mois précédent ». En effet, janvier a été très « compliqué », en raison de l’inflation, après les fêtes et les dépenses liées aux vacances.
Par exemple, pour son commerce, « aujourd’hui on vend un article et à la même période l’an dernier, on en vendait plusieurs ». S’il fallait résumer en un mot cette période pour elle : une bonne période mais une petite baisse des chiffres par rapport à l’an dernier.
La nuit des soldes, un évènement attendu et particulièrement apprécié, a par ailleurs permis de sauver la trésorerie des commerçants, selon cette dernière. « Ca a été un succès », avoue-t-elle.
Pour Najma, vendeuse et responsable de magasin, « dans sa globalité c’était un bilan positif ». Selon elle, les clients étaient surtout des habitués et des « fan de soldes ». Si cette année a été assez particulière, « on a joué sur les remises et elles étaient plus importantes. Certains produits de la nouvelle collection étaient soldés par exemple ».
Le cocktail gagnant pour sauver les soldes selon cette commerçante : avoir une gamme plus large de produit soldée qu’au mois de septembre et « des remises plus importantes pour que les clients aient plus d’accessibilités ». « On a démarré avec des remises de 30-60%. Il faut garder en tête que le client en attendait beaucoup de cette période » « Je suis contente de ces soldes », résume-t-elle. « Cela permet d’avoir une meilleure visibilité de ce qui reste ou non comme marchandise, et travailler sur les produits qui marchent et qui ne marchent pas. On ne peut en tirer que des leçons des soldes ».
- Des soldes qui s'essoufflent -
Comme l’analyse Younous Vally, « les soldes généralement ça démarrent fort. En janvier, les consommateurs font du repérage. Le premier samedi et la première semaine c’est toujours la folie ensuite ça s’essouffle très rapidement ».
« En général, les meilleurs produits sont déjà achetés en début de soldes. Par ailleurs, les personnes ciblent plus les marques car il y a une connotation forte avec la notoriété du produit. Les gens sont accrocs aux marques ». Selon lui, les produits les plus prisés sont les parfums, les vêtements et les chaussures de sports.
« Il ne faut pas dire que les soldes c’est une super période. C’est une période qui permet de faire rentrer de la trésorerie et de libérer ainsi de la place pour de la marchandise. L’argent généré va être utilisé pour rénover les boutiques par exemple » dit Younous Vally.
« C’est plus ou moins pareil chaque année. Pendant les soldes, les commerçants peuvent vendre à perte, ils peuvent se débarrasser des produits qu’ils ne veulent plus ».
Si certains commerçants s’en sortent bien, ce n’est pas le cas pour d’autres. « Les gens ils achètent moins qu’avant. Je ne sais pas si ce n’est pas rapport au budget ou à l’épargne. Avant les consommateurs achetaient beaucoup plus ; les personnes prennent vraiment l’essentiel aujourd’hui. Il y a une baisse du pouvoir d’achat depuis la crise sanitaire », témoigne à son tour Stéphanie, vendeuse dans un magasin situé en amont du carré piéton de Saint-Denis.
« Avant le panier moyen c’était 50-60 euros. Désormais c’est 30 euros », poursuit-elle. Elle en attendait beaucoup de ce mois de février, pour « rebooster les ventes et avoir ainsi de la visibilité ».
L’objectif n’est pas du tout atteint pour son commerce. Elle fait remarquer que « les gens vont plus dans les centres commerciaux qu’en ville pour faire leurs achats. L’emplacement a aussi son importance ».
Pour Shiva Mouraman, président de l’association des petites et moyennes entreprises à Saint-André, s’il devait résumer cette période de solde en un mot, ce serait « triste ».
« Il n’y avait pas de disponibilité de produits, il y a eu un manque de dynamisation, d’animations commerciale dans le centre-ville », affirme-t-il. « Comme il n’y a pas eu beaucoup de produits soldés, il y a de la marchandise pour plus tard… pour les mois à venir ça va être difficile par exemple à Saint-André, avec le début des travaux en centre-ville ». A cela s’ajoute « l’augmentation des prix des marchandises de l’ordre de 10 à 15% ».
Le choix des dates pose également problème. Selon le saint-andréen, « ça serait bien de faire les soldes durant les vacances scolaires ».
« Ca n’a pas beaucoup bougé la première semaine alors la dernière semaine on en attend pas beaucoup… », déplore de son côté Shiva Mouraman. « Les soldes impulsent le chiffre d’affaires des commerçants. Au bout de 10 -15 jours, ils remettent des nouveautés, pour attirer le consommateur par ailleurs sur des produits non soldés. ».
- "Lo bann zafèr lé shèr" -
« On ne peut pas appeler ça des soldes. Ca reste pas très loin du produit non soldé. Il n’y a pas trop de bonnes affaires. Je me suis plus restreinte cette année. Je suis à 150 euros alors que d’habitude je dépense entre 200 et 300 euros », confie Marie* (prénom d’emprunt), une lycéenne, sachet en main. « J’ai fait beaucoup plus de bonnes affaires dans les magasins de grandes marques, mais cela reste malgré tout coûteux », ajoute à son tour Céline, à la sortie d’une enseigne de prêt-à-porter.
Elise elle n’a pas pu profiter des soldes, la faute au pouvoir d’achat. « Et en plus je suis en pleine formation ; en temps normal quand ce sont les soldes j’achète beaucoup ». Eliette comme beaucoup d’autres passants interrogés, trouvent que « lo bann zafèr lé shèr ! Nou trouv pa gran shoz sèt ané. I di sé lé sold mé i tir in koté é i mèt lot coté ».
Isabelle, une Rodriguaise de passage à La Réunion pour quelques jours, n’a pas de budget ni de limite d’achat pour les soldes. « Je suis en vacances je m’éclate. A certains endroits on trouve des produits à bas prix et c’est plus cher qu’à Maurice ».
D’autres comme Emilie, n’ont pas eu le temps de faire des emplettes et de profiter des produits à bas prix en raison du travail. « Mais aux dires des clients ce n'est pas intéressant. Ca m’arrive de faire les magasins durant cette période mais quand on voit que certains commerçants remettent des anciens produits… ».
En attendant, vous avez jusqu'au 3 mars au soir pour faire de bonnes affaires.
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