À l'occasion du bilan d’activité des services de contrôle de la direction de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (DEETS), cette dernière a notamment présenté les chiffres en matière de sécurité au travail et sur la lutte contre le travail illégal. Deux sujets au cœur du secteur du BTP, particulièrement exposé aux accidents du travail. Et si la plupart des chantiers assurent la sécurité de leurs salariés, sur d'autres, c'est loin d'être le cas. En 2022, un ouvrier a d'ailleurs trouvé la mort sur un chantier après avoir chuté (Photo d'illustration rb/www.imazpress.com)
Pas moins de 60 chantiers ont été fermés suite au 348 contrôles effectués par l'inspection du travail. En effet, des défauts grave en matière de sécurité ont été détectés, menant à la fermeture pure et simple des chantiers. "Ces chantiers présentaient des risques de chutes, tels que l'absence de garde-corps ou d'échafaudages non conformes" détaille la DEETS.
"Le risque de chutes de hauteur a été à l'origine d'un des trois accidents du travail mortels pour lesquels l'inspection du travail a enquêté" précise-t-elle par ailleurs.
Ces manquements aux régulations surviennent principalement sur les petits chantiers, dits de "catégorie 3". Le pan sécurité et santé est un des piliers de l'inspection du travail. "15% de nos interventions portaient sur la question du risque hauteur. On a par exemple eu une chute de 6 mètres le mercredi 19 avril sur un chantier" détaille Christelle Lim-Su-Kwai, responsable du pôle travail de la DEETS. "On se retrouve avec des conséquences graves, l’inspection se mobilise. En 2022, il y a eu 60 situations où l'on a retiré des salariés d’une situation potentiellement dangereuse" rapporte-t-elle.
Des actions qui doivent être maintenues dans le temps, d'après les syndicats. "Il y a bien sûr des entreprises qui mettent les moyens en termes de sécurité, mais d'autres beaucoup moins…" dénonce Maximin Hoarau, nouveau secrétaire général de la CGTR BTP. "Il y a un gros travail à mener auprès de certaines entreprises pour garantir la sécurité de leurs employés" assure-t-il.
Le syndicaliste souhaite "ouvrir le débat". "La publication de ce rapport est l'occasion de s'assoir autour d'une table et d'en discuter" estime-t-il.
Du côté de la CAPEB, "toutes les entreprises adhérentes sont informées des réglementations" assure Cyrille Rickmounie, le président. "Nous faisons un travail de sensibilisation et organisons plusieurs journées de formation chaque année pour rappeler à nos adhérents l'importance du respect des consignes de sécurité" ajoute Raymond Vaitilingom, secrétaire général de la CAPEB.
"On rappelle régulièrement les obligations à respecter sur un chantier. Mais notre travail est principalement à direction de nos entreprises, ce ne sont pas elles qui ne respectent pas les consignes" affirme-t-il par ailleurs. Que se passerait-il si une entreprise adhérente se faisait épingler ? "Notre rôle n'est pas de contrôler ou sanctionner, si cela devait arriver nous accompagnerions l'entreprise pour essayer de comprendre ce qu'il s'est passé, à mettre en règle leur chantier, à financer ce qui doit l'être…" liste-t-il.
"Idéalement on ne devrait pas avoir un seul chantier hors des clous, mais 60 chantiers fermés sur une année, quand on sait le nombre de chantiers qui existent sur toute l'île, ce n'est pas tant que ça" estime Raymond Vaitilingom.
- Lutte contre le travail illégal -
Au-delà de la sécurité, l'inspection du travail pointe un autre problème au sein du BTP : le travail illégal. S'il n'est pas l'unique secteur concerné par la problématique – la restauration et l'hôtellerie sont aussi largement concernées, le BTP est historiquement un vivier à travail non déclaré.
Sur la période de 2018 à 2021, 36% des interventions en matière de travail illégal ont été réalisées dans le secteur du BTP (596 interventions sur 1.657). Une nouvelle convention a donc été signée en novembre dernier pour continuer de lutter contre ce phénomène, "qui lèse les droits des salariés, crée de la concurrence déloyale vis à vis des entreprises respectueuses de la règlementation et déséquilibre les comptes publics" d'après la DEETS.
Les syndicaux salariés et patronaux font tous les deux parties de la convention. Elle porte sur quatre domaines complémentaires devant se traduire par des actions concrètes : des actions de prévention, l'organisation et le suivi des échanges d'informations, la coordination du contrôle, et l'efficacité des poursuites judiciaires et des sanctions administratives
"La CAPEB s'est engagée depuis le première convention (signée en 2018 ; ndlr) à lutter contre le travail illégal. Encore une fois, nous faisons un travail de sensibilisation auprès de nos adhérents" dit Raymond Vaitilingom.
- Un état des lieux sur la chaleur -
Pour tenter d'améliorer les conditions de travail de ce secteur difficile, la DEETS compte lancer un état des lieux sur la chaleur. "On n'a jamais fait d’action sur cette thématique, on souhaite pouvoir faire un état des lieux" indique en effet Christelle Lim-Su-Kwai, responsable du pôle travail de la DEETS. Elle souhaite principalement vérifier que les salariés ont accès à des coins d'ombre, de repos, à de l'eau potable, mais aussi à des sanitaires. "On continue à voir des écarts significatifs entre les grands et petits chantiers sur la sécurité mais aussi l’hygiène" note-t-elle.
Une annonce accueillie positivement du côté des entreprises comme des syndicats. "On ne peut que souscrire à cette demande, d'autant plus qu'avec le dérèglement climatique, on risque de voir les températures augmenter" estime Raymond Vaitilingom. "La chaleur fait partie des conditions de travail difficiles, cela a toujours été une de nos revendications, c'est donc une bonne nouvelle" conclut Maximin Hoarau.
as/www.imazpress.com / redac@ipreunion.com
Eh oui la sécurité sur les chantiers et la déclaration des salariés, ça coûte cher aux patrons et ça met dans l'insécurité... leurs profits !
Alors vous comprenez ...