Davy Sicard fête ses trente ans de carrière au Téat plein air (Photo Photo ww/www.imazpress.co)
De ses premiers pas avec les College Brothers aux spectacles expérientiels imaginés ces dernières années autour des handicaps auditifs et visuels en passant par ses plongées musicales aux racines du séga, du maloya et de l’identité réunionnaise, le parcours de Davy Sicard est marqué par une perpétuelle quête de sens et d’humanité que l’on sent vibrer dans chacune de ses chansons. Pour ses trente ans de carrière et remercier son public, il se produira au plus près des étoiles, le 25 septembre. Un concert anniversaire soutenu par la Sacem et placé sous le signe du partage et de la convivialité (Photo v.w/www.imazpress.com)
• Trente ans de carrière en 2022 et bientôt 50 ans… Tout cela sonne comme un bilan. Comment te sens-tu quand tu regardes dans le rétro ?
- À l’approche de la cinquantaine, et avec les années, je dirais comme la formule que c’est comme si c’était hier ou plutôt avant-hier. Le fait d’avoir vécu de belles choses assez riches, donne ce sentiment que tout passe relativement vite. Côtoyer des personnes avec qui j’ai commencé tout comme de jeunes artistes me fait chaud au cœur et trente ans de carrière méritent d’être fêtés dignement. Je suis donc très heureux que les Téats Départementaux aient accepté que je me produise au TPA, une scène très prestigieuse, proche des étoiles - quand le ciel est dégagé en tout cas, parce qu’on est à la merci du temps. Je le vis toujours comme un privilège, voire comme une forme de consécration.
• Pourquoi 30-nou, Mersi ?
- En fait, il s’agit d’une contraction de 30 ans entre nous. Et mersi parce que je voulais marquer ma reconnaissance. Dans dix ans ce sera donc 40-nou !

• Peux-tu nous parler de tes invités ?
- Je serai accompagné de cinq musiciens. Sans trop en dévoiler, il y aura Hanitra, une merveilleuse chanteuse malgache établie ici depuis très longtemps. Mais aussi la danseuse Florence Boyer - de Zanfan Rev - dont l’intervention risque de surprendre le public. J’avais également envie d’avoir à mes côtés de jeunes chanteurs et talents émergents, j’ai d’abord sélectionné Maud Damour qui a remporté un concours lancé sur les réseaux sociaux basé sur la chanson « Maloya Kabosé » et Vanessa Kadar qui, elle, interprétera une chanson surprise. Mais je rassure, il y aura des hommes aussi dont quelques musiciens qui me rejoindront sur scène. Deux associations qui me sont chères seront également présentes : Aïna et Ti-princes marmailles.
• Quid des chansons ?
- Ce que je peux dire c’est qu’avec mon entourage, ma famille notamment, on a appréhendé ces trente ans différemment que pour les 20 ans où mes invités étaient des personnes qui ont jalonné mon parcours. Là l’idée est de mettre en avant les chansons et le spectacle s’articulera en trois parties. Quelques chansons que j’ai écrites pour d’autres, une deuxième partie avec celles qui ont résonné en moi et enfin les chansons de mon répertoire que les gens ont pu s’approprier d’une manière ou d’une autre durant leur vie, comme celles de l’album « Kèr Maron » par exemple. Récemment une dame m’a interpellé dans un collège et m’a demandé de lui interpréter « Mon Zanfan » parce que cette chanson a eu un impact très fort dans sa vie de maman.
• Des chansons inconnues du public aussi ?
- Il y en aura une en effet. Une inédite que très peu de personnes ont pu entendre jusqu’à présent et pour cause, je l’ai chantée l’an dernier pour la première fois dans un cimetière. Un titre en rapport avec l’esclavage et qui s’adressait à toutes ces personnes qui n’ont pas pu avoir de sépulture. En réalité, si je reste attaché à toutes mes chansons parce qu’elles ont chacune une histoire, sélectionner celles de ce concert anniversaire n’a pas été simple. Mais globalement, il y en aura une trentaine pour coller au thème des 30 ans.
• Au regard de ton parcours, t’estimes-tu chanceux ?
- J’ai eu la chance dans mon parcours de faire des premières parties, d’être invité par des artistes et maintenant que regarde dans le rétro, je pense que c’est bien d’en faire de même pour ceux qui arrivent ! Ces trente ans m’amènent à faire un bilan sur le chemin parcouru et mais aussi à regarder autour de moi pour voir ce qu’on peut encore apporter comme énergie et de positif. Cette idée de transmission me tient vraiment à cœur et j’espère y contribuer pendant plusieurs décennies encore.
• Considères-tu qu’au fil du temps, ton public a évolué ?
- Objectivement, de 2006 à aujourd’hui oui, il est plus mixte et plus métissé, toutes générations confondues. C’est assez étrange d’ailleurs de voir autant de jeunes que d’adultes m’interpeller dans la rue, c’est très gratifiant. Mi ramass’ dan’ kèr et mi continu avance trankil !
• Justement, comment te projettes-tu dans les dix prochaines années ?
- Pour l’instant je les rêve parce que je suis un rêveur et que je souhaite réaliser mes rêves comme pourquoi pas un nouvel album. Mais de manière plus générale, je rêve d’une Réunion plus forte et au risque de paraître ambitieux, je vivrais comme un privilège de pouvoir y contribuer. D’ailleurs, n’est-ce pas le propre du rêve ? Il y a encore beaucoup de choses à puiser dans ce qui a été fait et je crois beaucoup en la jeunesse qui selon moi est remplie de promesses. Les forces principales sont là, avec les éléments majeurs que sont hier et demain. Je rêve donc de grandes choses pour notre île et j’estime qu’il faut se donner les moyens de les réaliser et pour cela, il faut nécessairement être accompagné. Nou lé tellement plus forts quand nou rèv’ ensamb !
30-nou, Mersi !, au TPA le 25 novembre, 20 heures
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