Elle est envahissante et menaçante

Tulipier du Gabon : la plante orange dont il faut se méfier

  • Publié le 3 septembre 2022 à 11:27
  • Actualisé le 3 septembre 2022 à 11:30

Introduit sur l'île depuis les années 1950, le tulipier du Gabon et ces belles fleurs orangées est très apprécié. Arbre ornemental originaire d'Afrique, il s'adapte facilement à différents milieux. C'est pourtant une menace sérieuse pour la flore locale puisqu'il s'agit d'une plante envahissante. L'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a par ailleurs classé le tulipier du Gabon parmi les 100 espèces exotiques les plus envahissantes au monde. A La Réunion où une bonne partie de la flore est unique au monde, le danger est réel. (Photo : DR)

Depuis 2008, les autorités se sont saisies de la question. Une stratégie régionale de lutte a été mise en place par tous les partenaires (Région, Département, Intercommunalités…) en concertation avec le Parc national et la Deal (Direction de l'environnement, de l'aménagement et du logement).

Concrètement, la stratégie se décline dans des plans successifs : les Poli (programme opérationnel de lutte contre les invasives) et cela depuis 2010. Cette thématique a pris une nouvelle ampleur avec la publication en 11 avril 2019 d'un arrêté ministériel classant cette plante comme "espèce interdite dont l'achat, l'échange ou la vente est prohibé". 

Depuis, plusieurs municipalités ont supprimé l'espèce ornementale des parcs, des bords de rues et aux environs des habitations. Ainsi, en 2018, le Tampon a procédé à la coupe de neuf Tulipiers du Gabon en centre-ville après la chute d'un arbre lors d'un épisode cyclonique. En juillet 2019 la commune tamponnaise en a éliminé quatre autres.

En juillet 2022, Saint-Paul a décidé de former ses agents du service de l'environnement à reconnaître cette espèce invasive.

En plus de la menace que le fort pouvoir colonisateur du tulipier du Gabon fait peser sur la flore endémique de l'île, s'ajoutent les dégâts que cette plante provoque aux infrastructures. Ses racines peuvent boucher les canalisations, casser le béton, déformer les murs et les trottoirs. Bon à savoir, couper le tronc de l'arbre ne suffit pas, des rejets poussent en effet à même le tronc scié.

Autre désagrément potentiel, son système racinaire n'était pas adapté pour résister aux vents violents, le tulipier du Gabon peut causer des dégâts importants en période cyclonique.

Lire aussi : La Réunion a déclaré la guerre aux espèces exotiques envahissantes

Pour que la lutte soit opérationnelle, l'association AVE2M (Association pour la Valorisation de l'Entre Deux Mondes) intervient auprès des usagers comme des collectivités. "En 2022, nous avons créé  la plateforme internet "Ansamb kont invaziv" ", explique l'association. "L'objectif est de recenser les demandes des particuliers en faveur de la lutte de ces espèces exotiques envahissantes ou invasives", ajoute-t-elle. "Avec cette plateforme, l'intérêt c'est qu'on facilite la mise en lien entre  AVE2M, les particuliers et les élagueurs", souligne l'association.

Ainsi, en 2022, 54 demandes ont été recensées pour 82 tulipiers du Gabon chez des particuliers. 49 arbres exotiques sont en attente de prise en charge par l'association. "La mobilisation à la population est difficile", rappelle AVE2M. "Dans un premier temps, nous faisons du porte à porte avec les agents pour une sensibilisation au plus proche du terrain. Cela nous permet de recenser la demande d'abattage et par la suite, les élagueurs se rendent sur place pour le constat et le diagnostic avant la réalisation du devis", détaille ce dernier.

L'implication d'AVE2M ne s'arrête pas là pour la conservation de la biodiversité. "Notre association est "accompagnante de municipalité" et "accompagnante de la population réunionnaise"", souligne l'association. Parce qu'il y a un besoin de personnel pour mener à bien cette mission, "nous formons aussi en interne et sur le terrain". Des collectivités font donc appel aux compétences de cette association engagée dans la lutte de la conservation de la biodiversité mais elle s'engage aussi à former chaque agent qu'elle recrute pour mener à bien sa mission dans le but de pérenniser leur parcours professionnel et personnel.

mp/www.ipreunion.com / [email protected]

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4 Commentaires
lito
lito
2 ans

C est une bonne résolution j en avais 4 que j ai coupé. Les municipalités tardent à réagir car il suffit de passer sur le boulevard Bank à Saint Pierre en ce moment pour en voir en pleine floraison. De même dans le lit de la Rivière des Remparts à proximité du centre ville. On veut sensibiliser les particuliers c est bien mais les collectivités doivent aussi faire le nécessaire.

Zzzzz
Zzzzz
2 ans

Les espèces invasives ! Encore un problème écologique provoqué par l'homme . Comme beaucoup de problèmes écologiques en France, on met sous le tapis et on verra plus tard. Le greenwashing, le blabla écologique, les pseudo-débats, les promesses bidons à long terme feront le reste. Mais la destruction de la planète, elle, continue !

jeanno
jeanno
2 ans

Ce problème est connu depuis les années 2000! Dans un journal local il y avait déjà un article dans u journal sur la colonisation des espaces de montagne par le tulipier du Gabon! L'ONF mettait déjà en garde contre sa prolifération!22 ans minimum déjà!

Hdmc
Hdmc
2 ans

Nous sommes bien en France : 2008 à 2022, 14 ans est le problème n'est pas résolu et il faudra attendre encore une décennie