Devant la cour criminelle

Un couple accusé d'avoir injecté de l'insuline à leur nourrisson

  • Publié le 25 juin 2025 à 03:00
  • Actualisé le 25 juin 2025 à 12:56
Mathéo procès assises

Marie Berrichon et Alexandre Carron comparaissent depuis ce mardi 24 juin 2025 devant la cour criminelle. Le couple est poursuivi pour avoir administré à trois reprises de l’insuline à leur bébé de neuf mois en juin 2018, provoquant un handicap irréversible. Ils s'accusent mutuellement. (Photo www.imazpress.com)

Marie Berrichon, 38 ans et son ex-compagnon, Alexandre Carron, 37 ans comparaissent depuis mardi 24 juin 2025. Âgé de 8 ans aujourd'hui, Nathan souffre d'un handicap majeur irréversible. Aveugle, il vit dans une famille d'accueil dans une chaise roulante et ne réagit qu'au bruit et à la lumière.

Quelques jours avant la tragédie, la protection maternelle et infantile (PMI) en charge de Nathan avait fait une demande de placement auprès du parquet de Saint-Pierre.

- Des compétences parentales limitées -

Appelée à témoigner à la barre de la cour criminelle en ce premier jour d'audience, l'assistante sociale se remémore "la fragilité psychique" de la mère de la petite victime ainsi que "ses compétences parentales limitées". "Le bébé pleurait beaucoup. "Elle pensait qu'il faisait exprès pour l'embêter". L'histoire du couple laissait également à désirer. Des séparations fréquentes, un homme volage au lourd passé familial condamné pour des violences conjugales sur sa compagne.

Lors de la naissance de Nathan en septembre 2017 - un enfant "agréable, souriant, en pleine santé" selon le médecin de famille - un signalement avait été effectué concernant le couple parental par le service de néonatologie du CHU du sud préconisant une mesure de protection judiciaire "La mère séparée du père refusait catégoriquement qu'il s'approche de l'enfant" détaille le président de l'audience. Marie Berrichon et Alexandre Carron s'étaient séparés au début de la grossesse.

- Une mère insulinodépendante -

Si par la suite ce dernier s'était montré peu présent, il s'était de nouveau installé au domicile familial en avril 2018 pour la soutenir. Soignée pour du diabète, la trentenaire était dépassée par les tâches parentales et souffrait des pleurs très fréquents du bébé. Une aide éducative avait d'ailleurs été mise en place pour l'aider et trois infirmières passaient au domicile du Tampon pour les injections quotidiennes d'insuline qu'elle n'arrivait pas à se faire elle-même.

Le samedi 16 juin 2018, Nathan avait "encore plus pleuré que d'habitude" selon les parents et ne semblait pas dans son état normal. L'après-midi, Nathan était toujours dans le même état alors qu'ils s'étaient rendus chez le grand-père paternel à Saint-André sans penser à aller consulter un médecin.  Vers 5h30 du matin le dimanche, Alexandre Carron avait trouvé son fils amorphe dans son berceau et sans aucune réaction. Le couple avait appelé le SAMU à l'apparition de premières convulsions.

Hospitalisé, Nathan avait été examiné par un médecin légiste relevant une intoxication médicamenteuse par insuline ainsi que trois traces de piqure de seringue à la cuisse. Les deux parents avaient été placés en garde à vue.

"Marie Berrichon n'était pas inquiète et dans un déni total même lorsqu'on lui a présenté les photos impressionnantes de son enfant" narre le directeur de l'enquête interrogé en visioconférence. "C'était déconcertant" confie le gendarme.

- Un père excédé qui veut regarder le foot -

Lors de leurs auditions, les parents avaient nié avoir administré une quelconque substance à Nathan. Seule Marie Berrichon avait été mise en examen. Mais dans les suites de l'enquête et le recueil des témoignages des voisins et des proches Alexandre Carron avait lui aussi été mis en examen à son tour. Sa compagne l'avait alors accusé d'avoir "assassiné" leur enfant, déclaration qu'elle a confirmé ce mardi matin à la barre. Selon ses dires, Alexandre Carron était excédé par les pleurs répétitifs de son fils alors qu'il voulait regarder tranquillement un des matchs de football en cette période de Coupe du monde. Une version démentie par l'intéressé.

Confrontés aux déclarations des accusés ce jeudi ainsi qu'aux résultats des expertises psychologiques et psychiatriques réalisées dans au cours de l'information judiciaire, les cinq magistrats professionnels vont devoir se prononcer sur la culpabilité des mis en cause qui encourent 20 ans de réclusion criminelle.

Marie Berrichon présente une structure psychotique de la personnalité résultant de négligences et de carences affectives graves pendant l'enfance. Sa relation mère/enfant est qualifiée "d'insecure" typique des relations qu'entretient un parent psychotique avec son enfant. Selon le psychiatre l'ayant examiné, elle aurait pu vouloir calmer les pleurs de son enfant en lui injectant de l'insuline sans mesurer les risques irréversibles d'un surdosage. Le praticien estime également que la mère aurait pu présenter un syndrome de Münchhausen par procuration. Cette maltraitance consiste pour une mère à déclencher délibérément des problèmes de santé graves chez son enfant pour attirer l'attention et la compassion sur elle. Une altération du discernement est établie.

Quant au père de l'enfant, aucune anomalie mentale n'a été décelée par les experts.

Le verdict devrait tomber ce jeudi 26 juin 2025 en fin de journée.

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