Vers le retour des importations de bovins métropolitains

Plan zéro leucose : un tiers des exploitations "assainies" à ce stade

  • Publié le 9 février 2022 à 02:59
  • Actualisé le 9 février 2022 à 06:38

L'annonce date déjà de juin 2019 : le plan d'éradication de la leucose bovine envisagé par l'Etat. Objectif : assainir les cheptels contaminés par l'entrée de nouvelles bêtes saines afin de renouveler les troupeaux. La Direction de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt (Daaf) indique que le travail a bel et bien commencé : un tiers des exploitations est considéré comme "assaini", un second tiers est en cours d'assainissement. Si le "plan zéro leucose" n'a pas nécessité pour l'instant d'importation de bovins métropolitains, cela pourrait être amené à changer cette année. (Photo d'illustration rb/www.ipreunion.com)

Ils ont fini par arrêter leur activité d'éleveur bovin : Jean-Paul Bègue ou les Lauret, agriculteurs au cœur de la crise de leucose, se disent fatigués. "Je n'a plus rien, plus de bête depuis un an" explique Georges Lauret, auparavant à la tête d'une exploitation de 35 vaches laitières à la Plaine des Cafres. En-dehors de ses différends avec la Sicalait, l'agriculteur affirme que son cheptel a été dévasté par la leucose.

Maladie non mortelle, celle-ci affaiblit les vaches au point de les exposer à d'autres maladies. Et éradiquer ce fléau prendra du temps selon lui. "L'Etat parle d'un plan leucose, ils veulent faire entrer 250 à 300 bêtes saines il paraît. Mais la leucose ça reste dans le sol, ça se transmet à d'autres petits animaux. Il faudrait tuer toutes ces bêtes et attendre trois ans avant de remettre des vaches saines" estime-t-il.

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"Chez mon voisin, 70 bêtes ont été euthanasiées" affirme Georges Lauret. Des bêtes contaminations par la leucose mais surtout atteintes d'autres maladies : fièvre Q, BVD (diarrhée virale des bovins) ou IBR (rhinotrachéite infectieuse bovine).

Jean-Paul Bègue, lui aussi à la Plaine des Cafres, a abandonné les bœufs et s'est concentré sur son élevage de cabris. "La leucose n'a pas disparu" affirme-t-il. Depuis fin 2021 il n'a plus aucune vache dans son exploitation, lui qui comptait 82 individus dont 52 vaches laitières. "Ce n'est plus la peine" lâche-t-il. Pour lui, la maladie mettra bien cinq ans à partir.

- L'importation de bovins métropolitains prévue en 2022 -

Les agriculteurs savent bien que la Daaf poursuit le plan leucose discuté dès 2019, mais les informations circulent peu. "Ça se fait discrètement" affirme Georges Lauret. L'un comme l'autre ont bien entendu parler d'importations de bovins mais sans certitude.

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Interrogée, la Daaf indique ne pas encore en avoir eu la nécessité. "Jusqu’à présent, la recapitalisation des cheptels avec des animaux reproducteurs indemnes, s’est faite sans recours à l’introduction de bovins métropolitains. Toutefois, les discussions interprofessionnelles ont fait apparaître le besoin de permettre ces introductions en 2022" nous dit-on. Plusieurs facteurs sont cités : la crise Covid faisant apparaître "une demande accrue de viande bovine péi", le développement de l’autonomie alimentaire de l’île, et bien entendu le besoin de renouveler les cheptels plus rapidement avec des animaux sains.

"Les professionnels ont donc élaboré un protocole sanitaire strict permettant d’encadrer l’introduction des bovins, et créé une association interprofessionnelle chargée de suivre la mise en place de ce protocole : l’ARIPIR (Association réunionnaise interprofessionnelle pour l’introduction des ruminants). Le Préfet de la Réunion a accompagné cette démarche et a décidé, par arrêté préfectoral du 20 janvier 2022, l’extension du protocole à toutes les introductions de ruminants sur l’île" rappelle la Daaf. Le 28 janvier 2022, les membres de cette association ont d'ailleurs présenté leur volonté de mettre en place un protocole sanitaire.

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Questionnée sur le nombre de bovins qui pourrait être importés et l'échéance envisagée, la Daaf ne fournit pas d'éléments à ce stade, y compris sur le coût que pourrait représenter cette opération. Selon les éleveurs interrogés, l'importation d'une vache de Métropole représenterait entre 4.500 et 5.000 euros… par animal.

- Un tiers des cheptels assaini, un autre tiers en cours -

Tous les ans, chaque cheptel bovin de La Réunion "fait l’objet d’une prophylaxie qui permet notamment de connaître les animaux qui sont porteurs de la LBE (porteurs sains dans la grande majorité des cas) et ceux qui ne le sont pas" assure la Daaf qui dit suivre avec attention l'évolution de la maladie à La Réunion.

Quatre étapes sont bien distinctes :

- Placement de l’exploitation d’élevage sous " arrêté préfectoral de déclaration d’infection " (APDI), qui suspend temporairement la circulation des bovins de l’exploitation ;

- Séparation stricte du cheptel entre les animaux porteurs et les animaux non porteurs de la LBE ;

- Sortie progressive des animaux porteurs de l’exploitation (vers l’abattoir) et sortie du circuit alimentaire en cas de symptôme ;

- Lorsque tous les animaux porteurs de LBE ont été sortis de l’exploitation, et après s’être assuré que plus aucun animal n’est porteur, levée de l’arrêté préfectoral APDI et délivrance de la qualification sanitaire de statut indemne de l’exploitation d’élevage.

La Daaf assure qu'il n'y a eu "aucun abattage total de cheptel mais une sortie ciblée des seuls animaux porteurs". Après des lenteurs longtemps reprochées à l'Etat pour mettre en place le "plan zéro leucose", il semble que l'opération porte peut à peu ses fruis.

En effet au 31 janvier 2022, la Daaf indique que sur environ 1000 éleveurs de bovins à La Réunion, 333 exploitations sont estimées "saines", 350 exploitations sont en cours de plan d’assainissement - leur qualification de statut indemne peut être données d'ici quelques semaines ou quelques mois – et environ 320 exploitations "ne sont pas encore engagées dans un plan d’assainissement et elles le seront progressivement" précisent la Daaf.
 
mm/www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

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2 Commentaires
Goyave pays
Goyave pays
3 ans

Que nos goyaves de France prennent conscience que notre ile est un milieu fermé et que toute introduction d'animaux vivants est la voie élective d'entrée d'autres maladies ou zoonoses dans le pays. De plus notre écosystème de milieu tropical, que nos décideurs ignorent souvent, impose le choix des bêtes rustiques et adaptés a ce biotope. Pourquoi importer des animaux en provenance de l'hexagone qui sont certes productifs mais fragiles, alors que nos amis caribéens qui ont bien compris ce principe, ont opté pour le zébus adaptés sous nos tropiques, résistants aux maladies et dont la qualité de la viande est bien supérieure aux vaches de reforme que l'on nous propose ici à la Réunion.

30% du cheptel est assaini donc ; 70% du
30% du cheptel est assaini donc ; 70% du
3 ans

cheptel est contaminé'.Il y a environ du boulot avant que j'achète du fromage du lait et de la viande ''