Si pendant toute la campagne présidentielle, les partis de gauche ont porté en étendard la lutte contre les violences faites aux femmes, quelques mois plus tard, les accusations portées à l’encontre de certains politiciens mettent les partis dans l’embarras. Accusation de violences sexuelles contre l’ex-candidat aux législatives Taha Bouhafs, de violences psychologiques contre le secrétaire national EELV Julien Bayou, de harcèlement et agression sexuelle contre le député Eric Coquerel, ou encore de violences conjugales contre le député Adrien Quatennens…Les casseroles s’accumulent, avec des réponses politiques plus ou moins satisfaisantes. Voire pas du tout (Photo d'illustration rb/www.imazpress.com)
Si nombre de militant.es féministes avaient accordé leur confiance à Jean-Luc Mélenchon, candidat à la présidentielle, la réponse de ce dernier aux accusations visant Adrien Quatennens a largement rompu le lien.
Alors que le député et porte-parole de la France insoumise a avoué avoir giflé sa femme, mais aussi l’avoir harcelée par message, pris son téléphone ou encore lui avoir agrippé le poignet - des gestes qui tombent tous le coup de violences conjugales - le candidat déchu…l’a félicité pour sa prise de parole. Pire, Jean-Luc Mélenchon s’est attaqué aux médias et aux forces de l’ordre, et a apporté son soutien au député.
Si Adrien Quatennens, si vocal sur la lutte contre les violences conjugales, s’est retiré de son poste de coordinateur du parti, les réactions de certains membres de son parti - masculins en particulier - détonnent largement avec les engagements pris sur la question. Le député Manuel Bompard a par exemple déclaré lors d’une interview « une gifle n’est jamais acceptable, mais elle n’est pas égale à un homme qui bat sa femme tous les jours », relativisant donc le geste de son collègue.
Même son de cloche pour les accusations visant Eric Coquerelle. Accusé par Sophie Tissier. ancienne gilet jaune, de "comportement outrancier, offensant, harcelant", ce dernier est aussi visé par une enquête du parquet de Paris pour "harcèlement et agression sexuels ». Pour Jean-Luc Mélenchon cependant, il ne s’agit ici que « d’une rumeur et d’une opération politique ». Circulez il n’y a rien à voir. Le député continue donc tranquillement son mandat de député, et est même président de la commission des Finances de l'Assemblée nationale.
Adieu la lutte contre les violences, bienvenue à la protection entre copains. Des débats entre personnes se proclamant de la gauche ont fait rage pour savoir si, oui ou non, une gifle était vraiment si grave. L’unique homme visé par des signalements à avoir souffert de conséquences est Taha Bouhafs. Mais même ici, il a d’abord bénéficié d’un soutien de ses collègues, avant que les réelles raisons de son abandon à la course aux législatives ne soient dévoilées.
La droite et le parti présidentiel n’ont pas à rougir côté violences conjugales et sexuelles. Mais on peut au moins leur concéder de ne pas saluer le « courage » d’un collègue après qu’il a avoué avoir frappé sa compagne.
Si la question de la gestion de ce type d’affaire est délicate, il est difficile d’imaginer un tel traitement des signalements dans des partis qui ont fait les yeux doux aux mouvements féministes des mois durant. Même du côté d’EELV, où Julien Bayou a été écarté, la gestion laisse à désirer.
L’accusé lui-même a annoncé se retirer, non par responsabilité, mais parce que « cette situation est intenable et le contexte délétère semble empêcher tout discernement ».
On ne peut s’engager à croire les femmes victimes de violences, pour finalement décider de ne les croire que lorsque cela concerne des opposants politiques. Dans ce cas, on ne peut se targuer d’être féministe. Juste opportuniste.
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