[PHOTOS/VIDÉOS] Immigration clandestine

"Wuambushu" : une opération "nécessaire à la sécurité des Mahorais", déclare le préfet de Mayotte

  • Publié le 24 avril 2023 à 17:59

Wuambushu, l'opération d'expulsions massives d'étrangers en situation irrégulière et de démolition de bidonvilles a commencé à Mayotte. Des centaines de policiers, gendarmes, surveillants de prison, magistrats... sont arrivés en renfort depuis plusieurs jours. L'opération doit durer deux mois. Dans le contexte de tension extrême qui existe à Mayotte depuis quelques, le risque de débordements et de recrudescence la violence est réel. Les opérations de décasage devraient débuter ce mardi 25 avril. Ce lundi, 36 ressortissants Comoriens séjournant illégalement à Mayotte ont été interdit de débarquer à Anjouan (Photos : Grégoire Merot)

  • Fin de direct

    Merci d'avoir suivi cette actualité avec nous

    Bonne soirée et à demain

  • La préfecture interdit la vente de carburants sous forme conditionnée

    "A compter du lundi 24 avril 2023 à 17 h, et pour une période renouvelable de8  jours, la vente et l’achat de carburants sous forme conditionnée dans des récipients transportables manuellement (jerricans, bidons) sont interdits aux stations Total de Tsoundzou, de Kawéni (commune de Mamoudzou) et de Chirongui. Cette mesure ne s’applique pas aux usagers professionnels, sous réserve de justificatifs" annonce la préfecture

  • "Je ne sais pas qui va s'en sortir avec cette opération mais certainement pas nous, ça c'est sûr"

    À Tzoundzou, les habitants, regardent, assis sur un banc, les affrontements se jouer entre forces de l'ordre et jeunes individus. "Nous, Wumbushu, on savait très bien ce que cela voulait dire et voilà, on y est et ça va être la guerre tout le temps avec nous au milieu", déclare un homme.

    Pour un autre, "tout cela c'est de la communication, alors qu'on a tellement besoin de solutions". "On sait tous très bien que ça ne marcher jamais, ça va être encore pire qu'avant et pour longtemps."

    Le troisième homme du groupe, confie, "les violences d'aujourd'hui, ça ne nous fait plus rien, malheureusement nous y sommes habitués".

    Un autre conclut en disant, "je ne sais pas qui va s'en sortir avec cette opération mais certainement pas nous, ça c'est sûr".

  • "Une opération nécessaire pour la sécurité des Mahorais"

    Concernant la fermeture du port d'Anjouan. "Tous les jours on a des échanges." "On espère pouvoir reprendre rapidement les rotations sur un rythme normale", déclare le préfet. "On a des accords avec les Comores et des intérêts communs pour que ces migrations massives ne se fassent pas du tout."

    Les "opérations de lutte contre la délinquance et de lutte contre l'habitat insalubre, on ne les arrêtera pas aujourd'hui. On va continuer car cette opération est nécessaire à la sécurité des Mahorais aujourd'hui."

  • "La déconstruction est tout sauf arbitraire", déclare Thierry Suquet

    Concernant l'habitat insalubre, le préfet précise que "les gens qui vivent là sans eau, sans électricité sont en danger". "Cela est fait après enquête sociale qui permet de faire des propositions. C'est tout sauf de l'arbitraire et sauf de l'impréparation. On s'est rendu chez les gens avec les partenaires sociaux et sur six secteurs nous avons des arrêtés pris qui sont d'ores et déjà exécutoires". On mettra en oeuvre "la déconstruction pour ceux où le juge à donner le feu vert et a contrôlé les arrêtés", déclare Thierry Suquet, le préfet de Mayotte.

    "L'objectif est plus de bidonville à Mayotte et dès lors qu'on nous présentera des lieux insalubres on mettra en oeuvre des solutions de relogement pour les personnes en situation régulière qui vivent dans cet endroit", ajoute-t-il.

  • Plusieurs affrontements en cours

    Plusieurs affrontements opposent des jeunes manifestants aux forces de l'ordre. C'est notamment le cas à Kahani, un quartier de la commune de Ouangani (centre -ouest de Mayotte). Regardez

     

  • "On est là pour protéger les gens"

    Le préfet de Mayotte, Thierry Suquet s'est exprimé en direct. "On va protéger les gens en étant comme ça sur le terrain et en refusant de reculer. Si on est présent à Tzoundzou c'est pour protéger les gens", dit-il.

    "Notre objectif c'est que nos opérations de sécurisation se poursuivent. On est là pour donner de la sécurité aux Mahorais, que les gens circulent librement, on est là pour que les gens puissent aller travailler et qu'on reprenne une vie normale", dit-il. "On viendra autant que nécessaire dans ces quartiers où les manifestants n'ont pas envie qu'on vienne."

    Quatre escadrons de gendarmerie et des CRS, "c'est une première en Outre-mer". "On a des renforts civils et depuis plusieurs mois on prépare la démolition de l'état insalubre."

    "On est aujourd'hui sur ce qu'on voulait faire, être présent avec des renforts, intervenir là où on en a besoin et on va continuer à monter en puissance", précise le préfet de Mayotte, Thierry Suquet.

  • À "Talus 2", les gendarmes procèdent à des contrôles

    Notre correspondant est actuellement dans le quartier "Talu 2", à Majicavo, au nord de l’île de Mayotte. Un quartier qui doit être en parti détruit demain. Sur place, les gendarmes mobiles procèdent à des patrouilles et des contrôles.

  • Opération de sécurisation en cours à Tzoundzou

    À Tzoundzou, les forces de l'ordre (Raid, police et CRS) sont sur place pour sécuriser les lieux et les habitations face à des individus en combinaison blanche.
     

  • Les blindés de la gendarmerie déblayent les voies

    Ce lundi matin, un véhicule blindé à roues de la gendarmerie a été dépêché sur la RD3 entre Vahibé et Miréréni pour dégager les arbres coupés disposés en travers de la route.

  • À Koungou, on se prépare à l'opération d'expuslion

    Des préparatifs ont été menés lundi dans un bidonville de la commune de Koungou à Mayotte, à la veille de la première opération d'expulsion prévue mardi a constaté une journaliste de l'AFP.

    "C'est le dernier jour de préparation avant la démolition de demain", a indiqué Psylvia Dewas, chargée de projet sur l'habitat insalubre à la préfecture de Mayotte, coordinatrice des opérations de décasage.

    Au total, 85 familles de cette opération, initiée depuis un an, sont sous le coup d'une expulsion.

    Des marquages ont été apposés à l'aube sur 20 habitations qui seront épargnées car sous le coup d'une procédure de référé, a précisé Mme Dewas.

    "Sur l'île de Mayotte, on estime à 30% l’habitat en tôle, illégal, construit sans autorisation, ni titre et insalubre et à ce titre dangereux, surtout dans la mangrove ou des pentes, et susceptible de partir au moment de la saison de pluie", a expliqué la coordinatrice, chiffrant à 100.000 personnes la population des bidonvilles sur l’île.

    Lire aussi - Mayotte: derniers préparatifs avant des expulsions dans un bidonville

  • Anjouan refuse d'accueillir 36 ressortissants comoriens séjournant illégalement à Mayotte

    Les Comores ont mis à exécution leur menace de ne pas accueillir les personnes en situation irrégulière venant de Mayotte. 36 personnes en situation irrégulière expulsées de l'île française n'ont pas pu être accoster à Anjouan, indique nos confrères de linfokwezi.fr

    Face à la fermeture du port d'Anjouan, le navire de la société de gestion de transport maritime, a dû faire demi-tour.

    "Tant que la partie française décidera de faire des choses de façon unilatérale, nous prendrons nos responsabilités. Aucun expulsé ne rentrera dans un port sous souveraineté comorienne", a déclaré à l'AFP le ministre comorien de l'Intérieur, Fakridine Mahamoud.

    En milieu d'après-midi, les autorités portuaires du port d’Anjouan ont temporisé cette déclaration. Selon linfokwezi.fr le port d'Anjouan a déclaré qu'"en raison de diverses activités de zonage du port de Mutsamudu (capitale d'Anjouan - ndlr) et de la mise en place du dispostitif de sécurité", "aucun navire ne pourra être accueilli avant au mieux le 26 avril" ce qui semble laisser une porte ouverte pour un accueil ultérieur des personnes expulsées.

  • La crainte de violences plus intenses

    Face à l'opération "Wuambushu", la crainte de tensions plus fortes et plus vives se fait sentir à Mayotte, département où les vacances scolaires démarrent ce lundi 24 avril 2023. Et ce, pour deux semaines.

    Les forces de l'ordre arrivées en nombre devront donc s'adapter à un terrain qu'ils ne connaissent pas.

  • Des élus sous protection

    Selon nos informations, dans les milieux jugés extrémistes, des appels à s'opposer par tous les moyens à l'opération "Wuambushu" ont été lancés.

    La députe Estelle Youssouffa (LIOT) a d'ailleurs révélé avoir subit des menaces en lien avec sa position en faveur de l'opération de destruction des bidonvilles et de lutte contre l'immigration clandestine.

  • Un point presse à 16h30 (heure Réunion)

    Le préfet de Mayotte, Thierry Suquet, tiendra un point presse dans le cadre des opérations de sécurisation. Le point presse se fera à 16h30 (heure Réunion), sur la route de Kwalé. Lieu où les affrontements entre forces de l'ordre et jeunes font rage.

  • Affrontements entre les forces de l'ordre et les jeunes à Tzoundzou

    Dans le village de Tzoudzou, au sud de Mayotte, les esprits s'échauffent entre les jeunes et les forces de l'ordre. Jets de pierre et gaz lacrymogènes fusent. Les jeunes, habillés de combinaisons blanches, tentent d'encercler les forces de l'ordre sur place.

    De leur côté, les forces gendarmes tentent de sécuriser la RN1, seule route pour accéder à Mamoudzou.

  • Les forces de l'ordre veulent reprendre du terrain

    À Tzoundzou sur la route de Kwalé, les forces de l'ordre ont pris la route pour tenter de reprendre un peu de terrain. Un quartier qui abrite un immense bidonville ainsi qu'un collège.

  • Militaires et gendarmes déployés à Tzoundzou

    Ce lundi, les militaires, les gendarmes mobiles se sont donc déployés à Tzoundzou dans le sud de Mamoudzou. Commune où la tension règne entre les forces de l'ordre et les jeunes.

    Tzoundzou où les forces de l'ordre ont déplayé les barrages qui avaient été érigés la veille et dont la route porte encore les stigmates.

  • Situation tendue à Tzoundzou

    À Tzoundzou, dans la banlieue de Mamoudzou, la tension est peu redescendue. Dans ce quartier, des affrontements ont opposé ce week-end les forces de l'ordre à des individus. Depuis, la CRS 8 et le Raid ont été mobilisés.

    Dans ce quartier où les habitations seront détruites, la situation reste toutefois tendue.

  • Les habitants de Hamouro en colère

    Toujours dans la commune de Bandrele, dans le quartier de Hamouro, même crainte. Ce quartier est également voué à être détruit. Toutefois, beaucoup n'ont aucune nouvelle quant à un possible relogement.

    Notre correspondant explique qu'un homme, en situation régulière, avec une femme française et des enfants scolarisés à Hamouro, ne sait pas où il ira. À l'inverse, la mairie de Bandrele assure faire le nécessaire pour qu'il n'y ait pas de dégâts collatéraux de nature sociale.

  • Le quartier de Douka Be à Bandrele voué à disparaître

    À Bandrele, dans le quartier de Douka Be, au sud de Mayotte, plusieurs habitations sont vouées à disparaître.

    Si certains indiquent que les habitants ont reçu des offres d'hébergement et des parcelles constructibles, il n'en est rien du côté des résidents de ce bidonville. Les personnes savent que leur quartier va être détruit, mais sans savoir quand aura lieu l'opération ni même s'ils seront relogés.

    Un quartier qui vit la peur au ventre d'une éventuelle destruction, précise notre correspondant sur place.


  • 26 personnes interpellées ce week-end déclare Darmanin

    Interrogé sur Télématin, Gérald Darmanin a rappelé les objectifs de cette opération. "À Mayotte, nous menons une action résolue contre la délinquance et les bandes, avec des moyens exceptionnels", a-t-il dit.

  • L'opération "Wambushu" a commencé

    La vaste opération d'expuslion des personnes en situation irrégualière a bien démarré à Mayotte ce lundi 24 avril. Pour l'heure, les forces de l'ordre procède au déblayage des routes et aux contrôles des véhicules.

  • Estelle Youssouffa attend une réponse de l'Élysée

    Estelle Youssoufa, députée de Mayotte, était interrogée ce matin sur RTL par Jean-Jacques Bourdin. Elle demande un navire militaire à proximité de Mayotte.

    Selon ses dires, "95% des étrangers à Mayotte sont Comoriens".

    "Si les personnes expulsées ne peuvent pas être empêchées de revenir, cela sera juste une opération de communication." Tous les jours des centaines de personnes arrivent illégalement par bateau."

  • Une manifestation anti-Wambushu organisée à Kawéni

    À Kawéni, dans la banlieue de Mamoudzou, était organisé ce lundi 24 avril une manifestation contre l'opération Wambushu. Une manifestation interdite par la préfecture et donc, annulée. Sur place, un important dispositif de gendarmerie.

  • Les derniers jours du bidonville "Talus 2"

    Selon nos informations, il pourrait y avoir un possible décasage du quartier Majikavo Talus 2 ce mardi.

    De nombreux habitants ont fui avec leurs affaires, indique notre correspondant.

  • Des affrontements à Mayotte

    Depuis ce week-end, des affrontements ont eu lieu, notamment dans les villages de Tsoundzou 1 et Tsoundzou 2 (dans la banlieue de Mamoudzou). Huit blessés sont à dénombrer du côté des forces de l'ordre.

    Pour contrecarer cela, les forces de l'ordre mènent des opérations anti-délinquances et de "sécurisation publique".

    Face à ces affrontements et face à la présence renforcée des forces de l'ordre, les gens fuient les quartiers pour trouver refuge ailleurs, indique notre correspondant sur place.

  • Quels sont les objectifs du gouvernement ? Le préfet de Mayotte apporte les éléments de réponse

    Intérrogé par Mayotte La 1ère, le préfet de Mayotte Thierry Suquet, s'est épanché sur les objectifs de l'opération "Wambushu". Le premier objectif est d’interpeller des bandes criminelles. "Ceux qui s’attaquent aux scootéristes avec des machettes, ceux qui tentent de s’introduire dans les lycées avec violence, ceux qui s’attaquent aux bus scolaires etc", énumère-t-il. 

    "On va démolir un certain nombre de sites, on espère au moins une quinzaine. Ils sont choisis en accord avec les maires", précise Thierry Suquet.

  • L’association Droit au logement demande la suspension de l’opération

    L’association Droit au logement (DAL) a appelé ce dimanche à stopper l’opération de police dite "Wuambushu" amorcée dans les bidonvilles de Mayotte par le gouvernement pour endiguer la délinquance et l’immigration illégale, indique Le Parisien.

    Cette opération risque de "briser des familles" et de les jeter "dans la grande misère", redoute l’association. Dans son communiqué, le DAL appelle à l’arrêt de cette opération "anti-pauvres" et qui "confirme une nouvelle régression des politiques du logement des classes populaires : on résorbe l’insalubrité non plus en relogeant les habitants de quartiers informels, mais en les stigmatisant pour mieux justifier leur expulsion".

    "Le préfet doit toutefois respecter certaines conditions", souligne le DAL, comme "afficher l’arrêté un mois à l’avance, sur les habitations concernées et en mairie, auquel est annexée une proposition de relogement ou d’hébergement pour le ou les occupants". Or le DAL estime que Mayotte "ne dispose pas des moyens suffisant de relogement ni même d’hébergement au regard du nombre d’expulsions/destructions envisagées".

  • Les défenseurs des droits inquiets

    Plusieurs organisations, dont la Ligue des droits de l'Homme, se sont inquiétées que "la France place ainsi des mineurs dans des situations de vulnérabilité et de danger intolérables".

    La Commission nationale consultative des droits de l'Homme (CNCDH) a demandé à Beauvau de renoncer à l'opération, face aux risques d'"aggravation des fractures et des tensions sociales" à Mayotte et d'"atteinte au respect des droits fondamentaux des personnes étrangères".

    "Les actions annoncées (...) m'inquiètent tout particulièrement", a aussi déclaré la Défenseure des droits Claire Hédon, qui a annoncé la présence de quatre de ses délégués sur place.

  • Gérald Darmanin reste flou quant au commencement et à la durée de l'opération

    Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a confirmé, vendredi, une série d'interventions policières contre la délinquance et l'immigration illégale à Mayotte, baptisée "Wambushu".

    Toutefois, le ministre de l'Intérieur a démenti un lancement ce lundi et pour une durée de deux mois, avancé par la presse. "Il n’y a pas un moment où on la commence et un moment où on la termine", a-t-il ajouté, affirmant même que l'opération avait "déjà commencé".

    "Il y a 1.800 policiers et gendarmes en ce moment-même à Mayotte qui font des opérations de police, qui mettent fin au trafic d'armes, qui mettent fin aux bandes criminelles", dont 60 ont été dénombrées, dit-il.

    Au total, plus de 2.500 personnels (forces de l'ordre, agence régionale de santé, justice, réserve sanitaire) sont mobilisés, selon une source proche du dossier.   

  • Bonjour La Réunion

    Merci de nous retrouver en ce lundi 24 avril 2023, jour présumé du début de l'opération Wuambushu à Mayotte. Une opération d'expulsions massives d'étrangers en situation irrégulière et de démolition de bidonvilles, orchestrée par le ministère de l'Intérieur et des Outre-mer.

    Des centaines de policiers, gendarmes, surveillants de prison, magistrats... sont arrivés en renfort depuis plusieurs jours. L'opération doit durer deux mois.

À propos

Révélée en février par le Canard enchainé, cette opération d'une envergure inédite à ce jour, a finalement été confirmée par Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur et des Outre-mer, dans une interview au Figaro.fr.

"Les opérations d’ordre public à Mayotte, c’est tous les jours" a déclaré le ministre sans vouloir donner de date précise pour le début des opérations. Mais plusieurs sources affirment que le déclenchement aura lieu dès la fin du ramadan. Le mois de jeûne est terminé et l'arrivée massive des forces de l'ordre sur l'archipel ces derniers jours semblent confirmer l'imminence de l'opération.

Sur un territoire gangréné par l'immigration clandestine, Wuambushu est soutenue par les élus et une grande majorité de la population mahoraise.

Lire aussi Mayotte : Wuambushu, l’opération de tous les dangers

Selon l'Insee, environ 48% de la population était de nationalité étrangère et 42 % des habitants n’y étaient pas nés. Entre 5 et 8 000 mineurs isolés sont présents sur le territoire.

"Officiellement, la population à Mayotte est passée en 30 ans de 65.000 à 256.000 personnes" précise Gérald Darmanin dans son interview au Figaro.fr

- Services publics saturés -

Cette démographie galopante lèse, de fait, les Mahorais dans leurs droits : celui à une éducation dans des conditions de scolarité normales, de se soigner correctement, alors que seul un hôpital supporte presque l’ensemble de l’offre de soins du plus grand désert médical de France.

"Le nombre de lits représentant à peine 40 % de la moyenne hexagonale, avec 1,56 lit pour 1.000 habitants" détaille un rapport du Sénat datant de juillet 2022. Au-delà, c'est l’ensemble des services publics de base qui est saturé et donc défaillant.

Lire aussi : Mayotte : "Wuambushu" pour expulser à tour de bras les étrangers en situation irrégulière

Reste que des associations des droits humains, des magistrats, des soignants…Nombreux sont ceux qui s’inquiètent des répercussions – et de la finalité – de cette opération voulue par le ministère de l’Intérieur et des Outre-mer.

Du coté des Comores, une partie de l'opinion publique fustige le président Azali, coupable selon elle de trahison pour avoir "plié face à la France".

Depuis, le chef de l'Etat comorien, également président de l’Union africaine, a appelé le gouvernement français à renoncer à l’opération.

À Anjouan, le gouvernant local a opposé un refus catégorique à l'arrivée de 20.000 personnes expulsées de Mayotte.

- La Réunion en alerte -

À La Réunion, on se prépare également au début de cette opération qui aura lieu à Mayotte. Les risques de débordement et de violences sont réels. Dans notre département, les services de santé sont donc en alerte afin de venir en aide "le cas échéant", à leurs homologues de Mayotte.

Les services de la Croix-Rouge Réunion suivent "l'imminence de cette opération via des familles que nous hébergeons et qui ont des proches concernés", indique Manon Héribert-Laubriat, directrice du pôle lutte contre les exclusions. "Les familles que nous accompagnons à La Réunion ont la crainte de perdre le contact et la trace de leurs proches suite à l'opération", ajoute-t-elle.

Du côté de l'Agence région de santé (ARS), "nous avons tenu deux réunions avec les établissements de santé, les Samu, les ARS des deux territoires. Les besoins d’aide dans l’immédiat concernent les médecins urgentistes et les sages-femmes", précise les services. "La Réunion s’est organisée pour accueillir en cas de besoin les patients qui bénéficieront d’une Evqaasan (évacution sanitaire - ndlr)."

"Comme les autres établissements du Groupement hospitalier de territoire, le CHU se prépare à pouvoir venir en appui du Centre hospitlatier (CHM) de Mayotte en cas de besoin", indique le Centre hospitalier universitaire, interrogé par Imaz Press.

Les forces de sécurité sont quant à elles bien rôdées à l'exercice. "Si ça déborde, on peut intervenir en urgence, comme cela a toujours le cas", indique Stéphane Lebreton de SGP Police FO. "On est prêt à renforcer les équipes de Mayotte en cas de problème et en attendant que des renforts arrivent de métropole, étant donné que nous sommes la première force projetable", ajoute-t-il.

Lire aussi - Wuambushu à Mayotte : les services de santé sont en alerte à La Réunion

- Les élus de La Réunion inquiets -

Pour les élus, une question se pose, celle du relogement. "Je suis contre l'immigration illégale et pour la déconstruction des bidonvilles mais les enfants, où iront-ils, y-a-t-il eu anticipation pour le logement", a déclaré en direct sur une radio locale la députée Nathalie Bassire. "L'État a laissé pourrir une situation et d'un seul coup veut tout résoudre avec cette opération. Cela va créer beaucoup de haine et de ressentiment de part et d'autre."

Philippe Naillet, député souligne que "l’approche sécuritaire ne suffira pas pour résorber les multiples crises qui minent Mayotte depuis longtemps". "Le problème de Mayotte est bien plus vaste : les politiques publiques concernant les domaines de la santé, du logement, de l’éducation, ne sont pas à la hauteur de ce qu’il faudrait mettre en œuvre dans un département français en 2023. Faut-il encore rappeler qu’à Mayotte en 2020, près de 9.000 enfants en âge d’aller à l’école primaire n’y avaient pas accès ?"

"Pour ce qui est de l’opération Wuambushu qui porte le risque d’aggraver les fractures dans un contexte déjà critique; nous devons veiller à ce que les droits des personnes et des enfants soient scrupuleusement respectés", insiste l'élu.

Enfin, "rien ne changera sans une coopération régionale sincère et partagée avec les Comores", conclut Philippe Naillet.

Jean-Hugues Ratenon, indique lui avoir "alerté le gouvernement sur les phénomènes de violences à Mayotte qui, faute de sa réaction, se sont aggravés en meurtres, agressions physiques, destructions de biens, engendrant une très grande insécurité dont certains n’hésitent pas à qualifier de guerre civile et que j’ai moi-même qualifié de terrorisme urbain".

"À plusieurs reprises, j’ai demandé à l’État de prendre ses responsabilités et de renforcer les moyens des forces de l’ordre pour mettre hors d’état de nuire les bandes, pour protéger les Mahorais et pour lutter contre l’immigration clandestine."

"Aussi, si cette opération vise uniquement ses objectifs : elle est justifiée. Cependant, certains élus Mahorais, l’UNICEF, la CNDH, des professionnels de santé expriment de grandes inquiétudes sur cette opération dont on ignore précisément les détails", ajoute Jean-Hugues Ratenon.

- Les Comores refusent d'accueillir les personnes expulsées -

Les Comores ayant déjà opposé son refus catégorique de l’arrivée de ces expulsés sur son territoire : "Que vont-ils devenir ? Quel sort sera réservé aux enfants, aux mineurs ? Que vont devenir les enfants scolarisés ? ceux qui préparent leur Bac ? Où vont être hébergés ces expulsés en attendant leur jugement ? Le gouvernement a-t-il envisagé de les envoyer à la Réunion ?", se questionne-t-il.

Il se demande également : "Le gouvernement a-t-il mesuré l’impact et les conséquences de cette opération à la Réunion ? Comment vont réagir les communautés Mahoraises et Comoriennes de notre île ? Le préfet de la Réunion a-t-il reçu des instructions et des moyens pour le maintien de l’ordre, de la sécurité de tous les Réunionnais en cas de débordements, d’affrontements ?

Ce qui est certains, c'est que "face à toutes ces interrogations, j’émets de très grandes réserves sur cette opération qui prend des allures militaires", précise le député.

"Présentée comme une opération qui entend éradiquer la délinquance, cette manœuvre risque de se transformer en vaste opération de répression et d'expulsion de population déjà en situation de grande détresse et conduire inévitablement à la déstabilisation de Mayotte et des Comores", s'insurge le parti Pour La Réunion (PLR).

"La population attendait effectivement une intervention de l’État, mais à rebours de celle organisée actuellement. Au travers de cette opération c’est finalement la double peine pour ces territoires qui connaissent déjà une situation de grande misère et précarité."

"Nous dénonçons la politique migratoire française et son escalade répressive. Fidèles à notre engagement en faveur de la solidarité internationale et ardents défenseurs de la coopération régionale, nous considérons que la perspective d’apaisement des tensions sur ces territoires ne peut passer que par une politique ambitieuse de co-développement à Mayotte et aux Comores", conclut le PLR.

- 20.000 personnes expulsées tous les ans -

Chaque année, environ 20.000 personnes en situation irrégulière sont expulsées de Mayotte, d’après les derniers chiffres de la préfecture. D’après son dernier bilan, les équipes de la police aux frontières ont reconduit depuis le début de l'année 6507 personnes, "soit une augmentation de 30% par rapport à la même période de 2022" écrit France Mayotte Matin. 100.000 personnes ne seraient pas en règle sur le territoire.

Selon les chiffres de la préfecture de Mayotte, entre le "1er janvier au 31 mars 2023, 173 kwassas ont été interceptés transportant au total 2.255 personnes interpellées". Au cours de la même période 123 passeurs ont été présentés à la Justice. 83 d'entre-eux ont été condamné à de la prison ferme.

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3 Commentaires
LE MONDE EST PETIT
LE MONDE EST PETIT
1 an

le chef de la police de Mayotte qui participe à l'opération d'expulsions massives Wuambushu n'est autre que… Laurent Simonin, condamné pour son rôle dans l'affaire Benalla.

HULK
HULK
1 an

Ben,ils ne sont pas fous. Ils profitent de la situation. Quelle honte. MAYOTTE,un scandale d'état. Merci GISCARD et SARKOZY.

Evalaure
Evalaure
1 an

“Déstabiliser Mayotte” ! Parcel que vous trouvez que la situation y est “stable” ??
Allez vivre quelque temps à Mayotte, au contact (littéralement parfois) de ces “mineurs vulnérables” que vous évoquez, ou simplement parlez à des Mahorais vivant à la Réunion et qui ont de la famille dans l’archipel.