Les Comores refusent d'accueillir les personnes expulsées

Wuambushu à Mayotte : les services de santé sont en alerte à La Réunion

  • Publié le 21 avril 2023 à 14:52
  • Actualisé le 21 avril 2023 à 17:09

Wuambushu - l'opération qui vise à expulser massivement des étrangers en situation irrégulière et de démolition de bidonvilles - est imminente à Mayotte. Les risques de débordements et d'affrontements sont réels. À La Réunion, les services de santé sont donc en alerte afin de venir en aide "le cas échéant", à leurs homologues de Mayotte. Par ailleurs, le porte-parole du gouvernement des Comores a déclaré ce vendredi que son pays refuserait d'accueillir les expulsés (Photo d'illustration : rb/www.imazpress.com)

Les soignants de Mayotte sont d très inquiets des répercussions et de la finalité de cette opération voulue par le ministère de l'Intérieur et des Outre-mer.

Pour les aider, les services de l'Agence régionale de santé (ARS) sont en lien direct avec les collègues de Mayotte pour "répondre à une demande d'aide le cas échéant" précise l'ARS à Imaz Press.

"Nous avons tenu deux réunions avec les établissements de santé, les Samu, les ARS des deux territoires. Les besoins d’aide dans l’immédiat concernent les médecins urgentistes et les sages-femmes", précise les services. "La Réunion s’est organisée pour accueillir en cas de besoin les patients qui bénéficieront d’une Evasan (évacution sanitaire - ndlr)."

"Comme les autres établissements du Groupement hospitalier de territoire, le CHU se prépare à pouvoir venir en appui du Centre hospitlatier (CHM) de Mayotte en cas de besoin", indique le Centre hospitalier universitaire, interrogé par Imaz Press.

"La réponse sanitaire qui pourrait intervenir, soit via l’envoi de renforts médicaux au CHM, soit en accueillant des patients en transfert Evasan, est coordonnée par les deux ARS Réunion et Mayotte qui solliciteront le cas échéant les établissements de santé", ajoute le CHU.

"Des cellules de crise ont été montées dans ce cadre et les équipes de La Réunion se préparent", dit encore le Centre hospitalier universitaire.

Ces mesures sont prises en amont car - même hors temps de crise -, les services de secours de Mayotte ont besoin de soutien en termes d'effectifs et de moyens. "Le nombre de lits représentant à peine 40 % de la moyenne hexagonale, avec 1,56 lit pour 1.000 habitants" détaille un rapport du Sénat datant de juillet 2022. Au-delà, c'est l’ensemble des services publics de base qui est saturé et donc défaillant.

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- Les forces de sécurité sur le qui-vive -

À noter que Gérald Darmanin a confirmé au Figaro l'envoi ces derniers jours sur l'archipel de "quatre escadrons de gendarmes mobiles, des policiers de la CRS-8, spécialistes de la lutte contre les violences urbaines, au total 510 membres des forces de l'ordre".

À La Réunion, les forces de sécurité sont quant à elles bien rodées à l'exercice. "Si ça déborde, on peut intervenir en urgence, comme cela a toujours le cas", indique Stéphane Lebreton de SGP Police FO.

Les forces de l’ordre doivent mener une vaste opération de destruction de bidonvilles, où vivent de nombreux Comoriens en situation irrégulière, et les expulser dans leur île d’origine.

"On est prêt à renforcer les équipes de Mayotte en cas de problème et en attendant que des renforts arrivent de métropole, étant donné que nous sommes la première force projetable", ajoute-t-il.

1.800 policiers et gendarmes sont déjà présents à Mayotte en vue de l'opération. Plus de 2.500 personnels (forces de l'ordre, agence régionale de santé, justice, réserve sanitaire) sont mobilisés, selon une source proche du dossier citée par l'AFP.

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- Les associations accompagnent les familles de proches concernés -

Les services de la Croix-Rouge Réunion suivent "l'imminence de cette opération via des familles que nous hébergeons et qui ont des proches concernés".

"Les proches en question ont reçu la consigne de partir de leur habitation qui allait être détruite : ils ne savent pas vers qui se tourner et la tension sur place semble très importante", répond à Imaz Press Manon Héribert-Laubriat, directrice du pôle lutte contre les exclusions.

"Les familles que nous accompagnons à La Réunion ont la crainte de perdre le contact et la trace de leurs proches suite à l'opération", ajoute-t-elle.

"En lien avec la Croix-Rouge (CRF) à Mayotte et le CICR (Comité international de la Croix-Rouge), nous essayons de mettre en place des outils de la mission RLF (Rétablissement des Liens Familiaux) qui vise à garder la trace de proches disparus en terrain de crise ou en situation d'exil", nous indique la Croix-Rouge.

"Il est par exemple demandé aux personnes concernées à Mayotte d'apprendre par cœur un numéro de téléphone pour joindre la famille ou de venir déposer des informations auprès d'un point contact de la CRF, qui sera chargé de faire le lien avec la famille cherchant des nouvelles", précise la directrice du pôle lutte contre les exclusions.

Du côté de la préfecture par contre, aucune communication sur l'éventualité d'un impact pour notre île. "La préfecture n'a pas d'éléments à fournir à ce sujet", nous répond-on.

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- Les Comores ne veulent pas des expulsés -

Le porte-parole du gouvernement des Comores a annoncé ce vendredi après-midi à l'AFP que les Comoriens  "n'entendent pas accueillir" les personnes en situation irrégulière que Paris prévoit d'expulser.

"Nous n'avons pas les moyens d'absorber cette violence fabriquée de Mayotte par l'État français", avait déjà déclaré en début de semaine le gouverneur d'Anjouan, Anissi Chamsidine.

Le président comorien Azali Assoumani, qui assure depuis février la présidence de l'Union africaine, a pour sa part dit espérer"que l'opération sera annulée", en reconnaissant "n'avoir pas les moyens de (la) stopper par la force".

ma.m/www.imazpress.com/[email protected]

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1 Commentaires
Davignon
Davignon
1 an

Ce qui se passe à Mayote est une honte.
Les ghettos ne datent pas d'hier et abritent également des mahorais francais. Quand bien même, on ne règle pas la clandestinité par de la barbarie.
Les élus auraient du réagir avant mais ils ont attendus un gouvernement "fascisant" pour se réveiller !
Quant à Monsieur Dàrmanin il a autant de compassion que le cul d'un ane.
Il est évident que la population ne se laissera pas faire.
Quel gâchis.