En pleine épidémie de chikungunya, les urgences du Centre Hospitalier Ouest Réunion (Chor) à Saint-Paul tournent à plein régime. Entre zones de débordement, optimisation des parcours de soins et mobilisation des équipes, l’établissement s’adapte au jour le jour pour éviter la saturation. Le temps d’un après-midi, nous avons vécu le rythme des urgences de l’intérieur. (Photos rb/www.imazpress.com)
Dès l’entrée, l’organisation bien huilée donne le ton. Dans les couloirs, les allées et venues du personnel rythment une journée ordinaire mais chargée. Aux urgences du CHOR, qui connaît une augmentation de son activité à cause de la crise du chikungunya, la pression monte doucement.
"Cet après-midi, 56 patients occupent les 35 places disponibles dans le service", nous indique le Dr Katia Mougin-Damour, cheffe du service des urgences et cheffe de pôle CUBA (Chirurgie, Urgences, Bloc, Anesthésie)."La veille, à 8 heures du matin, 25 patients étaient déjà présents aux urgences. 12 d'entre eux ont nécessité une hospitalisation".
Si le pic de l’épidémie de chikungunya n’est pas encore atteint, l’établissement anticipe et s’adapte pour tenir le cap. Regardez.
- Trier pour mieux soigner -
Les patients valides et couchés sont accueillis selon deux circuits distincts. À leur arrivée, ils sont triés puis orientés par une équipe qui évalue la gravité de leur état. Pris en charge par un infirmier ou un médecin, ceux nécessitant des examens complémentaires sont installés dans des box pour un parcours long.
En face de ces box, la salle d'accueil d’urgence vitale (Sauv), communément appelée "déchocage", peut accueillir jusqu’à trois patients. "Elle est mobilisable si besoin, pour des décompensations de pathologies liées au chikungunya", explique la cheffe de service.
Une zone d’hospitalisation de courte durée permet d'accueillir les patients suspectés d’avoir le chikungunya, et ne nécessitant pas de surveillance supérieure à 24 heures, avant un éventuel retour à domicile.
Juste à côté, une unité de surveillance polyvalente propose 14 lits pour des séjours de deux à trois jours, une durée plus longue qu’auparavant, où les patients restaient moins de 24 heures. "On adapte les espaces en fonction des besoins liés à l’épidémie de chikungunya", souligne le Dr Katia Mougin-Damour.
- Une zone de débordement aménagée -
Dans un hangar attenant, habituellement réservé aux arrivées Smur ou pompiers, une zone de débordement a été aménagée. "On avait déjà utilisé cet espace lors de la crise de la Covid et de la dengue. On y regroupe les patients atteints de chikungunya en attente d’hospitalisation ou de transfert. Cela évite les brassages avec les autres pathologies", poursuit le Dr Mougin-Damour.
Cette zone, armée en personnel depuis une semaine, accueille chaque matin une dizaine de patients. "On utilise toutes les zones en notre possession pour prendre en charge au mieux", insiste la cheffe des urgences. Écoutez le Dr Thomas Saloux, urgentiste au CHOR.
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- Anticiper sans épuiser : un équilibre précaire -
L’épidémie actuelle pousse les personnels à réorganiser l’espace mais aussi les ressources. "Notre objectif est de ne pas épuiser nos équipes, qui sont elles aussi touchées par le chikungunya", alerte Hanifa Moussa, directrice référente au CHOR. "On adapte les zones, on a même commandé des lits supplémentaires afin d'éviter que les patients restent sur des civières, notamment les personnes âgées".
Même son de cloche à un couloir de là. Une zone de débordement a été ouverte dans la salle d'attente pour accueillir les jeunes patients, de 0 à 18 ans. À l’image du reste de l’hôpital, les urgences pédiatriques anticipent le pic prévu dans les prochains jours. Regardez.
- Une collaboration territoriale pour éviter le plan blanc -
Malgré la forte activité, le CHOR n’a pas encore déclenché de plan blanc, comme c'est le cas pour le CHU. "On essaie de tenir sans déprogrammer les autres activités", précise Hanifa Moussa. "On est aidé par des structures comme les Tamarins, les services HAD (Hospitalisation à domicile), ou encore la maison des Oliviers, pour accueillir les patients qui ne nécessitent pas une hospitalisation ou les accompagner dans leur retour chez eux".
Une coordination ville-hôpital a également été renforcée. "On travaille sur des protocoles partagés avec les médecins de ville pour éviter d'engorger les urgences. Un médecin référant peut être sollicité pour évaluer la nécessité d'une hospitalisation. C'est une vraie collaboration territoriale", souligne Hanifa Moussa.
- Une gestion sous tension, mais maîtrisée -
Pour le moment, le CHOR arrive à maintenir son offre de soins, mais la vigilance reste de mise. "On accélère les sorties lorsque c’est possible, sans mettre en danger les patients", explique le Dr Katia Mougin-Damour. "J’ai même dû faire passer un médecin de l’administratif à la clinique pour gérer les cas de chikungunya".
En parallèle, les indicateurs sont suivis de près : nombre de passages, durée de prise en charge, taux d’absentéisme, hospitalisations. "On ajuste nos dispositifs au jour le jour", conclut Hanifa Moussa. Écoutez.
Lors de sa visite dans l'île début avril, le ministre des Outre-mer, Manuel Valls, s'était rendu au CHOR pour visiter plusieurs services où sont hospitalisés des patients atteints du Chikungunya. À mesure que le chikungunya progresse, les soignants s’adaptent, résistent et s’organisent, pour que l’hôpital reste debout.
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vg/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com
Excellent réportage
Une feuille d’arbres au sol en pleine nature est un gîte larvaire
Dans la continuité de ce que j'ai écris précédemment, il faudrait une véritable brigade de la nature et il faut taper aux porte monnaies, cela inciter les gens à faire preuve de civilité.
Je marche énormément et quand je parle de macotterie, le mot n'est pas trop fort, croyez le bien
C'est tellement mieux d'avoir attendu pour que cette situation existe. Merci à ces gvts successifs qui nous foutent dans la merde.
Tiens, la politicaille est pour placer ses trucs. Ça sait pas pourquoi mais ça bave. A virer ces politicards de m …. lamentables. Ça crache mais ça fout rien. À dégager
Ne mettons pas la la faute sur les gouvernements successifs ; cette épidémie est dûe en grande partie au manque de civisme des locaux (toutes communautés confondues)
La "macotterie " et le laxisme des autorités locales en matière de dépôts sauvages y sont pour beaucoup.
Les cours aussi ne sont pas, pour la plupart, exemples de salubrité.
Aussi longtemps que cette situation perdurera les épidémies ne pourront être qu'à répétions.
N'oublions pas la leptospirose également (pas mal de cas déjà)
Alors habitants de l'île à vos pelles, pioches, balais, râteaux and co et n'oubliez pas de ne pas tout jeter sur la voie publique, les dechetteries sont nombreuse.
Nota : la demousticaion ne tuera malheureusement pas que les moustiques, les guêpes, les abeilles et les oiseaux (de nombreuses tourterelles malgaches) ont payé un lourd tribut lors de la première campagne