[PHOTOS/VIDÉO] Le virus revèle tout

Chikungunya : au coeur des analyses de tests dans le labo de biochimie, d'hématologie et de microbiologie du CHU Nord

  • Publié le 11 avril 2025 à 05:25
  • Actualisé le 15 avril 2025 à 08:12

200 tubes à tester par jour, les trois quarts positifs… plus de 22.000 cas officiels depuis le début de l'année. Dans les laboratoires, de nombreux malades (mais pas tous) viennent se faire tester pour le chikungunya. Les prélèvements sont analysés et décortiqués par les équipes du laboratoire de biochimie hématologie microbiologie du CHU Nord. De la réception à la détection, plusieurs étapes sont nécessaires. Interrogée par Imaz Press, en immersion dans le labo, Marie-Christine Jaffar, cheffe du service biologie vous explique tout (Photos : rb/www.imazpress.com)

Jeudi 10 avril 2025, 11 heures, sur l'ordinateur du technicien du labo de biochimie, les lignes voient rouge.

Non pas que la machine s'emballe mais plutôt que les analyses s'affolent. Sur la totalité des flacons reçus par le laboratoire, une grande majorité se révèlent être positifs au virus.

Une positivité qui permet – au-delà d'informer le patient et son médecin – d'agrémenter le protocole de recherche pour comprendre le suivi de l'épidémie mais surtout comprendre ce virus du chikungunya.

"Le chikungunya est une maladie immunisante (on ne l'a qu'une fois)", mais la question qui se pose c'est "que cela ne devrait concerner qu'une infime partie de la population. La majorité des patients restant protégés dès la première infection", explique Marie-Christine Jaffar, cheffe du service de biologie du CHU Nord. Écoutez.

Une hypothèse scientifique rendue possible par le séquençage mené par les techniciens. "Pour dire si le virus qui circule actuellement est différent de celui qui a circulé en 2005 et 2006", précise la biologiste. Écoutez.

"Quand les gens disent avoir de nouveau le chikungunya, il faut vérifier cela par ces tests car cela n'est pas exclu, il peut y avoir une infection secondaire", indique pour sa part le Docteur Patrick Mavingui, directeur de recherche au CNRS, Laboratoire PIMIT, Université de la Réunion, CNRS, INSERM, IRD.

À l'inverse, pour Xavier de Paris, directeur de la veille sanitaire à l’ARS, les études montrent qu’une infection par le chikungunya confère une immunité à vie. "On ne contracte pas deux fois la maladie", a-t-il affirmé, catégorique, à Imaz Press.

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- Mains gantées, blouse blanche... au CHU Nord les tests s'enchainent -

Dans le laboratoire du CHU où les conditions d'hygiène et de respect des procédures sont bien rôdés, tout se passe derrière des portes fermées. Sur place, chacun connaît sa tâche, son rôle, qu'il répète chaque jour et encore plus depuis le début de l'épidémie de chikungunya.

Dans le premier bureau de réception, Valérie Hibon sort les tubes un à un, accompagnés de leurs prescriptions. "Sur ce rôle de réception on traite, on fait de la pré analyse et l'on passe ensuite les tubes dans la centrifugeuse permettant de faire ressortir le plasma", explique-t-elle.

20 minutes après, le plasma est séparé des globules rouges. Un plasma "utilisé pour lancer l'analyse PCR ou sérologique", ajoute la cheffe de service. Regardez.

Dans la foulée, la professionnelle de santé en blouse blanche se dirige vers une autre pièce, celle de l'extraction. Mains gantées, la cheffe de service explique la manipulation de la technicienne. "On extrait du plasma l'acide nucléique dans lequel se trouve le génome", indique-t-elle. Regardez.

Une fois cette étape passée, le flacon part directement dans une autre pièce par un passe-plat pour éviter toute contamination.

À ce moment-là, un autre technicien en blouse blanche prépare un mélange, telle une cuisine scientifique, "où l'on va mettre un système d'amorce pour amplifier le signal".

Dans les pièces du laboratoire, tout est contrôlé, nettoyé une fois par semaine de fond en comble pour éviter toute contamination possible. Blouse intégrale pour certaines étapes, gants mis puis enlevé puis remis à chaque manipulation… tout est réglé pour que le virus d'un patient ne contamine pas un autre patient.

- Extraire le génome pour détecter le chikungunya -

Placés dans des plaquettes, les différentes analyses des patients passent ensuite dans un système de chauffage qui permet de détecter à la fois le chikungunya, la dengue et la leptospirose.

C'est ce que l'on appelle le test PCR.

Ce test permet la recherche directe au début des signes cliniques du chikungunya. "On sait que le virus a circulé dans le sang un à deux jours avant et là on se trouve dans la semaine où la virémie est positive", explique Marie-Christine Jaffar.

Il peut toutefois exister des doutes sur le résultat, dès lors que le patient est dans ce que l'on appelle "la zone grise", entre J+5 et J+7.

Après 45 cycles, le résultat apparait sur l'ordinateur. Des lignes rouges en grande majorité, signes de la présence massive du chikungunya dans les résultats des patients. "Quand on est juste ici, il n'y a aucun doute sur la positivité, c'est très fort", explique Marie-Christine Jaffar, pointant du doigt les lignes rouge vif.

"Il y a tellement de virus que dès les premières amplifications (ou cycles), c'est suffisant pour détecter le chik", ajoute-t-elle. Regardez.

- Un test sérologique pour les patients malades depuis plusieurs jours -

Pour d'autres patients, le médecin demande seulement un test sérologique. Dans ce cas, le tube où le plasma aura été séparé des globules rouges par directement dans une pièce où, placé dans la machine, on lui cherchera des anticorps.

"Ici c'est une petite cuisine simple. C'est-à-dire que sur le fond des plaques il y a des anticorps anti-chikungunya et si vous avez été immunisé, les anticorps vont être reconnus et se fixer au fond de la plaque", explique la médecin biologiste. Écoutez.

Si un doute persiste, on fait suivre une sérologie 15 jours après afin de voir s'il existe des anticorps durables.

Dans ces anticorps, il existe deux types : "les IMM - immunoglobuline produit précocement après la phase de pic de virémie - et IMG – qui conserve la mémoire du virus", a précisé à, Imaz Press Patrick Mavingui.

À La Réunion, plus de 21.000 cas sont officiels grâce à ces analyses. Mais selon la biologiste, ce chiffre est largement sous-estimé puisque tous les patients ne se font pas tester.

"Sachant (…) que tout le monde n'a pas déclaré le fait qu'il était touché par l'épidémie, on peut considérer que l'on est entre 50.000, 60.000, 70.000 personnes qui auraient été atteintes" avait déjà déclaré à la presse, lundi, le ministre des Outre-mer, Manuel Valls en visite dans l'île

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Retenez que Marie-Christine Jaffar, recommande : "si vous êtes bien malade, il faut faire un test pour être sûre de ne pas être passé à côté d'autre chose".

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ma.m/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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6 Commentaires
Syl🦒
Syl🦒
2 mois

Merci pour tt ces explications, on ne comprends pas tout mais on sait ce qui se passe

Missouk
Missouk
2 mois

On s'en balance de leurs analyses. En attendant ils avaient près de vingt pour préparer l'épidémie, et ils n'ont rien préparé du tout ! Dans le sud de l'île, près des trois quarts des gens l'ont ou l'ont eu ! Même leurs chiffres sont au doigt mouillés parce 4 personnes sur 5 ne vont pas au labo (au moins!). Ni moi, ni Mme, ni mes enfants n'y sommes allés. A quoi ça sert ? Seul l'efferalgan est un peu efficace, le temps faisant le reste! Mais une semaine avec des douleurs à ne pas pouvoir se déplacer et des plaques partout, ça reste pénible ! Qu'on ne me parle plus de l'ARS, des incapables !

Cyprès
Cyprès
2 mois

Depuis le 18 mars, chik +dengue et douleurs invalidantes.
Après les maux de tête , plaques rouges, boutons et démangeaisons ce sont des douleurs au dos, poignets, doigts, mains, à un pied, (je traine la jambe), et au dos. Je n'arrive toujours pas à fermer ma porte avec une seule main, ni à ouvrir une bouteille, etc.
Et on lit que les responsables dont l'ARS sont satisfaits des actions menées...
Des INCAPABLES !!!

taratata
taratata
2 mois

Le moun de L'ARS est plus fort que le chercheur alors

A-L
A-L
2 mois

Donc en gros ils ne savent pas car il y a 15 jour le Mavingui du CNRS disait cela : " les personnes ayant contracté le virus du chikungunya en 2005-2006, soit il y a 20 ans, sont protégées"...." Il y a 17% à peu près de personnes immunisées à La Réunion, précise-t-il." Il faut peut être qu'ils arrêtent comme avec la Covid19 de parler dans la presse si ils ne savent pas....

Toto
Toto
2 mois

Y’en a certains oui qui adorent poster des trucs inutiles !!!! Juste le plaisir de se lire et jouer aux lanceurs d’alertes Nul Vide.