Le Covid-19 est une épidémie très politique et il semblerait que l'utilité de l'évasan "hors normes" du 4 mars dernier soit à relativiser... Pour avoir volé à bord d'un "Dreamliner", il est peu probable que le voyage des quatre patients Covid+ mahorais, expédiés le 4 mars dernier de La Réunion à Paris, intubés, sous respirateur, se soit avéré un beau "rêve" quand bien même ils eussent été conscients. Les quatre bénéficiaires de l'opération "Hippocampe", dont l'intitulé trace l'origine des patients, sont restés ficelés dans leur sarcophage sanitaire très longtemps.
A savoir, depuis le CHU, à partir de 19h30, jusqu'à leur installation dans l'hôpital métropolitain de d'accueil, le lendemain après 11 heures de vol, 14 ou 15 heures de transport sans pouvoir être retournés… manœuvre complexe et délicate, de toute façon impossible dans une configuration embarquée.
D'ordinaire les cas graves de Covid+, qui présentent un syndrome de détresse respiratoire aigüe, et donc placés en réanimation, sont installés sur de longues séquences en mode "décubitus ventral" ; un positionnement destiné à faciliter la ventilation des alvéoles pulmonaires et donc l'oxygénation, car l'œdème se déplace avec l'inversion de la gravité qui libère aussi les poumons de leur propre poids. Les patients sont ensuite retournés sur le dos, une fois par jour, pour limiter les risques de complications, escarres, œdème facial, voire pneumonie acquise sous ventilation (PAVM).
Le fait que les quatre cas choisis ont été "sélectionnés selon des critères médicaux" démontre qu'ils pouvaient être transportés et ne présentaient donc pas d'urgence vitale à être ainsi projetés à plus de 9000 km de La Réunion.
En conséquence, au-delà, du caractère "historique" de ce charter-Covid, on peut s'interroger sur l'opportunité réelle de cette "première mondiale" qui amenait à transbahuter vers la métropole 4 patients quand même des plus fragiles, accompagnés d'une quinzaine de soignants dédiés, deux équipages, 800 kg de matériel et surtout 36 000 litres d'oxygène !
- 53 patients étaient effectivement en réa -
Ce vol Air Austral a été affrété à la demande du ministère de la Santé pour aider "au désengorgement des services de santé de l’île de La Réunion et de Mayotte…"
Des éléments de langage repris par l'ARS Réunion et le CHU, "Il n’y a pas encore de saturation, mais nous devons parer à toute éventualité dans l’hypothèse d’une reprise épidémique à La Réunion (…)les évacuations sanitaires vers l’Hexagone sont devenues indispensables", quand bien même la directrice de l'ARS, Mme Ladoucette affirmait qu'une "telle évacuation ne va pas de soi, ni sur un plan technique, ni sur un plan médical pour les personnes transférées. Elle doit être conçue comme un ultime recours qu'il nous convient de pouvoir éviter le plus possible".
Dans les faits, au jour de l'évacuation sanitaire "hors normes", 128 patients Covid+ étaient hospitalisés, 55 étant issus des "evasan" de Mayotte, dont 37 en "Réa". L'avant veille, Mme Ladoucette annonçait que sur une capacité de 122 lits de réanimation, "16 sont occupés par des malades réunionnais. Les autres le sont par des patients évacués sanitairement de Mayotte…"
Moralité, 53 patients étaient effectivement en réa. La capacité de réa de La Réunion se décline selon la préfecture comme suit : 108 lits au CHU, 14 lits au CHOR et 5 lits à Sainte-Clotilde, soit 127 lits ,"cette capacité doit permettre l’accueil d’un maximum de 50 patients de Mayotte, tout en préservant 70 lits pour des patients de La Réunion, qu’ils soient ou non atteints de Covid…" Et quand bien même Mme Ladoucette n'en compterait que 122, le 4 mars dernier, sur le quota de 50 lits destinés aux malades mahorais, seuls 37 étaient occupés, et sur les 70 réservés aux patients réunionnais, 16 étaient occupés, la situation n'était donc pas explosive avec 69 lits disponibles.
D'autant moins qu'à Mayotte le nombre de cas en réa au CHM était redescendu à 25 pour une capacité de 32 lits. Par ailleurs des évacuations sanitaires devraient se faire à l'avenir directement à partir de Mayotte sur la métropole, à bord d'un Boeing 787-8 Dreamliner d'Air Austral. Ce nouveau contrat mettant fin au précédent, signé le 28 mai 2020 par Dominique Voynet, au profit de la société Amelia by Regourd Aviation sur un jet Embraer ERJ 145 LR immatriculé F-HESR, avec une capacité de lits de civières de réa ; 60 evasan auraient été réalisées à destination de La Réunion, plus un vol pour les Comores, chargé de matériel médical, 4 000 tests, 29 000 masques et des blouses.
- Opération de communication à grand spectacle -
L'heure de vol sur un appareil de ce type mais en version standard, est de 8 100 euros, sans compter les frais relatifs à l'équipage, aux taxes et redevances…
L'evasan "hors normes" du 4 mars dernier était donc plus une opération de communication à grand spectacle destinée à valider la formule et qualifier l'avion d'Air Austral pour les missions à venir qui partiront de Mayotte.
Affréter un Dream liner spécifiquement équipé et aménagé pour une telle mission A/R, doit au bas mot coûter dans les 4 à 500 000 euros. Trois ou quatre autres missions de ce type seraient envisageables selon les autorités sanitaires, à partir de Mayotte notamment, qui permettraient au mieux de délocaliser 16 patients.
On pourra toujours justifier le principe de ces "evasan" en soulignant qu'au 9 mars 2021, 58 personnes en réa étaient atteintes de Covid-19, auxquelles il fallait ajouter 43 autres cas non "covid", soit un total de 101 patients sur les 122 lits ouverts ; et pointer l'augmentation du nombre de patients réunionnais passé de 16 à 24 en une semaine, cela ne fera que renforcer les interrogations sur le coût de ces missions en comparaison avec le manque d'équipements de santé constaté tant à Mayotte qu'à La Réunion.
Il convient de rappeler que le 22 juillet 2019, lors d'une conférence de presse conjointe d’Emmanuel Macron et Azali Assoumani, président de l'Union des Comores, il était annoncé que les ministres des Affaires étrangères des deux États avaient signé un document cadre portant sur des engagements réciproques en matière de développement, dont la circulation inter-île Comores/Mayotte, la formation et la santé. 150 millions d'euros sur trois ans qui auraient pu être bien utiles en ces temps d'épidémie, aux Comores pour des soins et, indirectement, à Mayotte où le nombre de "migrants" sanitaires aurait pu être limité.
Tant qu'à faire un geste pour La Réunion ou Mayotte, il eut été préférable qu'il soit utile et pérenne. Le coût total de 4 "evasan", de 1,6 à 2 millions d'euros, aurait permis de doter les établissements de santé de quelques lits de réa supplémentaires bienvenus.
Alors i publi Pas commentaires quand i apporte des compléments d'info qui sa dans le sens de l'article ? Article anonyme ... Pas zot même la rédige ça ?
Bonjour, dommage que cet article soit anonyme (peur ?) ..... qui est aussi bien renseigné et pourquoi les médias "officiels" n'en disent pas un mot.Quoiqu'il en soit article très interessant et qui prouve, peut être, qu'on nous prend tous pour des couillons et qu'on nous faire faire n'importe et que personne ne bronche.Rajoutons à cela un couvre-feu plus qu'inutile .... Tout cela est navrant vraiment !Bonne journée
380 000 euros pour 4 patients Imazpress ! Il faut renflouer les caisses d'Air Austral. Mouahhhhhhaaaaaaaaaaaaaaa
A rajouter opération FRIC , certains ont profité
Excellent article, c'est une putain d opération de com
Très clairement une opération de com, avec l'argent du contribuable, et uniquement pour en rajouter sur la psychose ambiante. Navrant...
Tout est sous controle nous dit on. C'edt pour cela qu'on fait venir des renforts ? Meme la Com est sous contrÃ'le ? Des éléments de langage repris sur les chaînes de TV histoire sans doute de montrer qu'on s'occupe des Dom ? Mais à y regarder de près....