Jacques Santini se confie.

"C'est invivable d'être sélectionneur"

  • Publié le 15 juin 2018 à 16:08
  • Actualisé le 15 juin 2018 à 16:17

"C'est invivable. Du 25 heures sur 24. Il faut toujours être sur le qui-vive": voilà comment Jacques Santini décrit auprès de l'AFP le poste de sélectionneur de l'équipe de France, qu'il a occupé de 2002 à 2004.

Q: Vous dirigiez l'équipe de France à l'Euro 2004. Quelle est la vie d'un sélectionneur dans un grand tournoi ?


R: "C'est +invivable+. Du 25 heures sur 24. Il faut toujours être sur le qui-vive. Le moindre truc te revient, comme le chef de presse qui veut savoir qui doit aller en conférence... Il faut aussi s'organiser avec les kinés par rapport au programme collectif, les réunions, les repas. Il faut rester en contact avec le groupe de base et ceux qui jouent moins ou pas, appelés communément les +coiffeurs+, discuter avant et après les entraînements."


Q: Comment se passe la constitution de la liste ?


R: "C'est compliqué et simple à la fois. Il y a 18 à 20, voire 21 joueurs qui se dégagent dès les qualifications. Mais on est toujours à la merci d'une blessure. Il y en a deux ou trois qui, grâce à une excellente saison, parviennent à accrocher le bon wagon. Il faut aussi que ceux qui ont l'occasion de jouer saisissent leur chance. Il faut se déterminer sur les trois gardiens, le 3e notamment. En 2004, Johan Micoud, comme Adrien Rabiot, n'avait pas souhaité figurer parmi les réservistes."


Q: Quelles sont les forces et faiblesses de l'équipe de France d'aujourd'hui ?


R: "En ne prenant qu'un seul attaquant de pointe avec Olivier Giroud, il semblait que Didier Deschamps allait se tourner vers une association Antoine Griezmann-Kylian Mbappé. C'est la tendance qui se dessine. La France a un potentiel énorme si l'organisation et le système sont bien respectés avec un bloc en attente plutôt qu'un bloc bas. La contrepartie, c'est qu'il y a une petite rupture entre les défenseurs-milieux avec les attaquants. Quand ils ont le ballon, la première intention des joueurs offensifs est d'aller percuter et le milieu n'a pas toujours le temps de s'organiser et de suivre. Il n'y a pas de jeu de transition à l'inverse de nations comme l'Allemagne, le Brésil ou l'Espagne."


Q: Quelles sont les chances des Bleus et vos favoris pour l'épreuve ?


R: "L'Allemagne, le Brésil. Il faudra voir comment l'Espagne va gérer le problème de l'éviction surprise du sélectionneur. L'Argentine est aussi un vainqueur potentiel. La France est à suivre comme l'Uruguay mais également des nations qui ne vont jamais au bout comme la Belgique ou la Colombie, que j'ai trouvée très bonne face à la France en amical. Il faudra surtout voir ce que donnera le tableau final après les poules."


Propos recueillis par François-Jean TIXIER

 © 2018 AFP

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