La surfeuse réunionnaise Johanne Defay devait entamer sa septiÚme saison sur le World Tour fin mars, en Australie, puis enchainer 5 manches du World Tour jusqu'au début des Jeux olympiques le 24 juillet. Jeudi dernier, elle terminait aux portes des quarts de finale sur le premier Challenger Series de l'année à Sydney et apprenait dans la foulée que la World Surf League annulait l'ensemble des compétitions jusqu'à nouvel ordre. Débutait alors, pour elle, une nouvelle étape : rentrer au plus à la Réunion, avant la fermeture des frontiÚres pour contenir la pandémie de covid-19. (Photos rb/www.ipreunion.com)
Vous ĂȘtre rentrĂ©e prĂ©maturĂ©ment d'Australie ce dimanche aprĂšs avoir disputĂ© une seule manche de World Qualifying Series (WQS). Que sâest-il passĂ© ?
Oui, je suis rentrée plus tÎt que prévu, je devais passer deux mois en Australie pour deux épreuves de WQS et trois manches du World Tour. J'ai terminé en 8Úmes de finale jeudi, à Sydney, pour mon premier WQS de la saison et je devais partir disputer un autre WQS en Nouvelle-Zélande, samedi. Le vendredi, la World Surf League nous a informés que la compétition en Nouvelle-Zélande était reportée et que la 1Úre étape du World Tour, à Snapper, était annulée à cause du coronavirus.
J'ai été assez surprise, car l'Australie était trÚs peu touchée par le virus à ce moment et tous les surfeurs étaient déjà sur place. Mais comme la WSL est une organisation américaine, et que les Etats-Unis ont commencé à fermer leurs frontiÚres, je pense qu'elle a suivi le mouvement pour que son personnel ne se retrouve pas bloqué à l'autre bout du monde.
D'autres Ă©vĂšnements sportifs ont Ă©tĂ© annulĂ©s en Australie comme le Grand Prix de Formule 1. Du coup, mĂȘme surprise, je pense que c'Ă©tait une bonne dĂ©cision. Sans attendre de savoir si la seconde manche de World Championship Tour (Bells Beach 8-18 avril) Ă©tait annulĂ©e, j'ai dĂ©cidĂ© de changer mes billets pour rentrer chez moi car, a priori, beaucoup de pays commencent Ă fermer leurs frontiĂšres et je ne voulais pas risquer de me retrouver bloquer loin de chez moi pour plusieurs semaines.
Comment s'est déroulé votre retour?
PlutĂŽt bien dans l'ensemble. CâĂ©tait un peu compliquĂ© de joindre les compagnies aĂ©riennes vendredi, donc un peu stressant, mais finalement j'ai pu changer mes billets facilement car les avions n'Ă©taient pas pleins. J'ai bataillĂ© pour arriver dimanche soir au lieu de lundi matin Ă la RĂ©union et ne pas me retrouver bloquer Ă Maurice.
Vous ĂȘtes partie en Australie aprĂšs un sĂ©jour de deux semaines Ă Tahiti, puis quelques jours en MĂ©tropole, avant de repasser Ă la RĂ©union dĂ©but mars. Quel Ă©tait votre ressenti face au dĂ©but de l'Ă©pidĂ©mie en Europe ?
Pour ĂȘtre honnĂȘte, je ne l'ai pas trop prise au sĂ©rieux au dĂ©but. Je pensais que ça touchait uniquement certaines personnes sensibles et c'Ă©tait difficile de comprendre. Ă Maurice et Ă Tahiti, on nous a pris notre tempĂ©rature en arrivant sur le territoire Ă la descente de l'avion, mais ça ne m'a pas alarmĂ©. Je voyage beaucoup et j'ai l'habitude de prendre soin de moi pour avoir un systĂšme immunitaire solide, mais c'Ă©tait plus dans une dĂ©marche de bien-ĂȘtre personnel en vue d'ĂȘtre performante sur mes compĂ©titions.
Je n'ai pas trop suivi les informations non plus quand j'Ă©tais en stage Ă Tahiti parce quâon n'avait pas la tĂ©lĂ©vision et une mauvaise connection internet. Et je passais Ă©normĂ©ment de temps chaque jour Ă l'eau. Sur le retour, j'ai fait attention aux rĂšgles d'hygiĂšne dans les avions et aĂ©roports, beaucoup de voyageurs avaient des masques mais je n'en portais pas. Rien n'indiquait qu'une Ă©pidĂ©mie Ă©tait en cours Ă l'aĂ©roport de Los Angeles, ni Ă celui de Paris.
Arrivée à Paris pour quelques jours (28 février au 2 mars), rien n'affectait la vie parisienne à premiÚre vue. Il n'y avait pas de consignes particuliÚres à l'aéroport pour mon retour à la Réunion, tout était normal.
En Australie, rien n'avait changĂ© non plus : les Australiens sortent beaucoup, il y a toujours du monde dehors, dans les restaurants et les bars... Ăa fait donc bizarre de passer de ça Ă l'annulation des compĂ©titions et maintenant au confinement presque total. Tout est allĂ© super vite ces trois derniers jours.
Pensez-vous que cette décision de la WSL évoluera dans les prochaines semaines ?
On a encore reçu un message ce matin : toutes les compĂ©titions de la WSL sont annulĂ©es ou reportĂ©es jusqu'Ă fin mai. Ils ne savent pas trop comment les choses vont Ă©voluer. Ils ne savent pas s'ils vont pouvoir reprendre les compĂ©titions, car tout le Tour se fait Ă l'international et dĂ©place des compĂ©titeurs mais Ă©galement du personnel venant des quatre coins du monde. C'est triste, on Ă©tait tous prĂȘts et motivĂ©s pour cette nouvelle saison, mais je suis aussi soulagĂ©e d'ĂȘtre en sĂ©curitĂ© chez moi auprĂšs des miens, et d'ĂȘtre en vacances, ce qui n'arrive jamais (rires).
Avez-vous des informations sur les Mondiaux ISA et les Jeux Olympiques ? (Les Mondiaux au Salvador sont la derniĂšre compĂ©tition de qualifications pour les Jeux Olympiques oĂč une douzaine de places sont encore Ă attribuer pour les Jeux Olympiques)
Aucune information pour le moment de la part de la fĂ©dĂ©ration. L'ISA nous a envoyĂ©s un mail hier disant que le Salvador avait fermĂ© ses frontiĂšres depuis dĂ©jĂ une semaine et pour un mois. MĂȘme si le pays est prĂȘt Ă accueillir ces championnats du 9 au 17 mai, cela me parait compliquĂ© vu le nombres d'Ă©quipes engagĂ©es et le nombre de compĂ©titeurs Ă dĂ©placerâŠ
Pour les Jeux, j'ai entendu qu'il y aurait peut ĂȘtre deux options : les reporter d'un an ou deux, ou les faire Ă huis clos. Franchement, je n'ai aucune idĂ©e de comment cela va se passer.
Les Jeux peuvent-ils avoir lieu sans qu'aucun événement sportif international n'ait eu lieu avant ?
Ăa parait compliquĂ©, notamment en surf, oĂč sur les 40 surfeurs olympiques hommes et femmes confondus, 30 Ă 40% ne sont pas encore qualifiĂ©s. Je ne sais pas comment ils pourraient obtenir une qualification sans compĂ©tition prĂ©alable. En ce qui me concerne, si je dois commencer ma saison lĂ bas, je n'aurais pas le choix, je m'adapterai. Personnellement, je pense qu'il vaudrait mieux reporter Ă l'annĂ©e prochaine si la crise sanitaire doit encore durer plusieurs semaines.
Comment abordez-vous ces prochaines semaines à la Réunion, par rapport à vos objectifs et votre préparation?
Je suis arrivĂ©e dimanche soir et lundi j'Ă©tais vraiment fatiguĂ©e. J'attendais d'avoir plus de nouvelles de la WSL. Maintenant que je sais qu'il n'y aura rien jusqu'Ă fin mai, je vais devoir en parler avec mon coach sachant que je peux m'entrainer Ă la maison pour le cĂŽtĂ© physique. Pour le surf, je n'imagine pas ne pas surfer pendant deux mois, donc Ă la RĂ©union ça va ĂȘtre compliquĂ© entre le Coronavirus et les requins (rires). J'irai peut ĂȘtre en MĂ©tropole, dans le Sud-ouest oĂč j'ai un pied-Ă -terre, mais cela reste Ă voir.
à quoi ressembleront vos journées dans les prochains jours?
Je vais reprendre l'entraßnement physique doucement. Le Président Macron a dit lundi soir qu'on pouvait sortir pour faire de l'activité physique, donc j'irai courir ou nager au lagon. Je ferai mes séances de préparation physique à la maison comme d'habitude. Je vais aussi en profiter pour faire un maximum de yoga, prendre soin de moi et essayer de rester en forme. Je suis également des études en ligne (avec l'université de Brisbane, Australie) grùce à un partenariat avec la WSL depuis l'an dernier, donc c'est l'occasion d'y consacrer davantage de temps.
sp/www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com
