L’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur, approuvé ce mercredi 3 septembre par la commission européenne, après 25 ans de négociations, menace d’exposer les filières agricoles locales à une concurrence accrue, venue de pays pratiquant des coûts de production bas et ne respectant pas les mêmes normes environnementales ou sanitaires (Photo : sly/www.imazpress.com)
Cet accord compromet gravement des secteurs déjà fragilisés à La Réunion.
La canne à sucre sous pression
L’accord permet l’entrée de contingents massifs de sucre sud-américain à droits de douane réduits ou nuls (jusqu’à 180 000 tonnes par an), ainsi que d’éthanol.
Pour La Réunion, où la canne représente encore environ 60 % des surfaces cultivées et constitue un pilier économique, cette concurrence est une menace directe pour les exploitations locales plongées dans des difficultés structurelles : baisse des rendements et fragilisation de la filière sucrière.
Volaille et autres filières en danger
Le texte prévoit 180 000 tonnes supplémentaires de volaille en provenance du Mercosur, en grande partie des pièces hautement valorisées.
Les exploitants locaux risquent de perdre pied face à cette concurrence déloyale, accentuée par des pratiques interdites en Europe (usage d’antibiotiques, pesticides interdits, moindre traçabilité).
Des normes divergentes : un déséquilibre insupportable
Les produits importés du Mercosur ne sont pas soumis aux mêmes standards que ceux de l’UE : pesticides interdits, fourrage OGM, faible traçabilité animale, usage d’antibiotiques activateurs de croissance.
Or, la production locale réunionnaise, déjà amputée par des contraintes économiques et environnementales, ne peut rivaliser de manière équitable.
Des filières fragilisées, des exploitants précarisés
Face à l’arrivée de volumes importants à bas coût, de nombreuses exploitations agricoles pourraient disparaître, entraînant un effondrement des activités traditionnelles et des emplois durables. À La Réunion, où le tissu agricole se compose majoritairement de petites exploitations familiales, l’impact social serait particulièrement brutal.
Le risque d’un projet d’autonomie alimentaire enterré
La Réunion est confrontée à:
Une souveraineté alimentaire déjà fragile,
Un environnement insulaire rapidement dégradé,
Une alimentation de plus en plus importée,
Des terres menacées par l’urbanisation et les pressions économiques.
Dans ce contexte, l’accord Mercosur menace directement le projet d’une agriculture autonome, respectueuse des terres et des normes sanitaires, permettant aux agriculteurs un revenu digne tout en garantissant la sécurité alimentaire de l’île.
Pour les filières agricoles réunionnaises, déjà fragilisées, cet accord fait peser un risque sérieux sur les perspectives d’autonomie et de sécurité alimentaire de l’île.
Il est urgent de réclamer un cadre différencié, respectueux du modèle réunionnais et de ses contraintes spécifiques, pour garantir un avenir durable et souverain de notre agriculture péi.
