Tribune libre de Joe Bédier

Après les incidents du quartier Fayard : ne pas faire l'économie de toutes les interrogations

  • Publié le 29 juillet 2015 à 05:05
Joé Bedier

Des incidents graves se sont déroulés dans la soirée du 26 juillet autour d'un bar du quartier Fayard de Saint-André, mettant en cause le gérant du bar et des jeunes des groupes d'habitation environnants. Cette affaire comporte plusieurs dimensions.

L’explication  immédiate serait un différend entre les jeunes du quartier et le gérant du bar, différend qui aurait déjà été à l’origine d’incidents dans un passé récent. Des tentatives de médiation n’ont visiblement pas abouti. Quand les choses prennent une telle ampleur, il est urgent que tous les moyens soient mis en œuvre et les responsabilités individuelles recherchées  pour qu’une affaire dite " privée " ne dégénère pas en atteintes à l’ordre public.

Pour autant on ne peut pas faire l’économie d’interrogations sur les aspects sociaux et sociétaux qui sont en cause. On n’insistera jamais assez sur le problème malheureusement endémique de l’exclusion sociale d’un pourcentage plus qu’inquiétant de nos jeunes. Quand prendra-t-on enfin à bras le corps ce dossier prioritaire, en mettant en place ce qu’il faut appeler un véritable plan " Marshall " de l’insertion des jeunes ?

Il y a aussi les politiques d’urbanisation qui ont été et sont encore appliquées,  avec tous les problèmes que l’on connait. La concentration des populations en grandes cités dortoirs sans les équipements et les dispositions qui favorisent les services et activités économiques de proximité,  et la vie sociale d’une manière générale, ne donne pas de bons résultats. Lorsqu’en plus la mixité sociale tant promise est absente, la situation recèle les ferments de toutes les difficultés.

Il ne s’agit pas aujourd’hui d’en renvoyer la responsabilité sur les autres  comme le fait trop facilement  Mme Payet Ben-Hamida, adjointe au maire, en parlant à la télévision de situation dont  la municipalité actuelle a héritée.  Voilà une façon d’éluder le problème, qui  n’augure rien de bon dans la volonté réelle de s’y attaquer. Dois-je rappeler à Mme l’adjointe – on notera au passage que le maire ne s’exprime pas sur un sujet aussi grave – que Fayard est une création de M. Virapoullé dans le cadre de ses anciens mandats de maire et que lorsqu’il perd les élections municipales  en 2008, c’est elle-même, Mme Payet Ben- Hamida,  qui est  le cadre en charge à la mairie du contrat urbain de cohésion sociale.

S’attaquer  sérieusement à ces problèmes  demande des efforts à tous.  D’abord aux autorités publiques ou en charge de politiques publiques, en particulier les municipalités et les bailleurs sociaux, pour notamment mettre fin à une pratique d’attribution de logements qui  conduit, qu’on le veuille ou non, à une sorte de ghettoïsation sociale et  communautaire. Les dernières attributions à Fayard vont encore malheureusement dans ce sens. Un  engagement  est aussi demandé à tous les partenaires qui interviennent dans la mise en œuvre de la politique de la ville, qu’ils soient publics ou privés, dans tous les aspects de cette politique globale qui englobe le cadre de vie, l’animation, l’insertion sociale, l’emploi…La participation citoyenne et responsable de la population  à une telle entreprise  sera  enfin la condition la plus importante de son succès. Gageons qu’on lui donnera la parole et sa part d’intervention, elle qui est la principale concernée et surtout la première à subir depuis des années les conséquences de politiques mal maîtrisées et surtout mal engagées.

Joe Bédier, Conseiller municipal, Président de l’union démocratique pour Saint-André

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2 Commentaires
Fox
Fox
10 ans

Je plains les personnes qui ont investi dans cette zone Fayard ! C'est vraiment la zone ! Voilà entre autre le résultat de la mixité sociale ! Mixité prôné par ces incapables de socialiste ! Je suis contre la mixité, désolé de le dire i mélange pas torchons avec serviettes ! Chacun chez soi, et je pense on réduirait une bonne partie des problèmes . Le mélange est parfois néfaste pour un peuple. Cette expression le vivre ensemble me fait bien rire parfois !.....

mécoué
mécoué
10 ans

Je crois que la plupart des conflits de voisinage serait évité, si dès départ le vivre ensemble par application d’une certaine forme de civisme (soucis et respect de l’autre) était expliqué.
En effet, l’échappement libre du véhicule ; la sono, radio, TV fonctionnant à pleine puissance, les éclats de voix, les cris, les vociférations…, toutes ces incivilités, tout ce sans gêne, tout ce manque de considération pour l’autre qui subit les frasques à toute heure du jour et de la nuit aussi, finissent par empoisonner la vie de la cité en attisant haines et rancœurs.

Sans accompagnement, la « suppression des tabous et interdits» pour plus soif de « liberté », risque à terme de transformer : rues, quartiers, villes en zone de non-droit, où la loi du plus fort avec ses conséquences, deviendrait officieusement « loi ».

De plus en complément du tableau, les services d’ordre, ont les mains attachées par les « droits accrus » des délinquants ; les médias, par liberté d’informer, favorisent bien souvent le mimétisme, l’éducation- Populaire et ce qui y semble subsister sur le terrain s’attache beaucoup plus à la performance physique qu’à la qualité et l’esprit du vivre ensemble ; la plupart d’entre- nous n’étant plus nécessaire à la marche de la société, car la machine de plus en plus produit en lieu et place …, face à ce constat que comptons- nous faire : continuer d’emboîter le pas à la démagogie, ou prendre de sérieuses dispositions afin de pouvoir redresser la barre ?
Pour cette dernière approche, il faut dorénavant me semble-t-il, beaucoup laisser tomber les «spécialistes » pour se réapproprier le bon sens Paysan.