La Cinor veut réorienter la desserte actuelle de son territoire par les 49 minibus en un "transport à la demande". Elle souhaite ainsi réduire son budget des transports en commun (photo sly/www.imazpress.com)
Les transporteurs de voyageurs, qui sont en charge de ces lignes via trois groupements sur Saint-Denis, Sainte-Marie et Sainte-Suzanne, ont montré leur désaccord profond pour ce projet.
En effet, le cahier des charges de la future délégation du service public, a été établi sans concertation avec eux ni avec les usagers et doit être décidé par la Cinor le 4 mars.
Le concept fait rêver dans l’île frappée par un coma circulatoire : "le transport à la demande !" Quelqu’un vient me chercher quand je veux, à ma demande, pour aller où je veux...
Ce rêve n’est pas adapté à la situation présente pour améliorer notre service de transport en commun tant du point de vue des professionnels que dans l’intérêt des usagers.
- Pour les usagers -
Ce choix de desserte proposé prétend responsabiliser les usagers. Ces derniers devront réserver leur trajet en prenant rendez-vous la veille par internet !
Une alternative plus fluide, en temps réel (réserver le jour même), n’est pas envisagée. Mais est-ce à l’échelle démographique de nos écarts avec le peu de moyen de transport.
La réservation par internet est en outre discriminante vis-à-vis des personnes qui y sont peu habituées ou sans smartphone. Il ne s’agit pas du même public "connecté" que celui du co- voiturage.
Dès lors, des conflits ne manqueront pas d’éclater aux arrêts entre les usagers (ceux avec réservation et ceux qui, sans réservation, seront laissés sur le bas-côté) ou avec les chauffeurs.
- Pour les professionnels du transport de voyageurs -
Il y a une confusion entre un service de "transport à la demande" captif de la Citalis et celui des "taxis collectifs" qui se délocaliseront. On peut craindre un rétrécissement de l’offre de transport, là où il faudrait au contraire l’augmenter.
Une saine concurrence, plutôt par allotissements (la Cirest et la Casud la pratique actuellement), devrait permettre de réduire le coût du budget des transports en commun et de libérer les petites et moyennes entreprises de l’emprise des majors du secteur en duopole.
Ces PME (Petite ou moyenne entreprise) ont déjà investi dans leur entreprise et minibus pour desservir des lignes régulières. Refuser des passagers sans rendez-vous les expose à moins de recettes par la réduction de leur kilométrage facturé, but de la Cinor.
- Conclusion -
Pour leurs déplacements les usagers ont besoin de transports en commun plus développés qui soient servis par des entreprises consolidées et non fragilisées par un "transport à la demande" inadapté.
Ce changement de service sous l’apparence d’un rêve de fluidité, répondrait d’avantage à l’exigence budgétaire de la Cinor plutôt qu’à l’amélioration du service attendu par les usagers ou qu’au développement économique du secteur des transports.
François Payet,
Président d’ATR-Fnaut