Tribune libre de la députée Ericka Bareigts

Courrier adressé à Marlène Schiappa concernant les violences conjugales

  • Publié le 2 septembre 2019 à 20:15
  • Actualisé le 2 septembre 2019 à 20:17

Le dimanche 7 juillet 2019, vous avez annoncé la tenue d'un Grenelle consacré à la lutte contre les violences conjugales, alors que nous déplorons le 100è féminicide de l'année. Il s'agira d'identifier, simplifier les outils pour protéger les femmes victimes de violences conjugales et les protéger pour que l'irréparable ne se produise. Quatre-vingt-onze Grenelle locaux, dont un à La Réunion, se tiendront à partir de ce mardi 3 septembre.

Je salue cette initiative qui s’inscrit dans un contexte de libération de la parole mais aussi d’inquiétudes concernant les moyen des associations. Si notre première défense contre ces violences est l’éducation à l’égalité, celle-ci doit être complétée par un travail de nos associations et de nos forces de sécurité publique.

Or, depuis plusieurs mois, de nombreuses associations et militant-e-s pour les droits des femmes expriment publiquement leurs craintes sur de nombreux sujets tels que bien sûr le nombre insupportable de femmes décédées victimes de violences de la part de leur conjoint ou de leur ex-conjoint, mais aussi de la baisse de subventions pour de nombreuses associations cette année et enfin leurs inquiétudes pour les budgets à venir.

Plusieurs fédérations du Mouvement français pour le planning familial, dont celui de la Réunion, soulignent le risque d’un véritable " burn out " militant.

Alors que l’égalité entre les femmes et les hommes a été déclarée grande cause du quinquennat, j’attire à nouveau votre bienveillante attention sur la situation des droits des femmes à La Réunion, comme j’ai pu le faire le 13 novembre 2017 lors de l’examen de la mission Solidarité, insertion et égalité des chances du Projet de Loi de Finances pour 2018.

De prime abord, quelques chiffres démographiques bruts pour contextualiser les enjeux actuels et futurs. La Réunion, département comptant 866 506 habitants estimés au 1er janvier 2019, en comptera 1 000 000 d'ici 2030. Le taux de fécondité, s’il baisse depuis quelques années reste plus élevé que celui de l’Hexagone : 2,43 enfants par Réunionnaise contre 1,87 au niveau national. Le nombre de familles monoparentales y est plus élevé de 10 points, le nombre d’interruptions volontaire de grossesse est deux fois plus important qu’en Région Pays de la Loire.

Le nombre de cas de violences conjugales y est deux à trois fois plus important que la moyenne nationale. Si le taux de mort violente au sein du couple est de 0,2169 pour 100 000 habitants au niveau national, ce taux est de 0,4636 à La Réunion, soit plus de deux fois supérieur. Ces chiffres ne prennent pas en compte les drames familiaux comme celui intervenu en ce début d’année 2019 où un père de famille, violent envers sa femme, a assassiné trois de leurs quatre enfants après que celle-ci l’ait quitté.

Madame la Ministre, si nous saluons le financement de deux intervenants sociaux en gendarmerie supplémentaires pour notre département, dans le cadre du Contrat de convergence prévu par la loi Égalité Réelle Outre-Mer, nous ne pouvons nous satisfaire de la situation actuelle.

Nous sollicitons ainsi une adaptation des subventions pour l’année 2019 et les années à venir au contexte socio-économique de notre territoire, une formation obligatoire dans tous les métiers publics confrontés à ces dossiers (police, gendarmerie, juges, magistrats, etc), un plan d’urgence pour l’hébergement des femmes violentées ainsi qu’un dispositif d’accompagnement et de prise en charge des victimes que sont les enfants.

Madame la Ministre, l’égalité entre les femmes et les hommes, la lutte contre les violences intrafamiliales ne saura être ambitieuse et efficace sans de nouvelles actions fortes et de moyens supplémentaires tant pour les pouvoirs publics et que pour les associations luttant chaque jour, pour la prévention ou le suivi et l’accompagnement des victimes.

Si l’engagement associatif est bien présent, il a besoin de signaux forts pour continuer à soutenir pleinement les femmes victimes de violences. Je souhaite que la stratégie qui sera portée localement puisse compter pleinement sur votre soutien.

Je vous prie de croire, Madame la Ministre, en l’expression de ma très haute considération.

Éricka BAREIGTS

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1 Commentaires
Admirateur974
Admirateur974
4 ans

Notre Département est durement touché par les violences faites aux Femmes nous Associations oeuvrant dans le domaine ont s'essoufflent car nous n'avons que tres peux de moyens autres que nos bénévoles mais les finances manques pour faire de la prévention avoir des intervenants qualifiés