Vendredi 21 février 2014 Ary Yée-Chong-Tchi-Kan, tête de liste "Solidarité-Partage" aux élections municipales et communautaires de Saint-Paul en mars 2014, a présenté un des points phares de son projet-programme : le ré-équilibrage de l'aménagement du territoire par l'approfondissement de la démocratie locale, tel que systématiquement proposé tous les candidats PCR aux élections municipales saint-pauloises.
Saint-Paul concentre ses équipements structurants sur 2 endroits du littoral communal : ville historique et Savanna, Saint-Gilles et la Saline les Bains. C'est le résultat de choix politiques de toutes les municipalités qui se sont succédées depuis un demi siècle dans une parfaite continuité idéologique.
Ce modèle de développement repose sur l'usage de la voiture individuelle, encombrante, polluante, coûteuse et sans avenir. La réalité commande une économie de proximité capable de satisfaire les besoins essentiels des résidents et pourvoyeuse d'emplois massifs. Plus on agira dans la proximité moins on aura besoin de prendre la voiture.
L'accueil du million d'habitants entre 2027 et 2030 est mal barré. Nous votons en 2014. Le renouvellement aura lieu en 2020 et 2026. C'est effrayant comme délai. Mais, c'est un sujet de satisfaction pour le PCR qui a toujours intégré l'étude de la démographie et ses conséquences comme l'un des 4 piliers de son analyse politique.
Solidarité-Partage milite en faveur d'un rééquilibrage de la carte communale à Saint-Paul. La création de nouvelles communes est une alternative à la concentration du pouvoir dans un seul lieu de décision. C'est le seul remède pour guérir la pensée unique.
Tout d'abord, la Ville et Savanna
La ville était asphyxiée par les embouteillages. Elle a été sauvée par la route digue qui lui a servi de protection et de déviation du trafic de voitures qui n'avaient rien à faire en ville. Les élus ont pensé avoir trouvé leur salut par l'extension vers Savanna. Hélas, ils vont construire un pont qui va aggraver encore plus les déplacements. En effet, l'urbanisation de Cambaie va accentuer la pression sur un espace situé entre 2 ronds points : La Rivière des Galets et Savanna, qui deviendra, de facto, le centre dynamique d'une zone comprenant la Possession, le Port et la portion basse de Saint-Paul (Cambaie-Savanna-Ville). A l'allure actuelle, cet endroit deviendra très vite invivable.
La ville actuelle va connaître de graves inondations avec la montée du niveau de la mer et l'Étang asséché, qui ne peut plus jouer son rôle d'exutoire. Savanna connaîtra le même sort.
Saint-Gilles et la Saline
Au sud, il y a Saint-Gilles et la Saline les Bains qui s'interrogent sur leur avenir après avoir été sauvés de l'asphyxie une première fois par la déviation de Saint-Gilles, une deuxième fois par la déviation de la Saline et enfin, par la route des Tamarins. Dans les 3 cas, ce sont des investissements lourds que les contribuables de la commune n'ont pas eu à supporter. C'est la Région qui a payé. Mais, alors pourquoi s'entêter à continuer au Nord avec un modèle de développement qui a échoué au Sud ? La Région et le Département n'ont pas à payer la bêtise des Maires. Pendant ce temps, le reste de cette immense commune est abandonnée. La population doit faire de longs kilomètres en véhicule pour satisfaire ses besoins élémentaires.
Ca n'a pas toujours été le cas
Pourtant, la zone des Hauts avait connu ses heures de gloire avec l'ouverture de la route Hubert de Lisle en 1855. Nommé gouverneur de 1852 à 1858, ce dernier a ouvert au développement économique les Hauts de Saint-Benoît, Saint-Joseph, Saint-Pierre et Saint-Paul, en réalisant cette route exceptionnelle. Tout juste après la libération des esclaves, ce natif de Saint-Benoît, a fait en 6 ans, sur 4 communes, ce qu'une Députée-Maire a été incapable de faire, sur sa seule commune, avec un budget de 500 millions d'euros, à sa disposition sur 6 années de mandat.
Pour mémoire, cette route de développement des Hauts a précédé de 30 ans le début des travaux du train Saint-Benoît-Saint-Pierre et du creusement du Port, vers 1882. La réalisation de ces ouvrages a eu lieu alors qu'on avait 8 fois moins de population.
Permettre aux Citoyens de gérer leurs affaires, eux-mêmes
La construction de la route des Tamarins par Paul Vergès redistribue les cartes de l'aménagement équilibré de Saint-Paul. L'idée de cette route a été proposée au Conseil Municipal de Saint-Paul quand il siégeait dans l'opposition municipale pour contrer le tracé littoral voulu par l'Etat. Aujourd'hui, tout le monde reconnaît qu'il était un visionnaire. Cette route à mi-hauteur est devenue un "marqueur géographique " qui accentue définitivement la notion des Hauts et des Bas. C'est pourquoi, lors de l'enquête publique dans les années 90, une délégation de la section communiste que je dirigeais est allée à la Mairie de Saint-Paul pour demander le prolongement du Plateau Cailloux vers Bois de Nèfles. La mairie n'a pas voulu nous entendre. Avons-nous d'autres choix ?
Désormais, nous sommes à la veille d'un coma circulatoire à Savanna-Cambaie. Et, l'arrière pays, Bois de Nèfles est plein comme un œuf. Vous pouvez imaginer 1 000 voitures supplémentaires sur cette zone avec la concentration de nouveaux équipements ? Sur un mandat de 6 ans, La Réunion entière importe 120 000 voitures individuelles !
Trois nouvelles communes
Aujourd'hui, la situation exige le courage politique de créer de nouveaux centres de décisions politiques, avec à la tête, des jeunes et des femmes, si possible.
Mon programme prévoit d'engager la procédure de création de 3 Conseils Municipaux dans les Hauts : la Saline, Saint-Gilles-les-Hauts et Guillaume. Dès maintenant, je demande à Raïssa Noël, Frédérique Técher de prendre la tête du projet pour concrétiser ces avancées démocratiques. J'appelle la population de ces futures collectivités à travailler avec ces dirigeantes, pour préparer le plan de Développement Durable que vous attendez tous, en particulier, les chômeurs et les investisseurs. La procédure est simple. Il faut s'engouffrer dans la démarche gouvernementale pour La Rivière.
Au-delà de cet aménagement des Hauts, un espace littoral cohérent apparaît en dessous de la route des Tamarins : Saint-Gilles-les-Bains/La Saline-les-Bains. Les contradictions soulevées par le modèle de développement de cet espace sont de plus en plus complexes à résoudre. Il est juste de demander aux Citoyens concernés de s'organiser pour trouver les consensus nécessaires. Comme ils devront les assumer par la suite, rien de mieux de se confronter à l'exercice du pouvoir réel. Cette zone a aussi vocation à accueillir un Conseil Municipal.
Nous nous interrogeons sur l'avenir de la partie haute de Bois de Nèfles avec le Ruisseau et Bel Air.
A Sans Souci, la colère gronde. Compte tenu de ses atouts, cette région doit être sanctuarisée. Son développement doit être spécifique à la richesse naturelle de cette zone. Nous nous opposons au modèle d'urbanisation importée actuelle qui va accélérer la catastrophe écologique et environnementale de site magnifique. La mairie préempte les propriétaires, et pousse à la spéculation foncière atteint déjà le prix de 350 euros le m2 ! Il faut stopper cette folle idée.
La ville historique actuelle et Savanna devront s'appuyer sur les hauteurs de Plateau Cailloux et la Plaine afin d'organiser l'installation des habitations et activités menacées par les inondations inévitables et la montée de la mer.

J'ai lu la critique de monsieur Ary sur l'aménagement de Saint-Paul. Je ferai deux constats : un constat positif, l'effort de réflexion sur des enjeux de société ; un constat négatif, évoquer des problèmes objectifs de circulation résultant de déplacements vers des zones d'activités économiques concentrées dans certains territoires, principalement sur le littoral, et trouver leurs solutions dans la "proximité économique" voire la création de nouvelles communes, est réducteur.
Quand le candidat aux municipales à Saint-Paul écrit : "Ce modèle de développement repose sur l'usage de la voiture individuelle, encombrante, polluante, coûteuse et sans avenir..." : on est d'accord !
Mais quand il ajoute en guise de solution incontournable, et suffisante semble-t-il pour lui, que "...la réalité commande une économie de proximité capable de satisfaire les besoins essentiels des résidents et pourvoyeuse d'emplois massifs. Plus on agira dans la proximité moins on aura besoin de prendre la voiture...", on ne peut que regretter le raccourci hâtif vers une solution qui consacre encore une fois la voiture !
En effet, la réalité d'aujourd'hui sera celle de demain en matière de localisation d'équipements structurants, sauf à procéder à des changements qui coûteront chers. Par exemple, la zone industrialo-portuaire qui concentre d'importantes activités donc d'emplois, peut difficilement être déplacée.
Les déplacements sont source de dépenses qui pèsent de plus en plus sur le budget des ménages. Il est donc urgent de promouvoir les transports en commun, pour diminuer très très fortement, et vite, l'usage de la voiture.
Car ce n'est pas en créant des communes ici et là tout en utilisant la voiture que les embouteillages disparaîtront.
Par ailleurs, il serait utile que les politiques chiffrent leurs propositions à l'heure où ils répètent souvent que les communes sont asphyxiées par l'Etat socialiste qui baissent les dotations.
Enfin, il serait intéressant que monsieur Ary soit moins polémique, notamment quand il écrit "Pourtant, la zone des Hauts avait connu ses heures de gloire avec l'ouverture de la route Hubert de Lisle en 1855. Nommé gouverneur de 1852 à 1858, ce dernier a ouvert au développement économique les Hauts de Saint-Benoît, Saint-Joseph, Saint-Pierre et Saint-Paul, en réalisant cette route exceptionnelle. Tout juste après la libération des esclaves, ce natif de Saint-Benoît, a fait en 6 ans, sur 4 communes, ce qu'une Députée-Maire a été incapable de faire, sur sa seule commune, avec un budget de 500 millions d'euros, à sa disposition sur 6 années de mandat."
A ma connaissance, madame Bello n'est pas gouverneur, les règlements administratifs ne sont pas ceux de l'époque, l'urbanisation d'aujourd'hui n'est pas celle des années 1850 (il y a 174 ans !!!), et les 500 millions d'euros ont peut-être servi à autre chose, par exemple la rénovation des écoles.
Mais je ne doute pas que monsieur Ary donnera bientôt les réponses à ces questions.