Tribune libre de Karine Lebon

Des ajustements à la marge pour un gouvernement bancal

  • Publié le 21 juillet 2023 à 17:22
  • Actualisé le 21 juillet 2023 à 17:23

Après des semaines de suspense durant lesquelles les ministres, soucieux, n’étaient plus vraiment à leur tâche, voici venu le temps de l’éjection par le président de la République de certains de ses agents et de l’arrivée de nouveaux pions sur l’échiquier présidentiel. (Photo Karine Lebon photo RB/www.imazpress.com)

En confortant Elisabeth Borne à son poste de Première ministre, le président de la République a envoyé un message très clair : rien ne changera.

Comme d’habitude, un jeu de chaises musicales qui ne présage en aucun cas un renouvellement des orientations politiques de l’exécutif et du fonctionnement de notre démocratie. Voici le fameux changement qui est proposé aux Français : une montagne qui accouche d’une souris.

La colère engendrée par les décisions politiques des gouvernements successifs d’Emmanuel Macron n’est plus tenable, et ce n’est pas une modification mineure sur l’organigramme du pouvoir qui fera s’éteindre les braises de la révolte.

Car les “100 jours d’apaisement” se sont transformés en “sans jour d’apaisement”. Après s'être opposé à la volonté du peuple en promulguant sa réforme des retraites, c’est par la force que le président a décidé de nous faire taire. Le traitement sécuritaire des manifestations engendrées par l’homicide d’un jeune de 17 ans par un policier en dit long sur ce qu’Emmanuel Macron, déconnecté du monde du haut de son piédestal, estime bon pour notre République.

Rien ne changera donc. Ni la protection du pouvoir d’achat des Français, avec une nouvelle hausse des tarifs de l’électricité au 1er juillet, ni la préservation de notre modèle social de solidarité semblent être à l'ordre du jour.

Quid du ministère des Outre-mer ?

Ne parlons même pas des Outre-mer ! Au début de ce quinquennat, notre ministère a été rétrogradé au rang de ministère délégué. Comment justifier une telle décision alors que nous représentons plus de deux millions de citoyens français. Ce que les parlementaires et élus locaux de tous les territoires ultramarins demandent depuis, c’est le retour légitime d’un ministère de plein exercice. Nous n’avons une nouvelle fois pas été entendus.

La Première ministre a présenté mardi matin les conclusions du Comité interministériel des outre-mer avec près de 70 mesures pour nos territoires, travaux auxquels nous n’avons d’ailleurs pas été conviés. Qui suivra désormais ce dossier ? Monsieur Philippe Vigier, député Modem, membre de la délégation aux Outre-mer de l’Assemblée nationale sous l’ancienne législature qui n’a pourtant pas souhaité s’impliquer à nouveau au sein de cette délégation en 2022. L’arrivée de ce nouveau ministre interroge sur le risque que nos problématiques restent confinées dans un tiroir. Quelle est son expertise ? S’agit-il simplement d’une récompense pour sa loyauté comme cela avait été le cas pour Mme. Braun-Pivet qui est restée à peine 35 jours ?

Nous souhaitons un ministre d’action, combatif, qui porte au plus haut les valeurs de nos territoires et qui sache faire entendre notre voix auprès des autres membres du gouvernement et de l’administration. Nous ne voulons pas d’un ministre invisible, terré derrière son bureau et qui organise de temps en temps des réunions pour justifier son indemnité.

Les conclusions du CIOM, en partie décevantes par manque de perspectives claires, doivent faire l’objet d’une mise en œuvre qui sera suivie de près par nos concitoyens. Le ministre des outre-mer doit être en mesure de s'assurer au quotidien que cette mise en oeuvre est effective et doit savoir être ferme dans ses négociations afin de faire évoluer la situation de nos territoires.

M.Vigier est désormais à l’épreuve et nous saurons rester vigilants sur sa capacité d’action.

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