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Tribune libre de monique Orphé

Des orientations inadaptées à l’urgence sociale, économique, sanitaire et environnementale

  • Publié le 9 novembre 2022 à 06:16
  • Actualisé le 12 novembre 2022 à 18:49
Monique Orphé

Lors de l’Assemblée Plénière de ce mercredi, plusieurs dossiers seront à l’ordre du jour dont les orientations budgétaires pour 2023. Depuis la crise COVID, la situation financière des ménages Réunionnais s’est aggravée. Il est important de rappeler que 38 % de la population réunionnaise vivent au-dessous du seuil de pauvreté dont 120 000 touchés par la très grande pauvreté à savoir cumulant la pauvreté monétaire et l’impossibilité de satisfaire les dépenses essentielles de la vie courante (4 fois plus qu’en France métropolitaine et 3ème Département ultra-marin après Mayotte et la Guyane)  .  Le dernier sondage Sagis révèle d’ailleurs que 84 % des Réunionnais se disent inquiets pour l’avenir de leur territoire et 81 % estiment que leur situation économique et sociale est moins bonne qu’il y a un an. ET Ce sont  les femmes qui sont les plus pessimistes car les plus frappés avec leurs enfants par la pauvreté. Un sondage qui confirme également que la première préoccupation des Réunionnais reste le pouvoir d’achat. Suivent ensuite les problèmes d’emploi, d’insécurité, du logement…

Ces constats nous amènent à dire que les actions proposées par le Conseil départemental dans ses orientations budgétaires pour 2023 ne sont pas à la hauteur de l’ambition affichée dans le plan de mandature. Si l’année dernière nous avions été dans une phase d’observation, aujourd’hui nous estimons que les moyens déployés sur nos territoires ne sont pas à la hauteur des défis à relever.

 Les chiffres affichés en 2022 sont en deçà des besoins recensés pour répondre à l’urgence sociale. Les mesures prises pour 2023 nous interrogent ? Hormis le chèque d’accompagnement personnalisé, quelles mesures concrètes pour répondre à la détresse sociale ? Quel véritable partenariat avec les communaux d’action pour une prise en charge plus efficiente des personnes en situation précaire et les plus vulnérables ? De même, nous savons que sortir de la grande pauvreté passe par l’accès à l’emploi ou une activité rémunérée, quelle ambition le dispositif R+ affiche-t-il pour insérer durablement les chômeurs touchant le  RSA à l’horizon 2028 ? Un suivi plus efficace des demandes des ménages les plus fragiles (notamment les personnes âgées) en attente d’une amélioration de leur logement est une nécessité ? En matière d’hébergement d’urgence, le numéro d’urgence (115) reste saturé. Dans les orientations qui nous sont proposées, aucune construction n’est affichée. Autre problématique qui est complètement occultée dans ces orientations budgétaires, c’est la prise en compte de la santé mentale chez les personnes les plus vulnérables. Que ce soit chez les enfants de l’Aide Sociale à l’Enfance ou les personnes vivant dans les conditions extrêmement précaires, quelle prise de conscience par l’Agence Régionale de Santé au sein duquel nous siégeons et quelles solutions pour y remédier ? 

 Enfin, nous voulons alerter le Président sur un sujet qui reste préoccupant à la Réunion, c’est la prise en charge des personnes atteintes d’un handicap  et plus particulièrement celles touchées par l’autisme. Les TSA (Troubles du Spectre Autistique) touchent environ 1% de la population réunionnaise pour 498 places d’accueil. Si la détection de l’autisme se fait plus facilement aujourd’hui, il est néanmoins très compliqué d’assurer l’accompagnement des personnes (enfants, adolescents et adultes). Ce dernier se fait par les familles qui doivent mettre de côté leur vie personnelle et professionnelle pour assumer la fonction d’aidants sans en avoir forcément les moyens. En effet, le taux d’équipements en structures médico-sociales est largement inférieur à celui de l’Hexagone : 2 ans d’attente pour avoir un rendez-vous en CMPP/CAMPS pour l’Apajh, 7 ans d’attente pour avoir une place en IME, 15 ans d’attente pour avoir une place à Cascavel, 267 patients en attente de places sur l’Alefpa et 2 000 à 3 000 personnes en attente dans les structures tout confondu. 

Beaucoup d’associations de parents en détresse se sont créées pour soutenir les familles en grande souffrance. Nous regrettons que cette question de l’autisme ne soit pas abordée dans les orientations budgétaires de 2023.

Nous souhaitons construire un Département plus solidaire pour les plus vulnérables et les plus fragiles mais également pour tous les travailleurs modestes qui ont du mal à joindre les deux bouts. L’action du Département doit être mieux répartie et nous voulons surtout que les actions proposées correspondent mieux à la réalité de la vie quotidienne des Réunionnais et des Réunionnaises et aux vrais défis à relever. Nous attendons des mesures plus fortes et plus efficaces pour réduire les inégalités sur nos territoires et cela en associant tous les partenaires.  

                        Pour le Groupe « Une ambition pour la Réunion »

                        M. ORPHE

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