Suite à la parution sur votre site, le 7 mars dernier, d'un article intitulé "Violences sexistes et sexuelles : lorsque des artistes dénoncent l'omerta », je souhaite, en qualité d'ancienne directrice de l'Ecole supérieure d'art, exercer mon droit de réponse : (Photo photo Sly/www.imazpress.com)
En premier lieu, toute ma compassion va à l'ensemble des victimes d'abus et je suis d'accord qu'il est urgent d'agir pour mettre un terme aux situations de violence, qui sont absolument inacceptables. Je comprends par ailleurs la colère des étudiants et des agents face à ce qu'ils ont perçu comme une inertie de la part de l’établissement, car le traitement des dossiers ne va jamais assez vite dans ces cas-là.
Nous avons, à l’École Supérieure d'Art, sur la base des informations dont nous disposions, mis en place l’ensemble des mesures nécessaires pour protéger les étudiants tout en respectant la présomption d’innocence de l’agent. Suite aux articles parus dans la presse en novembre 2020 concernant une plainte pour viol qui aurait été déposée contre un enseignant de l’école, nous avons fait un signalement au Procureur. Nous avons à plusieurs reprises contacté les services de police et de gendarmerie pour obtenir des informations, en vain. L’ESA Réunion a fait appel au Groupe EGAE (agence spécialisée dans le conseil relatif à l’égalité entre les femmes et les hommes, la lutte contre les discriminations, à la prévention des violences sexuelles et sexistes) qui a mené une mission exploratoire sur ce dossier, en novembre 2020 puis en avril et mai 2021.
EGAE a proposé la mise en place d’une enquête administrative pilotée par le Président du CA ou par le Ministère de la culture, tout en précisant qu’à ce stade, une enquête interne pouvait mettre en péril l’enquête de police. J’ai signé fin mai 2021 un nouveau contrat avec EGAE pour une mission élargie autour des VSS comportant notamment la conduite d’enquêtes internes disciplinaires, et avec comme référents le Président du Conseil d’administration et la Secrétaire générale. L’enquête administrative menée par EGAE dans ce cadre a été suspendue à la demande des services de police.
Il n’y a pas eu de nécessité de mettre en place une mesure conservatoire d’éloignement de l’agent car suite aux articles dans la presse en 2020, l’enseignant a été mis en arrêt maladie par son médecin, puis en arrêt maladie longue durée.
Au-delà de ces enquêtes, nous avons mis en place des mesures et des outils afin de prévenir et traiter les discriminations et les violences sexuelles, dont certains mis à disposition par l'ANDEA (Association Nationale des «Écoles d'Art) et par le Ministère de la Culture : charte d’égalité entre les femmes et les hommes et Charte éthique, travaillées notamment avec les représentants des étudiants et du personnel, rappel des procédures de traitement de l!information à destination des agents, communication de la fiche de procédure relative au dépôt de plainte, du document relatif à la cellule d’écoute externe, de la brochure « victime ou témoin, ne restez pas seul(e) en parler et agir » et des numéros d!urgence.
L'ESA a proposé au défenseur des droits d’intervenir au sein de l’établissement afin de répondre aux questions des étudiants. Elle a participé à l!enquête nationale menée par le Ministère de la culture dans 100 établissements d!enseignement supérieur artistique et culturel en France relative aux violences sexistes et sexuelles. L’Ecole a également proposé des formations assurées par le groupe EGAE et des ateliers de sensibilisation aux VSS proposées par le Téat Forum et l’association Chance Egal à destination des étudiants et des agents de l’établissement. Un accompagnement psychologique des étudiants en lien avec la médecine préventive de l'Université a été mis en place, et nous avons rappelé que nous sommes présents et disponibles en cas de problème.
Patricia de Bollivier
Ancienne directrice de l'ESA-Réunion
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