Chaque année, des milliers d’étudiants réunionnais doivent remplir un dossier de bourse, rassembler des justificatifs, faire face à des retards ou à des incompréhensions. Ce parcours, souvent stressant et opaque, repose pourtant sur des critères que l’État connaît déjà : les revenus du foyer fiscal (photo Sly/www.imazpress.com).
À La Réunion, Forte et Fière, nous proposons de simplifier radicalement ce système en instaurant une "bourse à la source". L’idée est simple : s’appuyer sur les données fiscales existantes pour attribuer automatiquement les bourses étudiantes à celles et ceux qui y ont droit, sans qu’ils aient à en faire la demande.
Le modèle existe déjà. Depuis 2019, l’impôt sur le revenu est prélevé à la source, en fonction des informations transmises à l’administration fiscale. Pourquoi ne pas appliquer le même principe à une aide aussi essentielle que la bourse étudiante ?
Ce serait une avancée concrète vers une action publique plus juste, plus efficace, plus humaine. Car aujourd’hui, de nombreux étudiants éligibles passent à côté de leur bourse faute d’avoir pu — ou su — faire les démarches. C’est inacceptable.
Nous pensons que La Réunion est le territoire idéal pour expérimenter ce dispositif. Nous connaissons ici les difficultés liées à l’éloignement, au coût de la vie, au taux de pauvreté. Le moindre retard de versement ou la moindre erreur de dossier peut avoir des conséquences graves sur la poursuite d'études.
Ce système serait techniquement possible. Les administrations ont déjà l’habitude de croiser des données pour le calcul d’autres aides. Il suffirait d’une volonté politique claire pour permettre à l’Éducation nationale, au CROUS et à la Direction des finances publiques de coopérer de manière fluide et sécurisée.
Bien sûr, il faudra maintenir un guichet physique pour les situations particulières : jeunes en rupture familiale, étudiants autonomes, étrangers… Mais pour la grande majorité, le versement automatique de la bourse, déclenché dès l’inscription post-bac, serait une vraie révolution de simplicité et d’équité.
Nous appelons donc à faire de La Réunion un territoire pilote de cette réforme. Il ne s’agit pas d’un gadget administratif, mais d’un outil puissant au service de l’égalité des chances. Une bourse versée sans retard, sans obstacle, c’est un jeune qui peut se concentrer sur ses études plutôt que sur ses galères.
Il est temps d’inverser la logique : que ce ne soit plus à l’étudiant de prouver qu’il a besoin d’aide, mais à la République de lui garantir ce à quoi il a droit.
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