"9 associations et collectifs, dans une Lettre ouverte au Président de La République, demandent la régulation des survols touristiques aériens à La Réunion, ce qui est une exigence d'intérêt général" indique les collectifs dans un communiqué que nous relayons ci-dessous.( (Photo d'illustration rb/www.ipreunion.com)
La Réunion est devenue une île dénaturée par les nuisances sonores d’un modèle touristique archaïque, nuisible à la santé publique, anti-écologique, et anti-économique durable, ce qui provoque l’explosion des plaintes de la population locale, associations et collectifs sur toute l’île.
Malgré nos alertes et demandes répétées depuis des années, la direction locale de l’aviation civile (DSAC-OI) refuse de réguler les survols touristiques aériens qui, par leur explosion en termes de trafic et de nuisances sonores, constituent un fléau pour la population locale et la faune sensible.
- 1. Quelle est la situation ? Pourquoi la révolte face à ce modèle touristique nocif ? -
À partir des deux seuls aéroports locaux pour le seul domaine du tourisme aérien de loisirs, c’est en 2019 plus de 60 000 mouvements à La Réunion, sur un tout petit territoire de 2500km2.
Pour en estimer l’importance, cela représente plus du tiers de la totalité des mouvements d’aviation générale de tous les Outre-mer réunis, La Réunion talonne même Toulouse, métropole aéronautique mondiale, et l’aérodrome de Pierrefonds à lui seul, rivalise avec celui Toulouse-Lasbordes où le conflit est déjà explosif avec les riverains, en nécessitant l’intervention des élus.
Et encore ces chiffres de trafic ne concernent que les mouvements à partir des 2 aéroports sans prendre en compte les mouvements à partir des hélistations, des bases ULM, des bases de propriétaires privés …
La réalité réunionnaise quotidienne est que tous les jours, et à n’importe quelle heure, la population et la faune sensible sont soumises au bruit infernal de machines volantes type hélicoptères, avions, ULM dont l’impact sur la santé et la qualité de vie ne peut être contesté.
Plus d’échappatoire sur notre île. Plus de période de quiétude.
Les zones habitées sont survolées sans vergogne. Les lagons sont balayés en boucles ultrabruyantes avec effet " flapping " (battement très gênant des pales). Les randonnées en montagne s’effectuent sous le vrombissement des hélicoptères. Ainsi La Réunion dont 40% est en zone de Parc National, et en partie classée au Patrimoine mondial par l’UNESCO, est un magnifique bijou nature pollué par le bruit, symbole des dérives d’un modèle touristique déjà dépassé !
Même si le représentant local de l’État à Saint-Pierre, Monsieur le Sous-préfet, a contribué à la mise en place d’une commission consultative locale Environnement … qui s’est réunie il y a plus d’une année, même si le groupe de travail nuisances sonores a été mis en place dans le sud et l’ouest de l’île, le constat de blocage par la direction locale de l’Aviation Civile est manifeste. Nos demandes ne sont pas prises en compte, aucune action concrète de régulation n’est mise en œuvre, la stratégie est même d’implanter de nouvelles hélistations !
Le Parc National, les autres administrations de l’État DEAL, OFB … sont aux abonnés absents, pas même préoccupés par les impacts sur la faune - en particulier les oiseaux endémiques, tous protégés - à défaut de s’intéresser aux humains. Sans oublier la Brigade de Gendarmerie des Transports Aériens (BGTA) qui ne dispose même pas de jumelles télémétriques et qui n’est pas présente sur le terrain pour constater les multiples infractions que seuls les particuliers relèvent.
- 2. Nos propositions pour un tourisme aérien éthique et éco-responsable -
Voici nos propositions de régulation pour faire cesser l'enfer du bruit "touristique" dans le ciel à partir de la situation qui a atteint un stade catastrophique fin 2019 à l'Île de La Réunion.
a. Interdictions générales de survol :
- des zones habitées
- des lagons (zones très fréquentées par les familles et dont la faune sous-marine est impactée)
- des cirques de montagne et ravines, habités (effet de caisse de résonance)
b. Interdictions de circuits courts.
Prendre un hélico pour aller déjeuner dans un gîte accessible par sentier de randonnée et ainsi multiplier les vols, donc les nuisances, exemple d’acte anti-écologique.
c. Interdictions de trajectoires en boucles avec effet " flapping "
Vol en ligne droite obligatoire, à la vitesse d’endurance maximale optimisée (de l’ordre de 180 km/h pour H130), éviter tout virage, tout S, tout demi-tour, et changement d'altitude.
d. Privilégier les zones et couloirs de vol sans habitation :
des espaces restreints, non habités et sans faune sensible, sites seuls susceptibles d’accepter des prestations courtes, exemples " trou de fer ", " volcan "
e. Limitation indispensable et immédiate du nombre d’autorisations : alors que la situation est déjà insupportable, comment imaginer que ce nombre continue à augmenter ?
f. Contrôle du respect de la réglementation et de l’impact sonore dans toute la gamme des fréquences. Ce qui n'est absolument pas fait à La Réunion ! Analyse spectrale et détection de l’émergence sonore.
g. Transpondeur obligatoire en fonction permettant le suivi de tout aéronef à distance.
Il est totalement irresponsable d’accepter que les aéronefs qui survolent population et faune ne soient pas géolocalisés en temps réel. C’est même une question de sécurité publique !
h. Inventaire, identification, et contrôle de l'activité de tous les aéronefs, ciblant en particulier le transport non-déclaré de passagers.
i. Point essentiel : limiter l'invasion temporelle, c’est-à-dire limiter la plage horaire d’impact sonore sur les habitants, pour permettre ensuite la vie dans le calme (période de quiétude). Humains et faune ont besoin de calme dans la journée pour vivre.
Survols régulés et programmés, par exemple seulement entre 7h et 9h (meilleures conditions météo), en passages groupés dans les zones de fort contraste bruit/silence pour limiter la durée cumulée, celle-ci ne devant pas dépasser l'équivalent des limites exigées par le code de la santé publique, par exemple 20mn maximum en 2 fois 10 minutes là où l'émergence spectrale atteint ou dépasse 9 dB. Dans les espaces "caisse de résonance", la perturbation sonore ne doit pas être une épreuve.
j. Interdiction de la publicité pour ce mode de tourisme aérien pollueur sonore et atmosphérique.
k. Mise en place d'un système "étiquette d'impact environnemental"(impacts énergie, CO2, bruit) pour tous les survols aériens afin de responsabiliser le consommateur éventuel. Cela existerait pour les véhicules terrestres, et non pour les aéronefs ?
l. Mise en place d'une taxe dissuasive pour tous les survols aériens, sur le principe du pollueur-payeur pour défavoriser ce mode de transport touristique " non-développement durable ".
Les recettes en seraient affectées à favoriser des modes de tourisme par transports doux. En résumé, pollutions sonores et atmosphériques du tourisme aérien sont nocives pour notre petit territoire insulaire. La réglementation n'est plus adaptée dans une petite île où la population a plus que doublé en 50 ans ! À l'heure de la transition écologique, ce modèle touristique dépassé va dans le mur, et ce d'autant plus qu'il ne rapporte économiquement rien à la population locale qui n’en récolte essentiellement que les impacts nocifs.
- 3. Les avantages à stopper ce modèle actuel de tourisme nocif ? -
La Réunion retrouve son image de destination nature, en cohérence avec le label Parc National, et son classement UNESCO.
Il y a là une attractivité sans commune mesure, et qui va dans le sens de l’Histoire, vers une destination de " tourisme éthique " !
Entre " Ile du bruit " et " Île de tourisme éthique de nature ", il n’y a pas à hésiter ! Humains et la faune locale, enfin, retrouvent des conditions adéquates de vie et de développement.
La majorité des touristes extérieurs ainsi que les locaux qui viennent dans les structures locales, actuellement dérangés, préfèrent le chant des oiseaux au vrombissement des machines volantes !
Le dérangement actuel donne une très mauvaise image de l’île, constituant un handicap pour le développement d’un tourisme durable à La Réunion.
Le tourisme vert pourrait alors harmonieusement se développer, et créer des emplois qui profiteraient bien mieux aux locaux.
En conclusion, ce changement de paradigme, passer d’un tourisme "TGV" nocif à un tourisme éthique et éco-responsable durable, donnera un saut-qualité incontestable à l’île, et une impulsion majeure à l’attractivité de La Réunion, et de fait, à son économie.
Monsieur le Président, il est urgent de mobiliser les serviteurs de l’État dans les différents ministères, et en particulier la direction générale de l’Aviation Civile, pour enfin prendre en compte à La Réunion, nos propositions. Le tourisme acceptable et durable, se doit de respecter les habitants et leur environnement, ou alors il sera rejeté. C’est inévitable.
Le combat que nous menons pour un tourisme éthique est le même pour le Mont-Blanc, d’où nos soutiens réciproques, Chamonix-Mont-Blanc étant jumelée à Cilaos, village habité au cœur du cirque de montagnes de La Réunion.
L’Île de La Réunion, comme le Mont-Blanc, ne peuvent continuer à être dénaturés.
Association Citoyenne de Saint-Pierre, association ACPEGES, association Cilaos Mon Amour, association Le Taille Vent, collectif Peter Both, collectif Entre-Deux, collectif Ouaki, association Moutain Wilderness France, association-collectif Pro Mont-Blanc.
Habitante de la Réunion, je ne peux pas dire que les hélicoptères soient pour moi la nuisance principale de l'ile et pourtant je suis à la Saline les bains et il en passe régulièrement ...... par contre les voitures que je surnomme "Boite de nuit" avec des installations sonores des plus violentes et des moteurs qui pétaradent qui passent toutes les 3 minutes et maintenant les jeunes qui même à pieds déambules dans les rues avec leurs supers hauts parleurs musique à fond c'est vraiment très très très désagréable ..... On entend parler de "radars sonores" en expérimentation en métropole pour améliorer la qualité de vie des riverains ....A quand l'installation de ce genre de système ici
Je rentre d un séjour à la reunion et effectivement j ai pu constater le va et vient incessant des hélicoptères. La nuisance sonore est bien réelle et gâche les randonnées. Mais au delà de mes considérations de simple touriste j espère que des solutions soient rapidement trouvées pour le bien être des habitants...
Je crains aussi que cette lettre ne s'égare dans les arcanes du pouvoir. L'occupation des lieux sont des moyens en effet beaucoup plus médiatiques et efficaces pour faire reculer ces rapaces. Hier, par exemple de 6h30 à 18h30, plus de 50 mouvements à Hélilagon! Non content de balader les touristes pressés, ils organisent des cours de pilotage! Les rapiang sont partout, pour le fric, ils prennent le pouvoir sur les populations. Ceux ou celles que cela ne gêne pas on bien peu de respect pour leur île.
Notre île a dégénéré.Même en rando c'est le bordel, calme disparu, c'est évident que c'est anormal et qu'il faut changer ça.Soutien total à cette action.
Si on parle de nuisances sonores lors ce serait bien que mon voisin, à la Plaine des Palmistes, cesse de mettre à fond sa musique chaque dimanche du matin au soir. Pour tojt dire c estille flis plus dérangeant que le bruit des vols touristiques qui passent de temps e temps au dessus de nos têtes
@mimite.Possible que le bruit ça vous dérange pas. Soit. Ou que vous êtres encore un privilégié non impacté. Patience, ça va pas durer.N'importe qui de sensé peut comprendre que l'enfer sonore dans le ciel comme sur terre n'est bon pour personne ! Ce qui frappe à la Réunion, c'est ce bordel sonore des survols juste pour du tourisme"TGV"... notre île est dénaturée !Le covid a fourni un répit, et c'est l'occasion de changer de modèle touristique. Ne vous en déplaise, ce sont bien des natifs de l'île, et d'autres, qui réagissent ensemble, l'impact sonore ne dépend ni de la couleur de peau ni de l'origine géographique ... ou ferait bien de fé un ti controle out zoreilles ... et de rouv un peu out cerveau ..
Oté mwin la grandi dans un cirque, souvent mi remonte dans mon cirque, mi fais rando régulièrement un peu partout...la jamais dérange à mwin tout ça ! C'est deux trois moun que la débarque de nulle part qui sent zot géné par tout ça. Interdiction de virage, de trajectoire en S...merci bien faire rire un peu le moun !
Cet article dénonce avec justesse les vols d'hélicos au dessus de l'île et avance quelques propositions. Faudra, d'une manière ou d'une que cela cesse. Habitant Plateau Caillou, je sais de quoi je parle et les passe-droits dont bénéficie Hélilagon sont inadmissibles! Bon courage à zot tout
La Direction de l'Aviation Civile, les sous préfectures, la DEAL, les mairies ont tout fait pour accompagner le développement de ces hélistations. Ils ne font pas grand chose pour réduire le bruit car ils n'en ont pas les moyens. Idem pour le Parc national. Le Président de La République ne va rien faire de plus si ce n'est orienter la demande vers le préfet qui va la réorienter vers ses administrations. Et ça va tourner en rond comme une hélice. Il serait plus radical d'aller à la source: bloquer les hélistations (Corail, Héligons, Mafate Hélicoptères, etc) pour leur montrer la colère du peuple des Hauts. Si ça dégénère, pas d'inquiétudes, certaines stations étant illégales et sans autorisations d'installations sur leurs parcelles, elles n'ont pas d'assurances sur leurs biens immobiliers (oups). Mais préférez la voix de Gandhi, sans violence et à pied.
c'est juste, c'est évident. Les propositions sont concrètes et réalistes. Bravo, vous avez deux siècles d'avance... Au vu du monde d'aujourd'hui, il ne se passera rien de votre vivant. Comme pour les tunnings, les soirées musicales, etc... Tout mon soutient et ma désolation.
En ce qui concerne les effets de caisse de résonance dans les cirques, je n'y croyais pas moi meme, jusqu'au jour ou j'y ai été exposé, eh bien c'est franchement assourdissant, totalement invivable, je plains de tout coeur les riverains.