Tribune libre du Mouvement Réunionnais Pour La Paix

Lettre ouverte au préfet de La Réunion : en temps de guerre, on ne laisse pas entrer l'ennemi

  • Publié le 19 mars 2020 à 18:40
arrivée Gillot

Lundi soir, le Président de la République Française a déclaré que nous sommes "en guerre". Nous sommes en "guerre sanitaire" contre un "ennemi invisible" mais qui décime des populations. Pour l'Organisation Mondiale de la Santé, il s'agit d'une pandémie. C'est donc une guerre mondiale.

Notre matériel militaire, ce sont les hôpitaux. Nos ultimes guerriers sont notre personnel soignant dans son ensemble. C'est une armée qui n'a d'armes que leur courage, leur détermination et leur dévouement.

Ce personnel a des limites et les places en hôpitaux ne sont pas extensibles (à peine une centaine de lits) ; ce sont des milliers de personnes qui risquent d'être atteintes ; il est urgent de limiter le nombre de morts sur notre île.

L'annonce de confinement avec amende ainsi que la mise en quarantaine systématique des personnes nouvellement entrées sur l'île sont déjà des mesures fortes pour limiter la propagation. Cependant, les défilés dans les espaces publics, boutiques et pharmacies montrent bien que cela n'est pas fiable.

Si notre insularité est souvent citée comme un handicap, cette fois, elle peut être un atout. En effet, ici le virus n'a qu'une seule porte d'entrée : l'aéroport. Le fermer complètement est le gage de couper  le vecteur de propagation du virus. Les personnes atteintes ont été toutes contaminées à l'extérieure.

Tous les pays voisins ont pris cette mesure radicale et de bon sens, pourquoi ce refus Préfectoral ? La population ne comprend pas. Des centaines d'appels sont lancées sur les ondes radio et sur les réseaux sociaux chaque jour, une pétition en ligne a été lancée, lundi, pour demander la fermeture de l'aéroport. A l'heure où j'écris 7988 personnes l'avaient déjà signée. Des élu-e-s vous ont déjà  interpelé.

Monsieur le Préfet de La Réunion, vous avez entre vos mains la vie des personnes, de toutes les personnes, qui vivent sur cette île, entendez-vous leurs cris ? Nous ne vivons pas sur un continent où nos malades pourraient se réfugier dans les lieux voisins ; nous n'avons pas les moyens humains et matériels de faire face à une propagation rapide de ce virus ; de plus notre population est déjà fragilisé par des affections de longue durée comme le diabète et l'hypertension.

Aussi, M. le Préfet, nous membres du Mouvement Réunionnais Pour La Paix, nous nous joignons aux dizaines de milliers d'habitants de cette île qui vous exhortent de fermer l'aéroport de Gillot.

Le Mouvement Réunionnais Pour la Paix appelle aussi les autorités publiques, médias et collectivités, à élever le niveau de compréhension scientifique du phénomène afin d'éviter toutes sortes d'interprétations erronées. Pour cela, la transparence sur la situation est primordiale.

Aussi, nous demandons d'informer la population sur :
–    les moyens de luttes dont disposent les hôpitaux,
–    l'évolution des patients pris en charge ou bien sous contrôle ;
 
Si nous sommes en guerre alors, bien sûr, il faut garder le lien avec la population mais il faut aussi fermer la porte à l'ennemi !

Saint Denis, le 19 mars 2020,
Pour le  Mouvement Réunionnais Pour la Paix,
Julie Pontalba


 

guest
0 Commentaires