Tribune libre de Geneviève Payet

Loi Duplomb : un recul historique

  • Publié le 10 juillet 2025 à 07:07
 Geneviève Payet

L'Assemblée nationale a approuvé, mardi 8 juillet, l'accord élaboré en commission mixte paritaire sur la proposition de loi qui prévoit la réintroduction de l'acétamipride, un insecticide de la famille des néonicotinoïdes. Le texte est désormais définitivement adopté par le Parlement. 316 députés contre 223 ont choisi de défendre les lobbies, contre la santé, la biodiversité et l'agriculture durable (Photo : sly/www.imazpress.com)

En votant pour la loi Duplomb, ils ont voté pour l’empoisonnement de nos enfants et la destruction de notre biodiversité.

Cette loi va totalement à contre-courant des objectifs planétaires visant la protection du vivant par la sauvegarde de la biodiversité. La réintroduction des néonicotinoïdes, dont la France avait formulé le retrait en 2018, ne répond en fait qu’à une quête de profit en facilitant l’agriculture intensive et l’alimentation industrielle. Pourtant, les avis scientifiques sont formels : les pesticides sont nocifs pour la santé des humains, des oiseaux, des rongeurs, etc.

Ce sont des perturbateurs neuro-endocriniens et neurotoxiques que l’on peut même retrouver dans le liquide placentaire ... Sur la base de ces constats a été lancé (2010-2018) le plan écophyto qui s’est avéré être un échec total : non seulement les traitements à partir de pesticides ont augmenté, mais à ceux-ci s’ajoutent désormais (pour plus d’"efficacité") les PIFAS !

Dans un tel contexte, Les Ecologistes dénoncent l’arrogance de notre gouvernement qui nous impose une contamination de plus en plus grave de notre environnement et nous refuse un accès à une alimentation saine. A La Réunion, un rapport de Santé Publique France dressait déjà en 2019 un constat alarmant : notre île est le deuxième département plus gros consommateur de glyphosate en France (2 fois et demi plus de pesticides étaient utilisés, dont 90% dans l’industrie cannière), la baisse de rendement de notre agriculture est directement en lien avec disparition des insectes pollinisateurs, nombre de planteurs sont dangereusement exposés aux risques cancérogènes (des agriculteurs, mais aussi pour un tiers des agricultrices), on déplore un taux anormalement élevé de pathologies sévères et chroniques (respiratoires, neurologiques, endocriniennes, reproductives, néphropathiques).

Malgré ces alertes, à La Réunion, une molécule métabolique du glyphosate interdite depuis 2003, se retrouve pourtant encore 20 ans plus tard dans nos sols, donc dans ce que nous buvons et consommons (données de l’Office de l’Eau lors de la conférence sur l’eau en mai au Moca).

Les Ecologistes dénoncent de telles dérives et exigent de taxer les produits dangereux, de sanctuariser le travail des apiculteurs.trices, de supprimer la TVA sur le bio qui connaît une forte régression, de ne plus subventionner une production agricole qui ne nourrit plus la population, d'encourager le financement de la recherche, de déclencher une évaluation des effets du glyphosate et autres pesticides sur la santé des Réunionnais, en priorité pour le monde agricole (agriculteurs.trices, paysagistes, enseignants en lycées agricoles, agronomes, …) et leurs proches, de mettre en place une information scientifique, transparente et accessible, sur les effets toxiques d’une utilisation des pesticides par une exposition prolongée, de recenser le nombre de personnes atteintes de pathologies en lien avec leurs activités professionnelles et ayant été exposées dans ce cadre à des substances chimiques nocives, de modifier l’équilibre des aides accordées (le POSEI soutient à plus de 50% la filière canne/sucre/rhum et consacre moins du quart de ses dotations à l’agriculture biologique. 

Les Ecologistes expriment leur colère face aux contradictions politiques entre les intentions affichées et la réalité des actions déployées : retrait de l’arrêté sur les ZFE, reprise du dossier de l’A69, recours aux polluants éternels pour augmenter l’efficacité des traitements phytosanitaires et, maintenant, réintroduction des néonicotinoïdes sont autant d’exemples qui traduisent un recul historique en matière d’écologie.

Geneviève Payet
Secrétaire Régionale Les Ecologistes

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2 Commentaires
SOMANKE
SOMANKE
5 mois

Le constat est clair, la condamnation de tels comportements légitime.
Je pense, et il le faut, à cette micro société constituée de petits et moyens planteurs qui tirent le'arrete certainementdiable par la queue pour augmenter la rentabilité de leur travail.
Que fait la recherche, où en est-elle ?
Nous sommes en 2025, époque de grandes avancées technologiques et scientifiques.
Cette question n'arrête certainement pas nos chercheur, à moins que des lobbies obscures veillent au maintien du statuquo. ou

Callandre
Callandre
5 mois

Merci pour cet article qui dénonce clairement l’absence de discernement de ceux qui nous dirigent.