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Tribune libre de EELV

Mayotte en sous-France

  • Publié le 14 février 2024 à 07:39
Europe écologie les verts

La situation de crise que connaît Mayotte depuis de nombreux mois s’est considérablement aggravée ces dernières semaines. En l’absence de dialogue entre le Préfet et les collectifs mahorais, ces derniers ont considéré que l’usage important des forces de l’ordre pour faire cesser les obstacles à la circulation constituaient une cause de non-retour entre les deux parties. En réalité, sur le terrain c’est clairement deux poids deux mesures entre les citoyens et les groupes violents qui sévissent sur l’île.

Dimanche 4 février, un congrès à l’appel des “forces vives” et des élus s’est tenu à Tsingoni et une grande manifestation a eu lieu à Mamoudzou, signe que les collectifs se structurent de plus en plus. Sur une île qui n’est plus en mesure d'absorber de nouveaux migrants, leurs demandes sonnent comme un impératif : la fin de l’insécurité, la fin des titres de séjours territorialisés et l’envoi dans leur pays d’origine ou dans l’hexagone des migrants africains présents au camp de Cavani. Dans la semaine, la situation s’est encore durcie.

EELV Les Ecologistes considère que les différentes politiques menées par les gouvernements successifs, et en particulier les derniers, démontrent que la volonté des mahorais et mahoraises d’être traités de la même manière que les tous les autres citoyens et citoyennes de France n’a pas été prise en compte. Ils et elles aspirent à la sécurité, mais aussi à pouvoir bénéficier de conditions de vie équivalentes au reste de la France (pour rappel, le SMIC Mahorais est environ de 25 % en moins pour un coût de la vie bien plus élevé). Ils et elles refusent le sous-développement de leur île : manque d’infrastructures, précarité sociale, pénurie d’eau potable, système de santé, d’éducation et de scolarité défaillants, services publics saturés, immigration clandestine incontrôlée…

C’est sans compter sur le fait que l’île subit également les conséquences du réchauffement climatique et des fautes de certains responsables qui n’ont pris en compte que leurs intérêts...

En somme, Mayotte est en proie aux maux dont pourrait souffrir la France dans les décennies à venir. Et, dans ce contexte, l’extrême droite est la seule organisation politique nationale qui s’exprime ouvertement, via l’un de ses députés européens.

Pour la Commission EELV des Outre-mer, une politique globale, associant tous les acteurs et notamment des habitants (par exemple sous la forme d’une convention citoyenne) s’impose. Il faut un diagnostic partagé, comme un plan d’actions co-écrit, qui ne se contente pas de mots mais de moyens réels, proportionnés aux problèmes, et en mesure de redonner un souffle d’espoir sur ce territoire en sous-France. Il y a des forces vives, des acteurs institutionnels et associatifs, de grandes entreprises, des artisans et créateurs à haut potentiel. Il est temps que les politiques donnent aux acteurs locaux le pouvoir de participer réellement à la construction de l’avenir qu’ils désirent. Il est temps que l’écologie solidaire se traduise par une politique qui bénéficie au plus grand nombre et non à quelques-uns.

C’est dans une île complètement paralysée par les manifestations et les barricades, et où la tension était à son comble, que sont intervenus ce WE nos ministres de l’Intérieur et de l’Outre-mer. Loin de statuer sur les réponses qu’il convient de mettre en place dans l’urgence pour faire face à la crise sociétale et à ses responsabilités administratives, notre Gouvernement s’est positionné en prévoyant d’ériger un rideau de fer maritime, de durcir les regroupements familiaux et, comme une main tendue à l’extrême droite, d’annoncer la suppression du droit du sol ; donc se renoncer au principe d’égalité, à « notre patrimoine national » comme disait Robert Badinter.

Et dans la réalité, sur le fond, les urgences du quotidien ne sont pas traitées. Les kwassas kwassas arrivent de façon continue, les violences de bandes de jeunes - que ce soit dans les rues ou au niveau des établissements scolaires - persistent …. Pas sûr que les mahorais- ses se satisfassent de mots sans que les maux courants et profonds soient réellement traités.

Les Ecologistes et la Commission des Outre-mer EELV dénoncent l’incapacité de nos institutions à faire face aux besoins d’une île en sous-France et s’opposent à cette politique autoritariste et sécuritaire qui remet en cause les valeurs de la République.

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