La Chambre d’agriculture a récemment réagi par rapport à l’importation et la vente à bas prix d’orange en provenance d’Égypte. Elle déplore "l'opération promotionnelle menée par l'enseigne Carrefour sur des oranges importées". Elle affirme "qu’alors que la production d'agrumes locaux bat son plein en ce mois de juin, cette campagne promotionnelle pour des oranges venues d’Égypte paraît donc mal venue" (Photo d'illustration : sly/www.imazpress.com)
Au-delà de cette position de principe, que nous devons admettre, il faut prolonger notre réflexion quant à la puissance de la grande distribution sur notre marché réunionnais.
L’émoi de la chambre consulaire ne va pas au-delà et on devrait se poser la question de cette position somme toute complaisante.
À la CGPER, nous demandons aux autorités locales d’agir en faveur de la filière agricole car avec cette action du groupe Carrefour, nous assistons à une triple prise en otage.
- La prise en otage des agriculteurs réunionnais à qui ce distributeur, omniprésent dans le paysage réunionnais, signifie qu’il est capable d’exercer une pression constante et forte pour faire baisser la tête et la culotte de nos agriculteurs. Autrement dit, si la filière agricole réunionnaise ne s’aligne pas sur ces prix alors ce grand distributeur continuera à faire du dumping sur ces produits importés. Aujourd’hui les oranges d’Egypte, demain de la pomme de terre, les oignons, la carotte…
- Une prise en otage des consommateurs réunionnais : Un véritable braquage des consommateurs réunionnais, qui attirés par ces prix bas se laissent piéger dans les mailles de ce distributeur et remplira son caddy non pas seulement avec des orange d’Egypte mais aussi avec les produits de dégagement en provenance d’Europe, produits également très attractif en matière de prix et certainement moins en matière de qualité.
- Une prise en otage de l’ensemble des filière agricoles réunionnaise : Auxquels ce distributeurs signifie qu’il est capable de faire de même pour l’importation du porc, du bœuf du brésil, d’argentin ou du Botswana, du poulet de batterie provenant des abattoirs d’Europe de l’Est.
Cette triple prise en otage ne doit pas nous empêcher de réfléchir et d’agir. Les services de l’état ont-ils vérifié que le distributeur ne vend pas à perte, mettant à mal la concurrence locale?
Il est interdit de revendre ou d'annoncer la revente d’un produit en l’état au-dessous de son prix d'achat effectif, notion qui détermine le seuil de revente à perte. Les manquements aux dispositions relatives à la revente à perte sont des délits punis d'une amende de 75.000 euros maximum pour la personne physique et de 375.000 € maximum pour la personne morale. Cette amende peut être portée à la moitié des dépenses de publicité dans le cas où une annonce publicitaire, quel qu'en soit le support, fait état d'un prix inférieur au prix d'achat effectif.
Le haut conseil de la concurrence, soi-disant garant que le citoyen puisse accéder à une libre concurrence, exerce-t-il les contrôles adéquates sur la formation des prix ?
L’État doit en être le gardien et assurer un rôle de garant du respect des règles d’une libre, saine et loyale concurrence par les opérateurs. Peut-on dire que les autorités publiques se sont réellement investies dans ces missions qui représentent aujourd’hui le cœur de leur intervention ?
Avec une position de quasi-monopole naturel, le groupe en question, fait ce qu’il veut et met en danger, non pas seulement les filières agricoles mais également la libre concurrence.
Que fait le haut conseil de la concurrence pour empêcher ce véritable dumping sur les prix ?
Nous appelons également à une mobilisation général de nos élus locaux car, au-delà de ces oranges à moins d’1€/ kg, le groupe de distribution en question met à mal trente ans de politique agricole publique, filière pour laquelle nous avons investi des millions d’euros d’argent publique depuis plus de trente ans.
Par ailleurs, on doit se poser la question de ce que fait l’interprofession des fruits et légumes Réunionnais ?
L’ARIFEL Kosalafé? Ou plutôt Kosaoufé ?
Les interprofessions animales, protègent le marché réunionnais en préservant la production locale des importations de viande et pour favoriser la production locale. Depuis 1975, l’élevage réunionnais est doté d’un modèle coopératif et interprofessionnel réunionnais unique en France, associant producteurs, provendiers, transformateurs, importateurs et distributeurs, collectivités et pouvoirs publics. Ces organismes interprofessionnels, véritables instances de discussion, permettent le développement d’une production structurée en adéquation avec le marché. Elles représentent plus de 90% des productions locales concernées- porc, bœuf et lait, regroupées au sein de l’Association Réunionnaise Interprofessionnelle du Bétail, de la Viande et du lait (ARIBEV), l’ARIV pour la volaille et le lapin.
Que fait donc l’ARIFEL de son côté pour protéger les filières fruits et légumes de La Réunion ? L’ARIFEL par son silence se rend complice de ce distributeur et permet ainsi à celui-ci de casser les prix de l’orange d’Égypte, demain des autres fruits tropicaux qui viendront massivement d’Asie ou d’ailleurs, et pourquoi pas également des légumes des pays de la zone à moins de 0.5 Euros le Kg rendu Réunion.
Nous aurions aimé savoir la position officielle de l’ARIFEL !!!
Que pense-t-elle de ce qui se passe aujourd’hui chez Carrefour avec les oranges d’Egypte ? Pourquoi l’ARIFEL ne se positionne t-elle pas officiellement contre cette opération de Carrefour ?
L’opération de ce groupe est certe une opération marketing, mais elle permet également de mettre en place une stratégie de piqure d’épingle pour doser notre capacité à réagir et à s’indigner de ces pratiques qui mettent à mal notre économie.
Ne rien faire serait une erreur, laisser faire sera pire encore que de ne rien faire.
« L’erreur est humaine, mais persévérer est diabolique »
Jean Michel MOUTA
Président de la CGPER
Lire aussi : Importation des oranges d’Egypte: la CGPER, toujours un temps de retard
Non seulement les prix sont sacrifier , mais l état et l interprofessions ont ils vérifier le statut phytosanitaire de ces produits .Est il conforme a celui que l on impose a nos agriculteurs localement et à l exportation !!!!!!!! le consommateur est en droit de demander les résultats des analyses avant de faire ses achats