Courrier des lecteurs de la CGTR Éduc'action

"Réforme des rythmes scolaires ou municipalisation de l'école ? "

  • Publié le 17 février 2013 à 14:00

La contestation de la réforme des rythmes scolaires n'en finit pas d'enfler, à tel point qu'en plus haut lieu, une crise commence sérieusement à poindre sur le sujet. La méthode Peillon du passage en force est de plus en plus décriée et les soutiens se font de plus en plus rares.

Non seulement, le ministre Peillon a réussi le tour de force de se mettre à dos le monde éducatif plutôt bienveillant initialement  à son égard  mais il doit aussi affronter la grogne des élus locaux (toutes tendances politiques confondues) qui l’accusent de mener une réforme précipitée, bâclée, brouillonne et sans moyens financiers d’accompagnement.

L'annonce soudaine d’une baisse des dotations des collectivités de 3 milliards d'euros a même douché les plus enclins à porter cette réforme comme par exemple  le maire de Lyon. La cure d'austérité renforcée est en effet difficilement compatible avec les couts financiers importants induits par la réforme Peillon. L’équation qui consiste à imposer aux municipalités de nouvelles charges financières alors que leurs recettes vont drastiquement diminuées est pour le moins difficilement soluble et ne suscite pas l’enthousiasme, loin s’en faut!

A la Réunion, comme en métropole, les municipalités (très majoritairement) s’orientent vers la non application de la réforme en 2013. C’est la preuve, si besoin est, du caractère brouillon, précipitée et imposée de cette réforme menée d’ailleurs sans la moindre concertation. Nous le répétons, donner la charge de l’encadrement des élèves aux municipalités, c’est renforcer le désengagement financier de l’état, et par là-même produire des inégalités territoriales en matière d’offre éducative 

La CGTR EDUC’ACTION  affirme  qu’aucune réforme des rythmes scolaires allant dans le sens des intérêts de l’enfant n’est possible dans le cadre de l’austérité budgétaire. Sous couvert de réformer les rythmes scolaires, il s’agit en réalit? d’amorcer la municipalisation de l’école dans le cadre de l’acte 3 de la décentralisation. Le reste, c’est de l’enfumage !

D’ailleurs, le ministre l’a rappelé : "la réforme des rythmes scolaires doit agir comme un levier pour faire évoluer l’école autour d’un projet éducatif territorial". Tout est dit !

Concrètement, cela signifie que l’école ne serait plus de la compétence exclusive de l’État. Dans un premier temps, trois heures hebdomadaires seraient placées sous la responsabilité des collectivités avec le Projet Éducatif Territorial (PET). Les enseignants refusent que certains enseignements sortent du cadre national et soient dévolus aux municipalités sous prétexte d'instaurer un Projet Educatif Territorial (arts plastiques, musiques, EPS, langue étrangère, informatique...).

Dans les faits, ce mélange des responsabilités d’instruction et d’animation aboutirait à une école " territorialisée ", aggravant l’inégalité du droit des enfants à l’instruction et amorçant la tutelle pédagogique des collectivités locales sur l’enseignement et les professeurs, encourageant  l’externalisation de disciplines scolaires au périscolaire.

L’éducation nationale doit rester nationale. Non à sa municipalisation !

Comme l’a souligné à juste titre la FCPE 94 qui dénonce une instrumentalisation des rythmes scolaires.

A l’évidence, qui peut penser que le seul étalement de la semaine scolaire sur 4,5 jours permettrait la réussite des élèves en difficulté ?

Une réflexion globale est nécessaire pour la réussite de tous les élèves : Pour répondre aux enjeux essentiels, il faut vraiment  repenser les programmes que d’aucuns reconnaissent comme trop lourds  et  inadaptés, restaurer les moyens pour notre réseau d’aide aux enfants en difficulté (rased), décimé ces dernières années et alléger les effectifs d’élèves par classe.

A propos de sa réforme,  le ministre Peillon a fini par se flageller publiquement en reconnaissant son caractère de "tâtonnement expérimental"  qui nécessairement  produira "des choses approximatives".

Alors, monsieur le Ministre, soyez sage et responsable, avaler  votre égo, retirer votre décret et prenez le temps de la concertation avec tous  les  acteurs pour une réforme  pensée, partagée, ambitieuse allant dans le sens des intérêts de l’enfant.

Nous voulons plus que tout que les choses changent mais dans le bon sens.

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1 Commentaires
insulaire20@hotmail.fr
insulaire20@hotmail.fr
11 ans

Dans le sens de l'intérêt des enfants ou bien de celui des professeurs ? Vaste question à laquelle plus personne dans le corps enseignant ne veut répondre aujourd'hui ! J'adore ces responsables syndicaux qui se réfugient derrière de nobles causes pour, SURTOUT, préserver leurs avantages !!! Ah, parler de méthode d'enseignement quand soi-même on n'est pas enseignant, cumuler sans honte de nombreux avantages (très nombreux) et le taire auprès de pauvres bougres qu'on défend, le célèbre chapeau "Décathlon" vissé sur le chef ... Profitez-en bien tous, vos privilèges à vous également tomberont un jour ....