Très fortement impliquée dans le milieu économique et associatif réunionnais en termes de d'achats de prestations et de sponsoring, la société réunionnaise de radiotéléphonie (SRR), filiale locale de SFR (société française de radiotéléphonie), veut réduire ses dépenses. Ce qui risque de mettre en grave difficulté bon nombre de ses prestataires.
La nouvelle a été annoncée aux entreprises prestataires par le biais d'un courrier expédié début décembre 2014. SRR avertissait ces sociétés que leur contrat de prestations ne serait pas renouvelé à son terme. Une possible non reconduction synonyme de danger mortel pour plusieurs entreprises qui ont SRR pour client principal, voire unique, parfois depuis des années. Cinq de ces sociétés prestataires de services pour la société réunionnaise de radiotéléphonie ont décidé de consulter collectivement un avocat "pour étudier le bien-fondé juridique du non renouvellement des contrats" indique Maître Pierre Yves Bigaignon en précisant qu'aucune procédure n'est en cours.
"Les contrats ne sont pas résiliés" note le juriste, "mais ils ne seront pas renouvelés" précise-t-il. Si cela était le cas, explique Maître Pierre Yves Bigaignon, "de nombreuses petites entreprises seraient asphyxiées en raison de leur état de dépendance totale vis-à-vis de la société réunionnaise de radiotéléphonie". Ce critère de dépendance - extrêmement risquée pour le prestataire mais autorisée par la loi -, "doit être pris en considération lorsque l'on veut mettre fin à un accord commercial" note l'avocat.
Il veut donc rester positif, "le courrier de la société réunionnaise de radiotéléphonie laisse une porte ouverte à une possible renégociation des contrat". Il souligne : "SRR veut sans doute renégocier à la baisse les accords financiers". Il ajoute "si la renégociation ne débouche pas sur des prix acceptables, certaines petites sociétés, celles qui ne font pas beaucoup de marge, seront irrémédiablement condamnées à mourir" ne cache pas Maître Pierre Yves Bigaignon. Il espère arriver à "une requalification du contrat" pour ses clients.
Sponsoring à la baisse
Outre la possible non reconduction de certains accords commerciaux, SRR a aussi décidé de réduire le montant de son sponsoring en faveur de certaines associations. Tel est notamment le cas du Grand raid. "Nous avons eu une réunion avec la direction de SRR et on nous a prévenu que certaines prestations dont nous bénéficiions jusqu'à présent ne seraient pas renouvelées" indique Robert Chicaud, président du Grand raid. Son association était sponsorisée "à hauteur de 80 000 euros environ, essentiellement constitués par des prestations techniques comme des extensions de réseaux et des poses d'antenne ce qui est important en termes de sécurité" explique le président de l'ultra trail.
Robert Chicaud n'est pas particulièrement affecté par cette diminution du sponsoring. "SRR fait partie de nos partenaires historiques, ils ont toujours été à nos côtés. Là, ils ne se désengagent pas, loin de là. Ils nous ont prévenu suffisamment à l'avance pour que nous soyons en mesure de nous repositionner et de trouver des solutions" commente-t-il.
La direction de SRR n'a pas donné suite à notre demande d'interview.
Pour rappel, le samedi 5 avril 2014, Vivendi a vendu SFR à Numéricable pour un montant de 13,5 milliards d'euros. Cette filiale du groupe Altice était déjà propriétaire des marques Only (Outremer Télécom) et Izi. Du coup, l'autorité de la concurrence a validé cette cession le lundi 27 octobre 2014 à condition que Numericable cède l'activité téléphonie mobile d'Outremer Télécom à La Réunion (Only) et à Mayotte et ouvre son réseau câblé aux opérateurs concurrents.
L'Autorité de la concurrence a annoncé ce jeudi 22 janvier 2015 s'autosaisir pour "vérifier" le respect d'un des engagements pris par Numericable dans le cadre du rachat de SFR, concernant la cession des activités de téléphonie mobile d'Outremer.