Une vingtaine d'enseignants-stagiaires de l'enseignement secondaire affectée dans les académies de Paris, Versailles et Créteil occupe les locaux du Rectorat depuis 15h30 ce lundi 29 mars 2010. " On sait qu'en passant ce concours qui est national on risque de partir, cependant on sait aussi qu'il y a des postes à pourvoir ici, alors pourquoi nous envoyer en métropole ? ", tel est le cri du c?ur de ces jeunes professeurs qui menacent de "squatter l'Académie jusqu'à obtenir satisfaction", lance un jeune enseignant en EPS (Education Physique et sportive), Guillaume Aribaud muté en métropole. Soutenus par la FSU, les néo-titulaires campent dans le hall avec quelques vivres en attendant une réaction du Recteur.
Avec le soutien de la FSU, une quarantaine de jeunes enseignants s'est rĂ©unit ce lundi devant les grilles du Rectorat dĂšs 14 heures pour demander une rĂ©affectation dans leur acadĂ©mie d'origine, la RĂ©union. "On sait qu'il y a des postes vacants. 117 postes sont rĂ©servĂ©s l'annĂ©e prochaine pour les stagiaires de l'IUFM. Ces postes existent et on les gĂšle. 47 jeunes nĂ©o-titulaires sont mutĂ©s hors du dĂ©partement. On estime Ă environ 50 le nombre de postes qui seront supprimĂ©s dans les collĂšges et Ă©tablissements secondaires, le Recteur dit qu'il y a des crĂ©ations de poste dans les lycĂ©es professionnels, mais il masque la rĂ©alitĂ©," explique Marie-HĂ©lĂšne Dor de la FSU.Evelyne Derriennic, du mĂȘme syndicat, ajoute : "On connaĂźt les besoins de l'AcadĂ©mie. Ils sont rĂ©els. L'Education Nationale prĂ©fĂšre nommer des contractuels qui coĂ»tent moins chers." L'inquiĂ©tude est grande chez les jeunes nommĂ©s, l'une d'entre eux confie : " On se demande Ă quoi cela sert d'avoir un concours, si ce sont les contractuels qui ont les postes. Nous menons un combat lĂ©gitime."
Pour sa part, Guillaume Aribaud, jeune enseignant, dĂ©nonce la politique du ministĂšre : "Je suis mutĂ© Ă CrĂ©teil, certes, c'est un concours national, on peut ĂȘtre envoyĂ© partout en France, j'ai signĂ© en toute connaissance de cause. Mais lĂ , les choses sont diffĂ©rentes, les postes existent et pour ma filiĂšre, l'EPS, 20 postes sont vacants ici. Avec la rĂ©forme des IUFM et la mastĂ©risation, les prochains stagiaires iront directement en poste, et non pas en stage. Quand le Recteur dit que nous faisons du théùtre et du folklore, je lui rĂ©ponds que nous faisons la guerre Ă la politique d'Ă©conomie, au recours aux contractuels."
"Nous avons chois le jour du CTP (Comité technique paritaire) qui avait pour ordre du jour les suppressions de postes pour se mobiliser," poursuit la syndicaliste Marie-HélÚne Dor. Christian Picard du syndicat FSU a assisté au Comité dÚs 14 heures, il en est sorti moins d'une heure plus tard, par "solidarité" avec les jeunes enseignants : "Nous serons tous solidaires et nous tiendrons jusqu'à ce qu'une issue soit trouvée. Les politiques doivent prendre leurs responsabilités," a-t-il lancé à la sortie du comité, vers 15 heures, accompagnés de 6 jeunes professeurs mutés en région parisienne qui avaient réussi à se glisser dans la réunion du CTP. Marie-HélÚne Dor s'est dit " choquée " par la réaction du Recteur. "Ces jeunes défendent leur vie, leur métier, certains ont des enfants, il y a une femme enceinte, tous ont leur vie ici et on leur répond "passez votre chemin", on les traite par le mépris. Ce n'est pas acceptable."
Pour l'heure, le Rectorat campe sur ses positions. Les stagiaires de l'IUFM pourraient passer la nuit sur place Ă moins d'ĂȘtre Ă©vacuĂ©s, selon Christian Picard, " manu militari Ă 18 heures ", heure de fermeture des bureaux.
Ce blocus n'est pas le premier du genre au rectorat. Il y a eu un prĂ©cĂ©dent en 2002. Une vingtaine de jeunes professeurs avaient Ă©tĂ© rĂ©affectĂ©s dans l'acadĂ©mie aprĂšs s'ĂȘtre enchaĂźnĂ©s aux grilles du Rectorat.







